De Lazar Kaganovitch à la fiction de « l'Holodomor » contre le vrai HOLAUCAUSTE et la réactualisation de l'anticommunisme nauséabond...
Quant à la thèse conspirationniste qui attribue au régime soviétique la volonté de tuer par la faim les nationalistes ukrainiens, les recherches de Mark Tauger, historien reconnu de l’agriculture russe et auteur d’une histoire mondiale de l’agriculture, contestent cette interprétation trop largement répandue et véhiculée notamment par Robert Conquest et Timothy Snyder.
Actualisé le 08/12/2022 à 22/40
Les phrases mises en gras dans l'entretien qui suit avec Kaganovitch le sont par moi. J'ai traduit cet entretien de l'italien à l'aide tantôt de DeepL (le plus souvent), tantôt avec Google. Parfois j'ai dû effectuer des comparaisons de résultats en allemand. Ce travail, je l'ai effectué dans le cadre de la préparation d'un ouvrage à venir, dont la rédaction est en voie de finalisation. Son titre de travail est : « Lénine, Trotsky, Staline, Mao Zedong, etc. : bilan, synthèse et perspectives ». Alors, souvenez-vous en. Il comporte bien des informations intéressantes dont certaines inédites...
Par Michel Aymerich
Le hasard du calendrier politique fait que j'avais prévu de publier aujourd'hui sur mon blogue un entretien avec le bolchévique Lazar Moïsseïevitch Kaganovitch (voir ci-dessous), paru à l'époque dans le journal italien Repubblica du 05 octobre 1990, et que ce même jour un scandale est survenu.
Un nouveau scandale, je m'empresse de le rappeler, qui succède à de nombreux autres du même acabit révisionniste aux rangs desquels ceux traités par les articles suivants : Assemblée nationale du 20 janvier 2022 : farce anticommuniste sinistre en France pour cette date...[1] et Le Parlement européen se révèle être un porte-drapeau de l’anticommunisme, idéologie officielle de l’UE ! [2].
Albert Ettinger nous informe :
« Chers amis,
Madame, Monsieur,
Le parlement de la RFA vient de reconnaitre le "génocide ukrainien" appelé "holodomor" par analogie à l'holocauste des juifs.
Les raisons politiques de cette décision sont évidentes, et elles ne sont pas principalement historiques. Est-ce que des parlementaires ont le droit de trancher quand il s'agit d'une question très débattue par les historiens, d'autant plus que la recherche sérieuse est en désaccord avec le "narratif" des nationalistes ukrainiens ? Est-ce que des parlementaires allemands ne devraient pas avoir honte de se rallier à des positions que, du côté juif, beaucoup considèrent comme "the new fashionable form of anti-Semitism"? [la nouvelle forme d'antisémitisme en vogue. M.A.] »
Lire à ce sujet:
https://jewishcurrents.org/the-double-genocide-theory
et
https://www.clemensheni.net/the-prague-declaration-antisemitism-with-a-democratic-face/
Voilà donc que nous sommes informés ci-dessus de ce nouveau scandale qui s'inscrit dans une suite historique qui va en s'aggravant. Pour "raison" de guerre de l'OTAN/USA contre la Russie par régime de Kiev interposé (la guerre contre la Chine viendra...). Pour information, je porte ci-dessous à votre connaissance un exemple parmi tant d'autres de la nature de la campagne visant à relativiser l'authentique Holocauste et progressivement à le supplanter dans la mémoire par la fiction de l'Holodomor.
Pour ma part, voici quelques mois, j'ai publié une contribution de l'historien Grover Furr précédée de mon article introductif intitulé Fiction de l'«Holodomor» opposée à authentique HOLOCAUSTE ! On peut y lire notamment ces quelques lignes qui explicitent les buts des inventeurs du concept anticommuniste et antisémite d'«Holodomor ».
« Dans son excellent article que je publie plus bas, L' «Holodomor» et le film «Bitter Harvest » sont des mensonges fascistes., Grover Furr écrit ceci à propos de l'énumération des prétendues motivations de Staline et de... Kaganovitch (bolchévik d'origine juive, non cité par lui, fréquemment accusé par les antisémites...) et des non moins prétendus effets qui fonderaient la fiction de l'« Holodomor » :
«Aucune de ces affirmations n'est vraie. Aucune n'est étayée par des preuves. Elles sont simplement affirmées par des sources nationalistes ukrainiennes dans le but de justifier idéologiquement leur alliance avec les nazis et leur participation à l'holocauste juif, au génocide des Polonais d'Ukraine (les massacres de Volhynie de 1943-44) et au meurtre de Juifs, de communistes et de nombreux paysans ukrainiens après la guerre.
« Leur but ultime est d'assimiler le communisme au nazisme (le communisme est interdit dans l'actuelle « Ukraine démocratique ») ; l'URSS à l'Allemagne nazie ; et Staline à Hitler […] ».
Notes
[1] « Hier, 20 janvier 2022, en guise de référence cynique à la conférence de Wannsee, tenue à Berlin le 20 janvier 1942, « date centrale pour la préparation de la "Solution finale de la question juive" [1]», motivée -ne l'oublions jamais!- par l'anticommunisme des germano-fascistes, « l'Assemblée nationale française a adopté une résolution non contraignante accusant le gouvernement chinois d’avoir commis un «génocide» contre les Ouïghours et invitant le gouvernement français à le «reconnaître officiellement» et à le «condamner». » https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2022/01/l-histoire-n-oubliera-pas-scandale-anticommuniste-en-france-a-la-date-terriblement-symbolique-du-20-janvier.html
[2] Le Parlement européen se révèle être un porte-drapeau de l’anticommunisme, idéologie officielle de l’UE ! https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/le-parlement-europeen-se-revele-etre-un-porte-drapeau-de-lanticommunisme-ideologie-officielle-de-lue/
KAGANOVITCH DIT « NOUS NE SOMMES PAS DES MONSTRES »
MOSCOU Dans une maison au bord du fleuve, un de ces immeubles dont Moscou est pleine, gris, immense, avec une cour où jouent les enfants, vit seul et malade le dernier grand protagoniste de cinquante ans d'histoire soviétique.
Un homme qui a combattu pour la révolution de 17, a été commandant des armées bolcheviques dans la guerre civile contre les Blancs, puis s'est élevé au sommet du pouvoir, devenant membre du Politburo, vice-président du Conseil des ministres et principal collaborateur de Staline.
Un homme énergique, impitoyable, instinctif, capable de fasciner et d'inspirer la terreur. Celui qui n'a jamais regretté ce qu'il a fait : après la mort de Staline, il a comploté contre Khrouchtchev, ce qui lui a valu d'être exclu du Politburo, puis du parti. Depuis lors, pendant trois décennies, Lazar Moïsseïevitch Kaganovitch est resté silencieux, en marge de la politique, oublié. Ses anciens amis sont morts les uns après les autres. D'autres ont jugé bon de l'éviter. Pour passer le temps, il joue aux dominos avec les retraités de son immeuble. Il a demandé une réhabilitation pendant longtemps, et le parti [Les usurpateurs Khrouchtchev et ses suiveurs dans la construction du « paradigme anti-Staline » (Grover Furr) et ses mensonges constitutifs... M.A.] lui a toujours refusé. Lorsque, après une opération à l'hôpital en 1980, sa fille Maia réussit à obtenir du Comité central qu'il augmente un peu sa pension, il commente : « J'aurais préféré qu'ils me rendent ma carte rouge Pcus ».
Aujourd'hui, à 97 ans, ce fils d'un cordonnier ukrainien, ce Juif que Staline n'a miraculeusement [un grand n'importe quoi que ce « miraculeusement » démenti par bien d'autres exemples et inspiré par le dogme du « paradigme anti-Staline ». M.A.] pas envoyé dans les camps mais a transformé en persécuteur et en allié, garde le cran d'un révolutionnaire. Il a toujours refusé de parler aux journalistes, soviétiques ou étrangers. La Repubblica a réussi à le faire parler par l'intermédiaire d'un jeune Russe qui jouit de sa confiance. Nous lui avons confié une liste de questions.
Au cours de conversations qui durent des mois, enregistrées sur bande, Kaganovich ne répond pas à toutes les questions. Mais à partir des confessions du grand vieillard du stalinisme, on comprend la difficulté pour Gorbatchev de conduire l'URSS vers un monde nouveau [vers la destruction de l'URSS, le décès précoce de millions de citoyens... Aujourd'hui la guerre entre l'OTAN et la Russie par régime de Kiev interposé avec ses ukro-nazis d'Azov, etc. M.A.], et on saisit le drame intérieur de ceux qui ont cru à l'ancien monde qui disparaît.
Lazar Moïsseïevitch, aujourd'hui tout le monde écrit des mémoires, des autobiographies. Avez-vous déjà pensé à raconter votre vie dans un livre ? Ce serait un moyen de répondre aux accusations portées contre vous, et contre le stalinisme.
Non, je n'ai pas encore décidé de faire quelque chose de ce genre. Et de toute façon, je ne voudrais pas tomber si bas, écrire pour me défendre. Si j'écrivais, je parlerais d'une époque, pas seulement de moi. Mais je n'ai pas la force. Je me sens malade, j'ai toujours des douleurs à la tête. J'ai pratiquement perdu la vue, et cela m'a beaucoup limité. Je peux griffonner quelque chose sur une feuille de papier, mais ensuite je ne peux pas relire ce que j'ai écrit. Les papiers, je dois les faire lire par quelqu'un d'autre. Et j'ai tellement peur de perdre le peu de vue qu'il me reste, et de ne plus pouvoir me déplacer seul.
Mais vous pourriez répondre aux accusations. Beaucoup s'en prennent à vous, ici dans votre pays, des historiens faisant autorité comme Roy Medvedev et Volkogonov...
Mais je ne veux pas me perdre dans la futilité, je ne veux pas m'impliquer dans la campagne sordide qui se déroule actuellement. Bien sûr, je sais ce qui est dit. Je lis les journaux. Et j'entends des choses incroyables. Mais que se passe-t-il dans notre Union soviétique ? D'abord, ils répudient Staline, maintenant, petit à petit, ils en viennent à faire un procès au socialisme, à la révolution d'octobre, et en un rien de temps, ce seront aussi au tour de Lénine et Marx. Mais si l'on veut tout remettre en question, il faut aborder notre histoire de manière globale, dans l'histoire de la pensée humaine, l'histoire de la lutte des classes, l'histoire des révolutions. Mais aujourd'hui, tout est mélangé, démoralisé, arguments bourgeois et raisons communistes, discussions schizophrènes où l'on ne fait que tourner en rond.
Vous étiez un grand propagandiste et avez galvanisé les gens. Si vous pouviez vous adresser aux citoyens soviétiques, que diriez-vous aujourd'hui ?
Je leur dirais de continuer à se battre pour le communisme, pour les idées de Marx et de Lénine. Je dirais que nous sommes confrontés à la renaissance du nationalisme et du chauvinisme. Ah, bien sûr, si j'avais un public comme celui auquel j'étais habitué en tant que garçon..... À seize ans, j'ai organisé une fois une réunion de jeunes travailleurs sur le problème de l'alphabétisation et de la scolarisation. J'étais plus cultivé qu'eux, j'étais un jeune homme instruit. Mais ils m'ont compris. Il faut savoir comment parler aux jeunes. Et les jeunes d'aujourd'hui me semblent d'un niveau bien inférieur à celui des travailleurs auxquels j'ai parlé en 1913. C'est une jeunesse prête à être emportée par n'importe qui. Avec eux, il faut recommencer depuis le début, depuis a-b-c.....
Pourtant, il y a un grand débat dans la société, les jeunes sont actifs dans des mouvements de toutes sortes, ils parlent de tout...
Oui, ils discutent, mais de quoi ? Quand je lis les interviews mesquines de certains ex-membres du Politburo, ou certains mémoires... Ils racontent l'histoire comme ça : je suis allé, il est venu, il a dit, j'ai dit.... Mais qu'est-ce que cela signifie ? Qu'est-ce que cela signifie ? Il faut parler d'idées. Des idées ! De la substance ! Du contenu ! Au lieu de cela, de quoi parlent nos soi-disant mouvements publics aujourd'hui ? Il en existe au moins cinquante, et jamais moins de quinze partis ne participent aux différentes élections. Et tous ne font que semer la confusion dans l'esprit des jeunes. Moi, si je devais parler, je ferais d'abord une distinction. Il faut s'adresser aux vieux cadres d'une manière, aux cadres moyens d'une autre, aux petits-bourgeois et aux philistins d'une autre encore... et alors à l'ennemi, il doit falloir s'adresser d'une autre manière, l'ennemi doit être abordé comme il le mérite. Et c'est précisément de là que je partirais. Je dirais : attention, camarades, nous sommes attaqués ! L'idéologie bourgeoise est à l'attaque, et nous devons reconnaître qu'elle a gagné de nombreuses batailles en ce moment. Que se passe-t-il en Pologne ? Et en Hongrie ? Nous battons en retraite ! Et ce qui se passe en Pologne et en Hongrie est la prémisse de ce qui peut arriver ici. Ça me rend malade. Ça me fait pleurer. Pourquoi ma santé s'est-elle détériorée ? Parce que ça m'inquiète de voir ce qui se passe en Europe de l'Est, en Allemagne. Heureusement, en Chine, il y a eu une réaction énergique. Reste à voir ce qui se passera là-bas. Mais en général, la situation est grave.
Mais vous restez optimiste ?
Je serais optimiste par nature, mais aujourd'hui il est difficile de l'être. Je crois en la force de notre parti. Je crois en la force de notre théorie, en la force du léninisme. Après tout, nous avons traversé des périodes plus difficiles. Mais aujourd'hui, c'est le débat idéologique qui m'inquiète. Où voulez-vous en venir avec ce discours sur la renaissance des traditions, de la vieille Russie, de l'esprit d'une époque révolue ? Il y a quelques jours, j'ai entendu un vieil homme parler à la télé. Quelles sottises il disait ! Nous assistons à la renaissance de la culture russe authentique.... Et il est autorisé à tenir de tels propos ? Mais quelle renaissance ? Après tout ce que nous, communistes, avons fait pour la culture russe en soixante-dix ans ! Il y avait un peuple analphabète. Il y avait une Russie complètement ignorante, illettrée, arriérée, des paysans qui travaillaient les champs avec des charrues en bois. Les pauvres se languissaient, mouraient comme des mouches. Et aujourd'hui, nous sommes censés célébrer la renaissance de cette Russie ?
Je sais, certaines personnes se plaignent que nos voitures, nos machines, ne fonctionnent plus aussi bien : mais elles n'existaient même pas avant, elles n'existaient pas ! Dieu merci, nous les avons aujourd'hui, même s'ils ont des défauts, des imperfections. Comment pouvez-vous dire que tout va mal ?
Lazar Moïsseïevitch, vous venez de faire le signe de la croix. Cela signifie-t-il que vous croyez en Dieu ?
Non. Je suis athée. J'ai fait ce signe pour plaisanter. Quand j'étais enfant, je vivais dans un village de paysans. Non loin de nous, il y avait une colonie juive, et un jour un petit garçon est venu voir ma mère et lui a dit : Lazar a fait le signe de la croix ! Mais c'était un jeu. Ça marchait comme ça. Quelqu'un vous demande : où est votre front ? Ici, tu réponds, et tu le touches. Et où est votre nombril ? Ici. Et votre épaule gauche ? Ici. Et la droite? Ici. Tu es tombé dans le panneau, dit le premier, tu as fait le signe de croix ! (Rire de plaisir) Qu'est-ce que tu veux, on avait l'habitude de s'amuser comme ça.
Mais maintenant, en URSS, les églises sont rouvertes. Qu'en pensez-vous, vous qui étiez un ardent ennemi de la religion ?
C'est vrai, j'ai été impliqué dans la campagne anti-religieuse pendant longtemps. La religion renaît-elle aujourd'hui ? Eh bien, je suis pour. Et je voudrais rappeler un épisode. En pleine guerre civile, nous avons occupé la ville de Voronej, donnant du fil à retordre aux généraux de la Garde Blanche. Le lendemain de l'occupation, moi, président du Comité militaro-révolutionnaire de Voronej, j'ai publié un décret : c'est une absurdité, dis-je, que les bolcheviks vont fermer toutes les églises ; au contraire, j'interdis toute directive contre les prêtres, je permets à toutes les églises de rester ouvertes, et même de faire sonner leurs cloches. Cela dit, cela me fait mal au cœur de voir comment chaque débat aujourd'hui est mené avec pratiquement une seule voix. La glasnost a peut-être apporté plus de liberté d'expression, mais c'est une liberté unilatérale, à sens unique. L'autre moitié des gens reste silencieuse. Ils ne disent pas, par exemple, que les prêtres ont accueilli les troupes blanches avec des prières et des bannières. Qu'ils les ont bénis. Ils passent sous silence le fait qu'en 1905, les prêtres et les frères se sont armés en unités spéciales pour lutter aux côtés des propriétaires terriens contre les révoltes des paysans. Mais pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi ne pas dire que les jeunes hommes des villages détruisaient les églises et brisaient les crucifix pour se venger du comportement des prêtres ? Ils ne disent pas que les prêtres ont autorisé l'installation de mitrailleuses sur leurs clochers pour tirer sur nos troupes ! On dit que l'Église de Russie est bénie depuis mille ans. Mais pendant ces mille ans, elle a fait toutes sortes de choses. Non seulement contre le communisme, mais aussi contre le tsar Pierre le Grand.
Vous, cependant, avez été accusé de grandes campagnes de terreur, contre l'église, contre les ennemis du peuple...
Je sais. On écrit aujourd'hui, par exemple, que Kaganovitch a remis les transports soviétiques sur les rails grâce à la terreur. Mais la terreur serait-elle du stakanovisme ? Comment peut-on dire une telle chose ? Il y a des gens qui jettent des étiquettes terribles sur l'histoire, juste comme ça, comme on boit un verre d'eau. Je ne peux pas le faire. Je ne peux pas. Je ne suis pas comme ça. Je suis un homme de tempérament, et si je me laisse aller, je peux me mettre en colère, je peux devenir irritable, ou je peux devenir émotif. Et je suis ému. Oui, je suis ému. Quand j'entends ce qui se dit, je voudrais appeler les travailleurs, les cheminots, les camarades. J'aimerais parler. Mais je dois me l'interdire. J'ai peur que si je commence, je perde le contrôle, que je sois trop malade... Il y a quelque temps, je n'ai pas dormi de la nuit, après avoir entendu à la télévision les bêtises qu'un député disait..... Comment auriez-vous réagi aux grèves des mineurs ? Ça me rend malade aussi. Chaque coup est une blessure, pour moi. Je sais très bien ce qu'est une mine. Ce qu'est le charbon, ce que cela signifie de le sortir de là. Je suis allé dans les mines, sous terre avec les travailleurs, je sais dans quelles conditions ces pauvres gens travaillent. Mais je ne suis toujours pas d'accord avec les grèves. Je ressens une sorte de dédoublement. Que dois-je faire ? Les approuver, ne pas les approuver ? Bien sûr, je ne peux pas dire que c'est bon. Mais en même temps, ils sont dans une situation tellement difficile. Le fait est que le charbon est si important pour le pays. Si les mineurs se mettent en grève, où allons-nous finir ? Et si les chemins de fer se mettent en grève ? Toutes ces petites merdes qui tournent autour des grèves, Roy Medvedev inclus, ils se foutent complètement d'une grève, d'une perturbation du trafic ferroviaire, ou de quoi que ce soit d'autre. Mais pour les gens, c'est différent.
Que pensez-vous du gouvernement actuel du Premier ministre Ryjkov?
J'ai vu une récente réunion du Conseil des ministres à la télévision. J'étais assis là, devant la télévision, et j'ai ressenti de la pitié, de l'indignation. Pauvre Ryjkov! Il a dit : Camarades, c'est impossible de continuer comme ça, si ça continue comme ça, le pays sera dévasté, détruit. Nous avons besoin d'ordre, de légalité... Mais pourquoi agiter le peuple comme ça ? Pourquoi les effrayer ? Le premier ministre devrait nommer les responsables, désigner les crapules qui corrompent, qui n'envoient pas de nourriture ou de matériel, les poursuivre, les envoyer en prison pour dix ans, ces crapules... Au lieu de cela, un gémissement général. J'entends un autre ministre dire : Depuis 1988, des marchandises disparaissent dans ce port. Mais où étiez-vous, vous, le ministre, pendant tout ce temps ? Comment avez-vous permis une telle chose ? Et à chaque fois, à la fin de ces discussions, ils disent que ce qui se passe dans le pays est la faute de... Staline. C'est la morale de chaque discours : Staline est coupable, c'était Staline, Staline, tout le monde est sur lui. Mais Staline est mort il y a trente-cinq ans ! Trente-cinq ans ! Qu'est-ce que cela a à voir avec les problèmes d'aujourd'hui ? Beaucoup de gens se souviennent du stalinisme avec horreur : ..... Les gens sont toujours mal disposés à l'égard du passé. On dit donc que tous ceux qui ont régné autrefois étaient des monstres. Staline, un monstre. Un monstre Molotov. Kalinine, un monstre. Kaganovich, un monstre. On salit tout le passé, absolument tout, jusqu'à critiquer la révolution d'octobre. Certes, le peuple a de bonnes raisons de protester, d'être mécontent. Mais le peuple doit être mené par la main, il doit être mené, comme on disait autrefois, non pas avec une massue en métal, mais avec une idéologie. Avec des idées. Avec le caractère compact du parti. Vous imaginez ? Nous étions un petit parti qui comptait quarante mille membres lorsqu'il est sorti de l'illégalité, et pendant la révolution d'octobre, nous n'avions que trois cent à quatre cent mille membres dans ce grand pays qui est le nôtre, alors que les mencheviks en comptaient des millions, les socialistes-révolutionnaires des millions.... Eh bien, nous les avons vaincus. Mais pourquoi ? Et comment ? Qu'est-ce que la bourgeoisie ne comprend pas dans la révolution d'octobre ? Elle ne comprend pas qu'il n'y avait pas seulement la force d'une organisation, mais précisément la force d'une idée, d'une ligne politique. Nous avons trouvé le bon chemin vers les âmes et les désirs du peuple : la paix ! La sortie de la guerre ! D'une guerre qui avait étouffé le peuple, la première grande guerre impérialiste. Voilà ce que nous avons donné au peuple : la paix ! La terre ! Du pain ! La liberté ! Et nous avons gagné.
Vous connaissiez Staline de très près. Comment était-il ?
Iossif Vissarionovitch était un homme très prudent. Très. Un homme qui voyait très loin. Aujourd'hui, nous devrions nous demander : aurions-nous vraiment pu combattre le fascisme si nous étions restés un pays non industrialisé et non collectivisé ? Notre village agricole archaïque aurait-il pu nourrir l'armée et les villes ? Qui aurait le courage de répondre oui à cette question ? Nous devrions nous demander : pourquoi le tsarisme est-il mort? Parce qu'il n'avait rien pour nourrir l'armée. Il n'avait pas de vêtements pour l'habiller. C'était une armée nue, pieds nus, affamée, celle du tsar, et elle n'avait rien avec quoi tirer. Nous, par contre, dans la lutte contre le nazisme, après les retraites, nous avons commencé à augmenter, augmenter, augmenter notre puissance militaire, et nous avons envoyé des dizaines de milliers de pièces d'artillerie au front. Lorsque nous avons attaqué Berlin, c'était une attaque sans précédent en termes d'intensité et de puissance. Où avons-nous trouvé tous ces tanks et ces avions ? Sans la politique de Staline, nous n'aurions jamais rien obtenu, nous serions tous morts. Que serait devenue l'URSS si nous n'avions pas réalisé en dix ans les progrès qui prennent normalement cinquante ou soixante ans ? Le fascisme n'attend pas, il n'aurait pas attendu. Notre pays aurait été détruit. Et tous ces patriotes de merde d'aujourd'hui ne veulent pas le comprendre, tout comme de nombreux communistes ne le comprennent plus. Il fallait prendre la route de Boukharine, dit-on, la route de Kondratiev..... Eh bien, que se serait-il passé si nous avions suivi leur route ? Nous aurions été écrasés, j'en suis profondément convaincu. Nous aurions été écrasés pendant cinq cents ans, cela aurait été bien pire que le joug tatar. C'est ce qui serait arrivé à la Russie. Nous avons gagné deux années avec le pacte Ribbentrop-Molotov, deux années, de 39 à 41, cruciales pour le développement de l'industrie, pour le renforcement des transports. Mais maintenant, il est plus facile d'accuser Staline et son époque de tout.
Avez-vous déjà eu des doutes sur les arrestations de cette époque, la violence et les victimes de la campagne de collectivisation des campagnes?
Le premier point à retenir est que la collectivisation était la continuation d'une ligne léniniste. Y a-t-il eu des excès ? Oui, il y en avait. Mais où et quand n'y en a-t-il pas ? Ils sont toujours là. Quand on fait la guerre, il est difficile de dire à l'avance combien de cartouches on va tirer. L'ennemi occupe une de nos villes, nous devons la reprendre. Mais à l'intérieur de la ville se trouvent nos gens, des innocents qui pourraient être tués dans l'attaque. L'armée continuera à clamer : attaque, car c'est ainsi que cela doit être, dans tous les types de guerre. Oui, le résultat est que les innocents souffrent aussi. Il y a eu des victimes innocentes dans la collectivisation des terres. Mais il y avait aussi les paysans riches, influents, liés à l'église, qui perturbaient, gênaient. Que fallait-il faire ? Et dans l'industrie, il y avait du sabotage. Aujourd'hui, de nombreux historiens le nient, mais c'était vrai. Il y a eu du sabotage, et, je dirai même plus, il y a encore du sabotage maintenant. Peut-être ma mentalité est-elle celle d'un vieux combattant trop méfiant : mais que sont les marchandises non livrées, les interruptions, le développement de cette mafia dont on parle tant, et le marché noir, sinon un sabotage colossal contre le socialisme ? Il faut intervenir sévèrement, et expliquer aux gens ce qui se passe, pourquoi on les fait souffrir de cette manière. Un grand débat devrait être ouvert. Ils disent que cela irait à l'encontre de la perestroïka. Et pourquoi ? Pas du tout ! Je suis pour la perestroïka, pour l'innovation. Mon rapport au 13e Congrès du PCC, sur les problèmes d'organisation du parti, commençait précisément par le mot perestroïka.....
Vous voulez dire que vous avez commencé, bien avant Gorbatchev ?
Chaque période a sa perestroïka. Seulement que le mot perestroïka, renouvellement, signifie construire quelque chose de nouveau sur la base de quelque chose qui existe déjà. Sur un bâtiment qui existe déjà. Peut-être a-t-il été construit avec des incomplétudes, des insuffisances, beaucoup reste à faire, beaucoup a été mal fait. Mais il est là. C'est pourquoi je dis oui au renouveau, au perfectionnement du socialisme déjà construit, et non de celui à inventer. On dit qu'il s'agissait d'un socialisme déformé. Mais il y a déformation et déformation. Il y a la déformation de la tour penchée de Pise, qui est toujours sur le point de tomber, et il y a la déformation de la maison, qui se tient droite, solide, et qu'il suffit d'ajuster un peu. C'est ça, ma perestroïka. Gorbatchev a beaucoup changé dans ce bâtiment. Gorbatchev dit que les intérêts de l'humanité passent avant les intérêts de classe. Mes chers amis, Marx et Lénine ont bien interprété le concept de classe. La seule classe intéressée par le progrès social et humain est le prolétariat. Parce qu'elle ne possède rien, elle n'a rien, sauf les dix doigts de la main de ses ouvriers. C'est pourquoi sa lutte, la lutte d'une classe, était aussi la lutte de toute l'humanité. La lutte des classes est la véritable lutte pour la démocratie.
Lazar Moisevic, nous sommes à la veille de l'anniversaire de la Révolution d'octobre, que beaucoup ne veulent plus célébrer cette année...
Voici l'essentiel. Tout est devenu si laconique, si banal. Octobre Rouge... Mais quel mois d'octobre, alors ? Il y en a eu plusieurs. Le mois d'octobre 1905. La révolution socialiste d'octobre. Le terme "révolution d'octobre" n'est pas assez parlant. Le mot socialiste ne doit jamais être effacé. Et aujourd'hui, au contraire, tout le monde se dit socialiste en toute impunité, tout le monde ! Nous avons les socialistes chrétiens, l'Union démocratique des socialistes, les sociaux-démocrates, etc. Mais ce que cela signifie, social, socialiste, nous seuls le savons.
Restez-vous convaincu que le socialisme finira par l'emporter ?
Il va certainement gagner. Des reculs sont possibles, l'histoire n'exclut pas les mouvements en zig-zag, mais à la fin, le socialisme l'emportera. Nous avons encore d'énormes ressources. Il suffit de ne pas renoncer à la principale force de notre société, la propriété étatique des usines, de la terre. Comme le disait Lénine, tant que nous aurons le pouvoir des travailleurs, des usines et des terres, nous gagnerons. Je crois en la force de notre parti. J'y crois ! Tant que le pouvoir des travailleurs n'est pas dilapidé et remis aux Afanassiev et aux Popov..... (deux des plus importants radicaux, alliés d'Eltsine, ndlr).
Mais l'URSS d'aujourd'hui, le pays du socialisme, a des magasins vides...
Je vais vous raconter une petite histoire. Lors d'un congrès provincial des soviets paysans, l'orateur s'évertuait à enthousiasmer l'auditoire, parlant de la situation internationale, des objectifs du parti, de la révolution de 17... À un moment donné, l'un des paysans heurte le coude de son voisin et lui dit: Mais ils ne nous ont pas donné assez de salami pour le petit-déjeuner ! On peut dire la même chose aujourd'hui. S'il y avait du pain et du saucisson en abondance, beaucoup de ceux qui hésitent, qui sont incertains et qui doutent, qui veulent de nouvelles voies, diraient : très bien, il y a du pain et du saucisson pour tout le monde, allons-y, vive le communisme !
par ENRICO FRANCESCHINI
05 octobre 1990.
Dix faits sur Lazare Kaganovitch, le principal intendant de Staline
Il avait une biographie idéale pour un bolchevik - il provenait des couches les plus basses de la société et a tracé par lui-même son chemin vers la réussite. Il est né dans une famille juiv...
Fiction de l'" Holodomor " opposée à authentique HOLOCAUSTE ! - A contre air du temps
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" ISRAËL rejette ZELENSKI " (Danielle BLEITRACH) - A contre air du temps
Copie d'écran : https://www.i24news.tv/fr/actu/international/europe/1641126924-ukraine-l-ambassade-d-israel-condamne-des-marches-a-la-memoire-d-un-collaborateur-de-l-allemagne-nazie Actualisé le ...
https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2022/03/israel-rejette-zelenski-danielle-bleitrach.html