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Tous les caractères mis en gras ou agrandis le sont par moi, tant dans les citations utilisées dans mon article introductif que dans l'audition du professeur Jeffrey Sachs.

Par Michel Aymerich

Le 8 février du mois passé, Seymour Hersch en authentique journaliste d'investigation, comme il en manque cruellement dans une France où les journalistes sont plus royalistes que le roi étasunien, révélait ce que toute personne sachant réfléchir logiquement subodorait :

« Dans une enquête retentissante publiée le 8 février, le célèbre journaliste d’enquête américain Seymour Hersch a lancé une bombe politique majeure. Sur la base d’informations obtenues directement de la part de personnes ayant participé à l’opération, Hersch y décrit comment Joe Biden a donné l’ordre de dynamiter les gazoducs Nord Stream 1 et 2, le 26 septembre dernier.

Dans un entretien accordé le 24 février 2023 à Western Standard News, une agence de presse indépendante de l’Ouest canadien, le journaliste continue d’enfoncer le clou, affirmant qu’en agissant ainsi, le président Joe Biden a commis une « grave erreur » qui risque de coûter cher à l’OTAN [1]».

Le professeur Jeffrey Sachs devenu un dissident important, sinon majeur, de l'empire « américain » (le capitalisme-impérialiste hégémonique), sans toutefois citer Seymour Hersh ou faire allusion à ses investigations et révélations, déclare dans son audition à la session du Conseil de sécurité de l’ONU sur la destruction du gazoduc Nord Stream du 21 février 2023 :

« La destruction des pipelines Nord Stream le 26 septembre 2022 constitue un acte de terrorisme international et représente une menace pour la paix. Il est de la responsabilité du Conseil de sécurité de l’ONU de se saisir de la question de savoir qui a pu commettre cet acte, afin de traduire l’auteur devant la justice internationale, de poursuivre l’indemnisation des parties lésées, et de prévenir de telles actions à l’avenir ».

Ce n'est que le degré effarant de subordination servile à la fraction « Bidon » de l'Etat profond des Etats désunis d'Amérique de « nos » médias sévissant dans ce qui a encore pour appellation officielle la France (appellation incontrolée par le peuple...) qui explique que le nom du dissident Jeffrey Sachs, ses analyses, ses témoignages, ses propositions ne soient pas portées massivement à la connaissance de millions de citoyens comme il se devrait de l'être dans un pays indépendant. C'est le moins que l'on puisse écrire ! Non ?

21 mars 2020, déjà...

Ainsi, chers lecteurs, alors qu'une énième campagne d'accusation fomentée au sein d'obscures officines US au lourd passé de sales coups plus sales les uns que les autres sur la prétendue responsabilité de la Chine quant à l'origine de la pandémie sévit dans la semi-colonie US que la France est politiquement indiscutablement devenue, aviez-vous été amplement informé - à la mesure de l'importance de l'information - de la conviction du même professeur Jeffrey Sachs selon laquelle le virus à l'origine de la Covid-19 aurait été créé dans un laboratoire US :

«J'ai présidé la commission du Lancet pendant 2 ans sur le Covid. Je suis à peu près convaincu qu'il est sorti d'un laboratoire américain de biotechnologie.... Nous ne sommes pas sûrs, mais il y a suffisamment de preuves. Cependant, cela ne fait l'objet d'aucune enquête, ni aux États-Unis, ni ailleurs» [2].

Et avez-vous été également informé de l'audition à laquelle j'ai fait allusion plus haut que je partage plus bas du professeur Jeffrey Sachs à la session du Conseil de sécurité de l’ONU sur la destruction du gazoduc Nord Stream, 21 février 2023 ?

Non, vous n'avez pas été informé? Pas même par les médias « alternatifs » (ceux propageant les intérêts reflétés par les souverainistes « fr » de pacotille...) reliés à la fraction trumpienne des Etats-désunis d'Amérique? Cette fraction bourgeoise, certes divergente, mais qui ne remet pas fondamentalement en cause la prétention impériale du capitalisme-impérialiste hégémonique en général, notamment pas face à la République populaire de Chine. Mais pourquoi donc ce silence complice à la fois des médias « fr » et des médias « alternatifs », et dit de « réinformation » inclus?

Très récemment le quotidien britannique The Guardian rapportait avec ses éléments idéologiques de langage – parfaitement tendancieux et pourris jusqu'à la moelle- que les « démocraties occidentales sont en train de perdre la course technologique mondiale » face à la Chine :

« Le centre de gravité du monde académique, technologique et, par conséquent, scientifique se déplace lentement mais sûrement vers l’Asie. “Les démocraties occidentales sont en train de perdre la course technologique mondiale, y compris sur le plan des avancées scientifiques et de la recherche, et leur capacité à retenir les talents. Or tous ces éléments sont essentiels dans le développement et le contrôle des principales technologies mondiales d’aujourd’hui et de demain.”

C’est avec ce constat que commence le rapport de l’Institut australien de politique stratégique (Aspi), un think tank australien, qui annonce avoir obtenu ses résultats en “analysant les recherches à fort potentiel de domaines technologiques critiques et émergents, en se concentrant sur des articles publiés dans des revues de premier plan”, précise The Guardian.

Selon le rapport de l’Aspi – commandé par le Centre d’engagement international du département d’État américain –, la Chine serait passée en tête dans 37 des 44 secteurs de technologies de pointe analysés, allant “des batteries électriques aux communications fondées sur les technologies 5G ou 6G”. “Les États-Unis restent leader dans seulement sept technologies, telles que les vaccins, l’informatique quantique ou encore les systèmes de lancements spatiaux”, reprend le Guardian.

Longtemps à l’affût de la moindre nouvelle technologie occidentale à copier ou à améliorer, la Chine, désormais, mène le cortège des nations en ce qui concerne les sciences. Si bien qu’aujourd’hui les talents s’exportent massivement à l’Est, à tel point qu’“un cinquième des publications à forte portée [publiées par des entités chinoises] sont cosignées par des chercheurs qui ont fait leur postdoctorat dans les pays appartenant aux Five-Eyes [soit le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada]”, rapporte le quotidien britannique »[3].

Et parce-que les Etats-désunis d'Amérique sévissant dans et à travers le système du capitaliste-impérialisme sont « en train de perdre la course technologique mondiale » face à la République populaire de Chine dirigée politiquement par le Parti communiste chinois, lisons les propos de l’amiral US Charles A. Richard rapportés par le média GEO :

« L’ennemi véritable des États-Unis n’est pas la Russie mais la Chine […] Et si “la crise en Ukraine n'est qu'un échauffement”, "la grande guerre arrive", assure le haut gradé, annonçant un conflit bien plus important opposant les États-Unis à la Chine » [4].

« Au-delà du cas de Taïwan », ajoute le journaliste de GEO, « la première puissance mondiale n'entend pas perdre son hégémonie économique, culturelle, financière et militaire sur le monde »[5].

Voilà qui explique amplement les campagnes à répétition contre la Chine partagées par les deux clans opposés aux Etats-désunis d'Amérique et relayés d'un côté par « nos » grands médias et de l'autre côté par les médias « alternatifs » qui prétendent « réinformer » et peuvent le faire quand il s'agit de contrer la désinformation frappant la Russie, mais ne montent jamais au front pour informer les Français des réalités de la Chine face aux multiples calomnies...

Voilà aussi, me semble-t-il, qui explique l'omerta qui frappe les positions du professeur Jeffrey Sachs !

Notes :

[1] https://solidariteetprogres.fr/chroniques-strategiques/seymour-hersh-nord-stream-otan.html

[2] https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2023/01/kevin-mccarthy-veut-une-enquete-sur-les-origines-du-nouveau-coronavirus-je-suis-pour.html

[3] https://www.courrierinternational.com/article/rapport-la-chine-dominerait-les-etats-unis-dans-quasiment-tous-les-secteurs-de-technologies-de-pointe

[4]https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2022/11/face-a-l-hegemonie-us-ce-n-est-que-par-la-force-que-nous-pouvons-sauvegarder-la-securite-nationale-et-la-paix-et-la-stabilite-regionales-m.song.html

[5] Ibid.

AUDITION DU PROFESSEUR JEFFREY D.SACHS

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Session du Conseil de sécurité de l’ONU sur la destruction du gazoduc Nord Stream, 21 février 2023.

Mon nom est Jeffrey D. Sachs. Je suis professeur d’université à l’Université de Columbia. Je suis un spécialiste de l’économie mondiale, notamment du commerce mondial, de la finance, des infrastructures et de la politique économique. Je me présente devant le Conseil de sécurité des Nations Unies en mon nom propre. Je ne représente aucun gouvernement ou organisation dans le témoignage que je vais livrer.

La destruction des pipelines Nord Stream le 26 septembre 2022 constitue un acte de terrorisme international et représente une menace pour la paix. Il est de la responsabilité du Conseil de sécurité de l’ONU de se saisir de la question de savoir qui a pu commettre cet acte, afin de traduire l’auteur devant la justice internationale, de poursuivre l’indemnisation des parties lésées, et de prévenir de telles actions à l’avenir.

Les conséquences de la destruction du Nord Stream 2 sont énormes. Elles comprennent non seulement les vastes pertes économiques liées aux pipelines eux-mêmes et à leur utilisation potentielle future, mais aussi la menace accrue qui pèse sur les infrastructures transfrontalières de toutes sortes : câbles internet sous-marins, pipelines internationaux pour le gaz et l’hydrogène, transport transfrontalier d’électricité, parcs éoliens en mer, etc. La transformation mondiale en énergie verte nécessitera une infrastructure transfrontalière considérable, y compris dans les eaux internationales. Les pays doivent avoir la certitude que leurs infrastructures ne seront pas détruites par des tiers. Certains pays européens ont récemment exprimé leur inquiétude quant à la sécurité de leurs infrastructures offshore.

Pour toutes ces raisons, l’enquête du Conseil de sécurité de l’ONU sur les explosions du Nord Stream est une priorité mondiale.

La destruction des pipelines du Nord Stream a nécessité un très haut degré de planification, d’expertise et de capacité technologique. Les pipelines du Nord Stream 2 sont une merveille d’ingénierie. Chaque section de conduite est constituée d’acier laminé d’une épaisseur de 4,5 cm et d’un diamètre interne de 1,15 mètre. La conduite est enrobée de béton de 10,9 cm d’épaisseur. Le poids de chaque section de conduite enrobée de béton est de 24 tonnes métriques. Les pipelines de Nord Stream 2, d’une longueur de 1 200 kilomètres, contiennent environ 200 000 tuyaux. Les pipelines reposent sur le fond de la mer.

La destruction d’un pipeline en acier laminé lourd, enrobé de béton, à une profondeur de 70-90 mètres, nécessite des technologies très avancées pour le transport des explosifs, la plongée pour installer les explosifs et la détonation. Le fait de le faire sans être détecté, dans les zones économiques exclusives du Danemark et de la Suède, ajoute beaucoup à la complexité de l’opération. Comme l’ont confirmé un certain nombre de hauts fonctionnaires, une action de ce type doit avoir été menée par un acteur étatique.

Seule une poignée d’acteurs étatiques disposent à la fois de la capacité technique et de l’accès à la mer Baltique pour mener à bien cette action. Il s’agit de la Russie, des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Pologne, de la Norvège, de l’Allemagne, du Danemark et de la Suède, soit individuellement, soit en combinaison. L’Ukraine ne dispose pas des technologies nécessaires, ni de l’accès à la mer Baltique.

Un rapport récent du Washington Post a révélé que les agences de renseignement des pays de l’OTAN ont conclu en privé qu’il n’y a aucune preuve que la Russie ait mené cette action. Cela concorde également avec le fait que la Russie n’avait aucune raison évidente de commettre cet acte de terrorisme sur sa propre infrastructure critique. En effet, la Russie devra probablement supporter des dépenses considérables pour réparer les pipelines.

Trois pays auraient mené des enquêtes sur le terrorisme du Nord Stream : le Danemark, l’Allemagne et la Suède. Ces pays en savent vraisemblablement beaucoup sur les circonstances de l’attaque terroriste. La Suède, en particulier, est peut-être le pays qui a le plus à dire au monde sur la scène du crime, sur laquelle ses plongeurs ont enquêté. Pourtant, au lieu de partager ces informations au niveau mondial, la Suède a gardé les résultats de son enquête secrets pour le reste du monde. La Suède a refusé de partager ses conclusions avec la Russie et a rejeté une enquête conjointe avec le Danemark et l’Allemagne. Dans l’intérêt de la paix mondiale, le Conseil de sécurité des Nations unies devrait exiger que ces pays lui remettent immédiatement les résultats de leurs enquêtes.

Il n’existe à ce jour qu’un seul récit détaillé de la destruction du Nord Stream, celui récemment présenté par le journaliste d’investigation Seymour Hersh, ostensiblement basé sur des informations divulguées à Hersh par une source anonyme. Hersh attribue la destruction du Nord Stream à une décision ordonnée par le président américain Joe Biden et exécutée par des agents américains dans le cadre d’une opération secrète que Hersh décrit en détail. La Maison Blanche a qualifié le récit de Hersh de « complètement et totalement faux », mais n’a fourni aucune information contredisant le récit de Hersh et n’a pas proposé d’explication alternative.

De hauts responsables américains ont fait des déclarations avant et après la destruction de Nord Stream qui ont montré l’animosité des États-Unis envers les pipelines. Le 27 janvier 2022, la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland a tweeté : « Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’avancera pas. » Le 7 février 2022, le président Biden a déclaré : « Si la Russie envahit… à nouveau, alors il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin. » Lorsque le journaliste lui a demandé comment il s’y prendrait, il a répondu : « Je vous promets que nous serons en mesure de le faire. »

Le 30 septembre 2022, immédiatement après l’attaque terroriste contre le gazoduc, le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré que la destruction du gazoduc est «également une formidable opportunité. C’est une formidable opportunité de supprimer une fois pour toutes la dépendance à l’énergie russe et donc de retirer à Vladimir Poutine l’armement de l’énergie comme moyen de faire avancer ses desseins impériaux.» Le 28 janvier 2023, la sous-secrétaire Nuland déclarait au sénateur Ted Cruz : « Je suis, et je pense que l’administration est, très satisfaite de savoir que Nord Stream 2 est maintenant, comme vous aimez le dire, un morceau de métal au fond de la mer. »

Un tel langage n’est pas du tout approprié face au terrorisme international. J’espère que les États-Unis, ainsi que tous les autres membres du Conseil de sécurité, condamneront cet acte odieux de terrorisme international et s’associeront à une enquête urgente menée par le Conseil de Sécurité de l’ONU sur ce crime international afin de déterminer la vérité. La vérité n’est pas encore connue du monde entier, mais elle peut l’être.

Plus que jamais, le monde dépend du Conseil de sécurité de l’ONU pour faire son travail afin d’arrêter l’escalade vers une nouvelle guerre mondiale. Le monde ne sera en sécurité que lorsque les membres permanents travailleront ensemble diplomatiquement pour résoudre les crises mondiales, y compris la guerre en Ukraine et les tensions croissantes en Asie de l’Est. Le Conseil de sécurité des Nations unies est le lieu unique au monde où s’effectue ce travail d’affirmation de la paix. Plus que jamais, nous avons besoin d’un Conseil de sécurité de l’ONU sain et fonctionnel, qui s’acquitte de la mission que lui assigne la Charte des Nations unies.

Une enquête objective du Conseil de sécurité des Nations unies sur le terrorisme du Nord Stream, dans laquelle tous les pays apportent ce qu’ils savent, est importante pour la confiance mondiale dans cet organe et, surtout, pour la paix mondiale et le développement durable.

Jeffrey D. SACHS

* Le professeur Jeffrey Sachs est considéré comme un des intellectuels les plus influents du monde. Il est consultant spécial du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterrez.

Une « enquête du Conseil de sécurité de l’ONU sur les explosions du Nord Stream est une priorité mondiale » (Jeffrey D. Sachs)
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