Brève histoire de l'île chinoise de Taïwan pour les nuls...
"Pour réaliser la réunification pacifique, nous devons reconnaître que la partie continentale et Taïwan ont des systèmes sociaux et des idéologies distincts. Le principe "un pays, deux systèmes" est la solution la plus inclusive à ce problème. C'est une approche qui est fondée sur les principes démocratiques, fait preuve de bonne foi, recherche la résolution pacifique de la question de Taïwan et apporte des bénéfices mutuels. Les différences en matière de système social ne sont ni un obstacle à la réunification ni une justification pour le sécessionnisme", indique le livre blanc.
Toutes les phrases mises en gras le sont par moi. J'ai par ailleurs inclus quelques précisions mises entre crochets dans le corps de l'article...
Par Michel Aymerich
Avant de vous laisser lire la « brève histoire de Taïwan » écrite par Xiao Pignouf qui suit plus bas, je tiens à souligner ceci : la région historiquement chinoise de Taïwan est située sur une île qui apparaît dès 239 après J.-C. dans les registres chinois, lorsque la cour royale de la dynastie Sui avait à trois reprises envoyé des troupes à Taïwan. Etait-ce vraiment la première fois que cette île était découverte ? On peut en douter, mais c'est aux archéologues d'y répondre et toujours est-il que l'île de Taïwan est alors dûment répertoriée et que ce faisant nulle menace pour la partie continentale ne pouvait venir s'y consolider sans finir par provoquer une réaction probable du pouvoir central...
Tout récemment, dans le livre blanc intitulé «La question de Taiwan et la réunification de la Chine dans la nouvelle ère» publié par le Bureau des affaires de Taiwan du Conseil des Affaires d'Etat et le Bureau de l'information du Conseil des Affaires d'Etat de la République populaire de Chine, on lit : « Taiwan appartient à la Chine depuis les temps anciens. Cette affirmation repose sur une base solide dans l'histoire et la jurisprudence. Les nouvelles découvertes archéologiques et les résultats des recherches attestent régulièrement des liens historiques et culturels profonds entre les deux rives du détroit de Taiwan. Un grand nombre de documents historiques et d'annales attestent du développement de Taïwan par le peuple chinois à des époques antérieures.
Les plus anciennes références à cet effet se trouvent, entre autres, dans le Seaboard Geographic Gazetteer compilé en l'an 230 par Shen Ying de l'État de Wu pendant la période des Trois Royaumes. La cour royale de la dynastie Sui avait à trois reprises envoyé des troupes à Taïwan, appelée Liuqiu à l'époque. À partir des dynasties Song et Yuan, les gouvernements centraux impériaux de Chine ont tous mis en place des organes administratifs pour exercer leur juridiction sur Penghu et Taiwan[1].»
3e livre blanc de la Chine sur #Taiwan: la réunification pacifique profite non seulement à la nation chinoise, mais à tous les peuples et à la communauté internationale dans son ensemble. Nous y travaillerons avec la plus grande sincérité et le plus grand effort. pic.twitter.com/j2Yy49fsPF
— Ambassade de Chine en France (@AmbassadeChine) August 10, 2022
Bref, c'est vraiment de l'histoire ancienne. A cet égard, ayons clairement en tête que à la différence des Chinois de 239 après J.-C., ceux qui formeront l'entité appelée le royaume des Francs (481/486–843) n'avaient aucune idée de l'existence de Taïwan. Et quoi de plus normal? L'île se trouve en... Mer de Chine !
Il en va de même des populations fondatrices de ce que deviendront plus tard la Grande Bretagne, l'Allemagne, etc. Sans parler des USA. Bien évidemment...
Les USA, c'est-à-dire -il faut bien le rappeler pour avoir sans cesse à l'esprit de quoi il s'agit en fin de compte et ne pas perdre de vue l'enjeu -, le capitalisme-impérialiste sans conteste hégémonique au lendemain de la seconde guerre mondiale dont les représentants aujourd'hui font tout ou presque pour maintenir ses positions bien mal acquises.
Mobo Gao, dans son ouvrage publié en 2021, La Fabrique de la Chine. Déconstruction d'un discours occidental rappelle :
«Après la reddition des Japonais face aux alliés à la fin de la Seconde guerre mondiale, en 1946, les soldats de la RdC [République de Chine. M.A.], dirigés par Tchang Kaï-Chek, aidés par des navires de guerre américains, ont parcouru l'ensemble de la MCM [Mer de Chine méridionnale. M.A.]. Ils ont non seulement enregistré toutes les îles et îlots sous un nom chinois, mais ont également établi une garnison sur Taiping, la seule île habitable[2].»
Les USA, dont un représentant éminent, le général étasunien MacArhur qualifiait l'île chinoise de Taïwan de « porte-avions insubmersible » dès juin 1950 !
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Et ce n'étaient pas que des mots dépourvus de sens profond. Bien au contraire, comme on peut le lire dans les lignes suivantes.
En effet, même sur Wikipédia qui n'est franchement pas un site subversif (loin s'en faut...), il est rapporté ceci : «Lors de la guerre froide, le président des États-Unis Eisenhower déclara en 1955 ouverte la possibilité d’employer l’arme nucléaire [10 ans après le monstrueux précédent du lancement des bombes atomiques sur les populations civiles de Hiroshima et Nagasaki. M.A.] lors de la première crise du détroit de Taïwan pour défendre l'île [Lire pour défendre le « porte-avions insubmersible ». M.A.]. Lors de la seconde crise en 1958, des plans de frappes furent mis sur pied en plaçant de facto sous le parapluie nucléaire américain Taïwan. Des armes nucléaires américaines sont entreposées à Formose de janvier 1958 à juillet 1974. Leur nombre varia d’une douzaine à l’origine à moins d’une centaine sous la forme de missiles de croisière MGM-1 Matador armés d’ogives W5 d’une puissance estimée à 20 ou 40 kt du 868e escadron de missiles tactiques sur la base de Tainan qui prit sa première alerte le 10 mai 1959 jusqu’à mi-1962 et de bombes pour avions utilisables par les chasseurs F-100 et F-4 de l’US Air Force à partir de janvier 1960 [3] »
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Chers lecteurs critiques désireux de vous émanciper du narratif vicié de fond en comble martelé par les représentants des intérêts des plus privilégiés au sein des États-(dés)Unis d'Amérique et celui (véritable copié-collé!) de leurs alliés volontaires (ou pas...), imaginez le scénario suivant: en 1944, les partisans du régime de Vichy avec le Maréchal Pétain à leur tête sont parvenus à se réfugier en Corse (île qui est depuis infiniment moins longtemps considérée comme française que Taïwan n'est chinoise). Et immédiatement le maréchal et ses collabos anticommunistes et antisémites bénéficient du soutien du capitalisme-impérialiste US qui se mue rapidement en menace nucléaire face au régime français avec des ministres communistes qui s'emploient à établir le pouvoir légitime de la classe ouvrière et des autres exploités et opprimés qui ont été le fer de lance de la Résistance[4]. Impérialisme US qui rappelons-le n'a pas hésité à déverser un tapis de bombes sur la population civile de Dresde du 13 au 15 février 1945[5] prioritairement pour intimider l'Armée rouge soviétique qui vient de libérer le 27 janvier 1945 le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et poursuit alors son avancée vers Berlin, capitale du IIIème Reich. Ce même impérialisme US qui emploie la bombe atomique les 6 et 8 août 1945[6] pour les mêmes raisons criminelles : exterminer par le moyen de «l'holocauste»[7] nucléaire des populations civiles non pas pour gagner la guerre contre le régime militariste japonais, mais encore une fois pour intimider l'URSS et créer les bases de la guerre froide, dont l'objectif est semblable à celui du capitalisme-impérialiste germano-fasciste : anéantir le communisme et son foyer de diffusion...
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Aux candides qui seraient ingénument tentés d'avancer l'argument que tout cela relève d'une histoire surannée si tant est que l'argument soit logiquement recevable et que les USA soient contre toute attente dorénavant devenus une puissance démocratique éloignée de toutes intentions et pratiques impérialistes, posons parmi mille autres questions rhétoriques celle-ci : pourquoi perpétuent-ils le blocus illégitime de Cuba? Pourquoi continuent-ils d'occuper Hawaï ?
La défense de la « démocratie » pour les #Pelosi & Co. est celle du renard exigeant la liberté du renard et des renardeaux dans le poulailler...https://t.co/GnxaH2dxfX pic.twitter.com/oAy1cDnS2W
— Ambassade de Chine en France (@AmbassadeChine) August 8, 2022
— Ambassade de Chine en France (@AmbassadeChine) August 8, 2022
Ce n'est toujours pas clair, vous n'êtes toujours pas convaincus du bien fondé de la position chinoise ? Alors imaginez que des indépendantistes corses prennent le pouvoir, puis bénéficient du parapluie nucléaire russe ou chinois et s'emploient à créer un précédent afin de faire éclater la France en autant de micro Etats « indépendants» que possible. C'est plus clair maintenant ?
Bonne lecture !
Notes :
[1] http://fr.china-embassy.gov.cn/fra/zgyw/202208/t20220810_10740352.htm
[2] Mobo Gao, La Fabrique de la Chine. Déconstruction d'un discours occidental, Éditions critiques, 2021, p. 343.
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/United_States_Taiwan_Defense_Command
[5] L'extermination nucléaire des habitants d'Hiroshima et Nagasaki et ses motivations réelles, https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2019/08/l-extermination-nucleaire-des-habitants-d-hiroshima-et-nagasaki-et-ses-motivations-reelles.html
et Les crimes étasuniens contre les peuples d’Asie représentent une part majeure des crimes anticommunistes! https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2021/09/les-crimes-etasuniens-contre-les-peuples-d-asie-representent-une-part-majeure-des-crimes-anticommunistes.html
[6] L'extermination nucléaire des habitants d'Hiroshima et Nagasaki et ses motivations réelles. Ibid.
[7] Des guillemets, car il y a une différence significative entre l'Holocauste, cette entreprise d'extermination systématique des Juifs perpétué par les germano-fascistes (nazis) et leurs alliés locaux (voir la Shoah par balles réalisée par un nombre non négligeable d'Ukrainiens de l'Ouest) et l'extermination nucléaire des habitants de deux villes japonaises. La différence consiste dans l'intentionnalité et ses effets induits...
Brève histoire de Taïwan
par Xiao Pignouf.
L’île de Taïwan, étendue comme quatre fois la Corse, se situe en mer de Chine, à environ 180 kilomètres des côtes de la province du Fujian, distance à peu près équivalente à celle entre la métropole et l’île de Beauté.
De la préhistoire à 1895
Les premiers peuplements humains sur Taïwan vinrent naturellement du continent, et furent probablement à l’origine d’une dissémination dans le Pacifique, l’Asie du Sud-Est, la Nouvelle-Zélande et jusqu’à Madagascar.
Les nombreuses îles dans le détroit de Taïwan, notamment les îles Pescadores, furent peuplées par une population de pêcheurs hans dès le XIIIe siècle, tandis que l’île principale, sans ressources et habitée par des tribus hostiles fut peu visitée.
Au XVIe siècle, des marins portugais qui passaient au large de l’île la nommèrent «Ilha Formosa», Belle Île, devenu Formose en français.
Dans la première moitié du XVIIe siècle, la Compagnie hollandaise des Indes Orientales, après avoir essayé d’installer un comptoir sur les îles Pescadores sises dans le détroit de Taïwan et d’en avoir été chassée par l’armée des Ming, s’implanta finalement sur l’île de Taïwan. Dès lors, sous l’impulsion de cette présence étrangère, des dizaines de milliers de paysans du Fujian vinrent eux aussi y vivre. Les Hollandais régnèrent sur Taïwan jusqu’en 1661, année où il furent mis dehors par les troupes de l’empereur Yongli des Ming du Sud.
Après quelques tentatives infructueuses des Hollandais pour reprendre l’île, la dynastie Qing l’annexa et en fit une préfecture du Fujian. Le processus de sinisation des populations primitives de l’île s’amorça, non sans réactions. En effet, l’île fut longtemps secouée par des révoltes et des guerres tribales, à tel point qu’un dicton chinois disait : « tous les trois ans un soulèvement, tous les cinq ans une rébellion ». Taïwan devint la vingtième province chinoise, se modernisa lentement, notamment par la construction de la première ligne ferroviaire chinoise.
Même la France, lors de la guerre sino-française qui dura moins d’une année entre 1884 et 1885, essaya de mettre la main sur l’île. Sans succès.
De 1895 à 1949
Dix ans plus tard, en 1895, au terme de la première guerre sino-japonaise, et suite à la défaite de la Chine, Taïwan, ses îles attenantes et les Pescadores sont cédées [ sous la contrainte. M.A.] à l’empire du Japon dans le cadre du traité de Shimonoseki.
Durant les cinquante ans qui suivent, Taïwan est exploitée au profit du développement japonais et sert de base à son impérialisme dans la région. Les Hans et les populations aborigènes habitant sur l’île sont classés citoyens de seconde et de troisième zones. Les portes de l’éducation et des promotions leur sont fermées, laissant peu de natifs capables d’assumer des rôles de direction et de gestion des décennies plus tard, même après que le Japon a quitté l’île. Aux alentours de 1935, les Japonais démarrent la japonisation de l’île afin de la lier plus fermement à l’Empire. Les Taïwanais apprennent à se considérer comme japonais, la culture et la religion taïwanaises sont proscrites, et les citoyens encouragés à adopter des noms de famille japonais. En 1938, plus de 300 000 colons japonais résident à Taïwan.
En 1912, sur le continent, naît la République de Chine, mettant fin à plus de deux millénaires de domination impériale.
En 1921, le Parti communiste chinois est fondé lors d’une réunion secrète entre 13 délégués régionaux, parmi lesquels Chen Duxiu, Li Dazhao et Mao Zedong. Détail amusant : la réunion, ayant lieu dans la concession française de Shanghai, est interrompue… par la police française.
En 1925, Sun Ya-Tsen, chef du Kuomintang, le parti nationaliste jusque-là allié des communistes, meurt. Son successeur, Tchang Kaï-Chek, se retourne alors contre eux marquant ainsi le début de la guerre civile chinoise.
En 1928, la majeure partie du territoire chinois est sous le contrôle du Kuomintang.
En 1934, les troupes de Tchang Kaï-Chek balaient* les communistes qui entament leur retraite, la Longue Marche, qui mènera les troupes communistes de la province du Guizhou à celle du Shaanxi, sur près de 12 000 kilomètres, qui coûtera la vie à 100 000 hommes de l’Armée de Libération populaire et au cours de laquelle Mao s’affirmera comme chef incontesté.
[* Elles attaquent la République soviétique chinoise fondée le 7 novembre 1931. Le Soviet du Jiangxi est anéanti le 15 octobre 1934, quand les troupes « nationalistes» de Tchang Kaï-chek bloquent Ruijin dans la province du Jiangxi... M.A.]
En 1937, six ans près leur invasion de la Mandchourie, les troupes japonaises entrent à Pékin, établissant de facto une trêve dans la guerre civile. Les troupes nationalistes de Tchang kaï-Chek et celles de l’Armée de Libération populaire forment alors une alliance précaire dans la lutte contre l’envahisseur.
En 1943 a lieu la Conférence du Caire, réunissant Franklin Roosevelt, Winston Churchill et Tchang Kaï-Chek. Elle porte sur la nécessité de défaire l’empire japonais et contient notamment la clause de restitution des territoires chinois occupés par le Japon, parmi lesquels l’île de Taïwan.
Dès la fin du conflit mondial et la défaite du Japon, la guerre civile chinoise reprend, malgré les efforts de conciliation des puissances alliées. Et en dépit du soutien explicite financier et militaire des Américains dont bénéficie Tchang Kaï-Chek, elle s’achève en 1949 par la victoire de l’ALP et la proclamation de la République populaire de Chine.
Après l’échec de négociations, le gouvernement nationaliste se replie sur l’île de Taïwan, accompagné d’un exode massif de population (en quelques jours, la population de Taïwan s’accroît d’environ deux millions de personnes). Taipei devient la capitale de la République de Chine.
De 1949 à aujourd’hui
En 1949, l’île de Taïwan est officiellement restituée à la République populaire de Chine… mais reste sous tutelle des États-Unis, nouvelle puissance dominante de la région.
Dès lors, le Kuomintang, au mépris des demandes du continent, dirige Taïwan d’une main de fer, établit une loi martiale qui durera jusqu’en 1987. Celle-ci marque le début de la Terreur Blanche. Pendant 38 ans, 140 000 personnes, principalement des intellectuels ou des membres de l’élite sociale, sont emprisonnés en raison de leur sympathie pour le Parti communiste chinois ou de leur résistance au gouvernement nationaliste de la République de Chine, et pas moins de 20 000 personnes* selon les estimations, sont exécutées.
[* «Après que deux agents du Bureau des monopoles aient tabassé une vendeuse de rue dans la soirée du 27 février 1947, un attroupement s'est formé. Les fonctionnaires ont tiré sur la foule et tué un Taïwanais. Le lendemain, une émeute a éclaté à Taiwan. La loi martiale a été décrétée. Les insurgés réussirent à prendre partiellement le contrôle de l'île et à organiser une autogestion. Cependant, les troupes du Kuomintang écrasèrent le soulèvement au bout de quelques semaines et une vague de violence, appelée 'Terreur blanche' (Báisè Kǒngbù), s'abattit sur la population taïwanaise, faisant, selon les estimations actuelles, environ 30.000 victimes.» https://de.wikipedia.org/wiki/Geschichte_Taiwans ]
Durant tout ce temps et jusqu’au tournant des années 1990, le gouvernement de Taïwan se revendique comme seul légitime pouvoir sur l’entièreté du territoire chinois comprenant l’île de Taïwan et la Chine continentale. Je répète : durant toutes ces années, Taïwan revendique la Chine. Pas moins. Les enfants taïwanais grandissent et sont éduqués dans l’idée qu’ils sont Chinois, que la plus haute montagne de leur pays, c’est l’Everest et que le plus long fleuve, c’est le Yangtsé.
La période post-martiale voit un changement idéologique soudain, un tournant à 180 degrés, et ce bien que le Kuomintang soit encore au pouvoir. Sous l’impulsion de pressions extérieures devant l’émergence économique de la République populaire de Chine, l’île passe des revendications comme seule et unique vraie représentante de la nation et du peuple chinois à une doctrine séparatiste, rejetant l’autorité et même la parenté avec le continent, déclarant de facto son statut de nation indépendante, n’ayant rien à voir historiquement, culturellement et ethniquement avec le peuple chinois qui se trouve de l’autre côté du détroit. Bien que les Nations unies ne suivent pas vraiment, refusant à Taïwan le siège qu’elle réclame, la majeure partie des pays occidentaux considèrent l’île comme une nation à part entière.
Depuis, les livres d’histoire se réécrivent à Taïwan mais aussi dans les écoles occidentales. Sur l’île, les jeunes se disent Taïwanais avant tout et la Chine devient un pays hostile, dangereux. Le plus haut sommet, c’est la Montagne de Jade dorénavant, le Yu Shan, vaincu par un Japonais puis par un Occidental. Le plus grand fleuve est désormais une rivière, la Tamsui, qui fait à peine 160 kilomètres de long.
Le Parti démocrate progressiste (DPP), succédant au Kuomintang, a planté le dernier le clou sur le cercueil d’une réunification pacifique entre la Chine et Taïwan, se rapprochant ostensiblement du Japon, derrière lequel se cachent, comme un troupeau d’éléphants derrière une tige de bambou, les États-Unis d’Amérique, le seul pays au monde à avoir utilisé la bombe atomique, qui plus est deux fois de suite et uniquement au milieu de populations civiles japonaises. Et Taïwan, qui se croit aujourd’hui plus japonaise que chinoise, est persuadée d’être indépendante, sans voir à son cou la laisse que tient déjà Washington dont le rêve est d’installer des ogives nucléaires à quelques encablures du littoral chinois.
L’ONU, toujours courageuse, continue à tenir un double discours consistant à ne pas donner à Taïwan le statut de pays (bien que tous nos dictionnaires, encyclopédies, médias le fassent) afin de ne pas froisser le dragon tout en défendant le droit à l’autodétermination du peuple taïwanais pour plaire à l’aigle. Cette même autodétermination qui, au moment de lui rendre Taïwan, fut refusée au peuple chinois au terme de sa guerre avec le Japon.
Le 11 juillet 2022, trois jours après la mort de Shinzo Abe, ancien premier ministre japonais et fervent soutien du nationalisme anti-chinois, la présidente de Taïwan Tsai Ing Wen a fait mettre les drapeaux en berne. Le Kuomintang (KMT) a tout de même protesté contre ce geste, le Japon ne s’étant jamais excusé des crimes qu’il a commis en Chine*.
[* Crimes sans nom qui n'ont d'égaux que ceux commis à l'encontre des soviétiques, voire même rappellent, pour une part, ceux des crimes commis dans le cadre de l'Holocauste : expériences barbares et épouvantables commises à Auschwitz par Josef Mengele et expériences non moins barbares et épouvantables commises par l'Unité 731** du Japon pendant la seconde guerre mondiale. Expériences de sinistre mémoire en Chine, mais volontairement ignorées par les faiseurs d'opinion en France et plus généralement dans le monde « occidental ». Pourquoi ? J'ai la réponse, cher lecteur, mais je ne vais pas vous la souffler, ce serait une grossière insulte à votre intelligence...
**Voir article : https://news.cgtn.com/news/2021-06-18/From-Unit-731-to-Fort-Detrick-What-is-the-U-S-hiding-from-the-world--11bPpnpvfr2/index.html M.A.]
SOURCE: https://www.legrandsoir.info/breve-histoire-de-taiwan.html