Notes de Chine sur les causes de la contre-révolution politique qui a produit l’effondrement de l’Union soviétique
Actualisé le 02/06/2021
Par Michel AYMERICH
Ce nouvel article d'un camarade de Chine publié sur son blog par Danielle Bleitrach relève de la même démarche d'ensemble, partagée par Ouyang Xiangying, un autre camarade chinois, auteur du long article en deux parties que j'ai traduit et publié récemment : «Un article chinois invite à «tirer les leçons de la désintégration de l'Union soviétique » et à « s'opposer au nihilisme historique» [1] et «Un article chinois invite à « tirer les leçons de la désintégration de l'Union soviétique » et à « s'opposer au nihilisme historique ». Suite...» [2].
En Chine, en effet, les camarades chinois étudient avec attention les causes qui ont conduit à la contre-révolution politique dans l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et provoqué l'effondrement des Etats socialistes d'Europe de l'Est (pays qui étaient sur la voie de la construction du socialisme...) puis la destruction de URSS, laquelle avait résulté de la Révolution socialiste d'octobre 1917. «Il y a cent ans, les salves de la Révolution d'Octobre ont apporté à la Chine le marxisme-léninisme. Des éléments avancés en Chine ont découvert, à travers la vérité scientifique du marxisme-léninisme, la clé de la résolution des problèmes chinois» rappelait Xi Jinping au 19ème congrès du PCC [3].
C'est pourquoi les livres suivants des camarades est-Allemands Egon Krenz, Hans Modrow et d'autres sont traduits en chinois...
Photos de livres de camarades est-Allemand (Egon Krenz et Hans Modrow, et d'autres) traduits en chinois récemment. Les titres des photos ont été traduits* à l'aide de l'application Youdao... * La traduction automatique du titre du livre de Hans Modrow ne devrait pas être «Repenser le socialisme», mais «Nouvelles réflexions sur le socialisme». Les camarades chinois s'intéressent, en effet, aux causes politiques de la défaite du socialisme afin d'en tirer les leçons, c'est-à-dire éviter les erreurs commises et aller de l'avant en Chine sur la voie du socialisme au sens marxiste du concept...
NOTES :
Les mots mis en gras le sont par moi. J'ai également annoté certains passages... (Michel Aymerich)
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2 janvier 2021
Marianne a traduit ce texte publié sur une liste d’espéranto. Un Chinois studieux qui visiblement lit tout ce qui lui passe par les mains sur le sujet de la fin de l’URSS (tout ce qu’il trouve traduit en chinois ou en espéranto) fait des fiches critiques sur ses lectures. Marianne me signale à cette occasion que les occidentaux n’ont pas la moindre idée de la boulimie de lecture des chinois facilitée par de nombreuses traductions et leur consultation possible dans d’immenses bibliothèques (1). Voici donc la lecture de ce Chinois et ses propres remarques critiques sur les conclusions d’un livre d’un professeur du MIT David Coates. Ses remarques nous intéressent y compris si l’on considère ce qu’ont subi les partis communistes de l’eurocommunisme et parmi eux le PCF. Il y a des gens à l’intérieur des partis communistes qui ont voulu et provoqué la désagrégation. Ils y ont trouvé avantage. La question est donc celle que je ne cesse de poser et qui visiblement préoccupe les Chinois: comment des gens aussi peu communistes peuvent-ils être à la tête des partis et pourquoi il est difficile voire impossible de les déloger ? (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
Une majorité de gens provenant des groupes d’élite veulent plus de pouvoir et de richesse
Le contenu suivant est basé sur le résumé du livre “Top-Down Revolution” de David Coates, professeur d’économie à l’Université du Massachusetts à Amherst:
1. L’opinion dominante en Occident estime que la raison de la désintégration ultime de l’Union soviétique était due à l’économie planifiée et au système politique centralisé:
( 1 ) L’économie planifiée ne fonctionne pas. Au début des années 80, l’économie planifiée de l’Union soviétique a commencé à s’effondrer, de sorte que l’Union soviétique n’a d’autre choix que de mettre en œuvre une privatisation axée sur le marché.
( 2 ) C’est le choix du peuple soviétique. Dans un pays socialiste, une fois que le peuple aura la vraie démocratie et la liberté, le peuple abolira le socialisme et établira un système capitaliste.
Cependant, il n’est pas convaincant d’expliquer les raisons de la désintégration du point de vue ci-dessus, car cela n’est pas conforme à la réalité.
Le système économique planifié de l’Union soviétique a été établi en 1928. De 1928 à 1975, durant près de 50 ans, le développement économique de l’Union soviétique a été très rapide. Que l’on utilise les statistiques officielles soviétiques ou les données occidentales, nous pouvons prouver que le développement économique de l’Union soviétique pendant cette période a dépassé celui de tous les pays capitalistes à l’exception du Japon.
La condition préalable au développement économique de l’Union soviétique est de «parvenir à la plus grande justice sociale». Sur ce plan, les pays capitalistes ne peuvent pas rivaliser. À la suite de la mise en œuvre du système socialiste et de la mise en place d’un système économique planifié, l’Union soviétique est passée d’un pays agricole arriéré à un pays industrialisé dès 1940.
Selon les statistiques occidentales, dans les années 1930 , la proportion des importations de machines-outils industrielles en Union soviétique atteignait 85 à 90 %. Après la Seconde Guerre mondiale, elles étaient toutes produites par l’Union soviétique elle-même, ce qui reflète les progrès de l’industrie et de la technologie soviétiques. De 1950 à 1975, le taux de croissance annuel du produit national brut de l’Union soviétique était de 4 à 8 %, tandis que celui des États-Unis sur la même période était de 3,3 %. Les statistiques occidentales montrent également que dans les anciens pays socialistes d’Europe de l’Est, l’économie de ces pays à système économique planifié s’est également développée beaucoup plus rapidement que les pays occidentaux. Bien entendu, cela ne signifie pas que le système économique planifié établi par l’Union soviétique ne présente ni lacunes ni problèmes.
De 1975 à 1989, le développement économique de l’Union soviétique a commencé à ralentir par rapport aux décennies précédentes,mais ne s’est pas effondré.
Le premier déclin absolu a commencé à l’été 1990, et la raison n’était pas due aux contradictions internes du système économique soviétique.
En mars 1990, Eltsine a été élu député au Soviet suprême de la République de Russie, la plus grande des républiques soviétiques, et au mois de juin de la même année, suite à une élection retentissante, il a été élu comme principal chef de l’exécutif de la Russie.
À ce moment-là, Eltsine et ses assistants ont commencé à adopter une série de mesures politiques pour saper l’économie planifiée du pays, conduisant à un déclin significatif de l’économie du pays, atteignant environ 2 %.
En 1991, la Russie dirigée par Eltsine a sapé le plan central à plus grande échelle. Il a accaparé la plupart des recettes fiscales russes. Elles n’étaient pas transmises au gouvernement central.
Cette année-là, l’économie soviétique a chuté de 13 %. On voit donc que les problèmes qui sont apparus dans l’économie soviétique au début des années 90 ne sont absolument pas dus au système lui-même, mais sont bien plutôt le résultat d’un sabotage.
Vers 1990 , afin d’étudier l’orientation de la réforme soviétique, de nombreux instituts de sondages d’opinion aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux ont mené de nombreux enquêtes en Union soviétique. Les résultats ont montré que le nombre de personnes qui soutenaient la mise en œuvre du capitalisme se situait entre 5 % et 20 %. Jusqu’à 80 % de la population espérait préserver le socialisme.
En mai 1991, un institut américain a fait un sondage auprès de milliers de personnes en Union soviétique, dont l’une des questions disait : «Êtes-vous en faveur d’une économie de marché libre à l’américaine en Union soviétique» Seulement 17 % ont déclaré être d’accord, 83 % des gens étaient contre.
Cela montre que la majorité du public soviétique ne voulait pas abolir le socialisme et établir le capitalisme.
La conclusion de la recherche tirée des faits historiques est:
La vérité sur la désintégration de l’Union soviétique est l’avidité des groupes d’élite qui dirigeaient le pays.
La véritable raison de la désintégration de l’Union soviétique est venue d’une «clique d’élite» d’environ 100 000 personnes occupant des postes de direction importants dans les organes du parti et du gouvernement. Il s’agit d’un groupe bureaucratique privilégié dont la composition principale est constituée de fonctionnaires.
C’est ce «groupe d’élite» qui veut mettre en œuvre le capitalisme afin de pouvoir jouir d’une plus grande puissance et richesse.
Bien sûr, tout le monde dans ce «groupe d’élite» n’est pas en faveur du capitalisme. Par exemple, Ryjkov qui reste attaché au léninisme est différent de la plupart des chefs du parti et du gouvernement*. Mais au sein du «groupe d’élite» soviétique, ils sont trop peu nombreux. La plupart d’entre eux veulent emprunter la voie capitaliste et former une alliance forte avec l’intelligentsia urbaine qui partage les mêmes opinions.
[*Étrangement, Egor Ligatchev qui s'est opposé à la ligne de Alexandre Iakovlev soutenue par Gorbatchev n'est pas mentionné.
«Membre du Comité central du PCUS de 1976 à 1990, il devient en 1983 chef de département du Comité central du PCUS, secrétaire du Comité central du PCUS (1983-1990), membre du Politburo (1985-1990). En 1993, il est vice-président - secrétaire de l'Union des partis communistes - PCUS. De 1985 à 1991, il est considéré comme le no 2 du PCUS. » (Wikipédia)
Son livre traduit en allemand « Wer verriet die Sowjetunion? » [Qui a trahi l'Union soviétique?] Verlag Das Neue Berlin, Berlin 2012 mériterait une traduction française... M.A.]
En juin 1991, un institut de sondage américain a réalisé à Moscou une enquête sur les questions idéologiques, le public cible était composé des hauts responsables du parti et du gouvernement. La forme choisie était celle d’un panel représentatif, avec qui les sondeurs avaient 4 ─ 5 heures de conversation, de discussion pour déterminer leurs idées.
Le résultat de l’analyse est: environ 9,6 % des gens interrogés ont une idéologie communiste et soutiennent clairement le modèle socialiste d’avant la réforme; 12,3% ont une vision socialiste démocratique, soutiennent les réformes et espèrent que les pays socialistes parviendront à la démocratisation; 76,7 % pensent que le capitalisme doit être mis en œuvre. Considérant qu’il s’agit de l’Union soviétique socialiste avec la plus longue existence et la plus grande influence au monde, il est choquant que tant de personnes dans les cadres du parti prônent la mise en œuvre du système capitaliste.
De 1975 à 1985, l’Union soviétique a connu une période de dix ans de lent développement, alors qu’une force se préparait au sein du Parti communiste de l’Union soviétique pour exiger des réformes. Gorbatchev a été élu secrétaire général du Comité central en tant que représentant des réformistes. Au début de la réforme, Gorbatchev a tenté de surmonter plusieurs problèmes qui existaient depuis l’établissement du système socialiste par des réformes, engageant l’Union soviétique sur la voie de la démocratisation économique et politique.
Plus précisément, il s’agissait de mettre en œuvre la décentralisation politique, d’introduire des mécanismes de marché dans l’économie et de réduire le contrôle dans le domaine idéologique. Cela a conduit à l’affaiblissement du pouvoir du PCUS et à la réduction de son prestige. Et cela a déclenché une lutte entre trois forces au sein du parti: l’une consistait à vouloir réformer la direction du parti et le système socialiste, la deuxième à revenir à la voie léniniste d’édification du socialisme, tandis que la troisième préconisait ouvertement de remplacer le socialisme traditionnel par le capitalisme.
Eltsine est un représentant de la troisième force. Il était membre du Politburo et premier secrétaire du Comité du Parti de la ville de Moscou. Son discours et son influence politique ont été énormes.
Après l’élection d’Eltsine comme chef de l’exécutif de la Russie au début des années 90, deux régimes en Union soviétique se sont en fait formés côte à côte: l’un était le gouvernement central contrôlé par le PCUS et l’autre était le régime russe contrôlé par Eltsine. Etant donné que la population et la zone territoriale de la Russie dominaient l’Union soviétique, Eltsine a progressivement pris le dessus. Selon la Constitution soviétique, la Russie, en tant que république affiliée, n’a pas sa propre armée. Eltsine ne comptait pas sur le soutien de l’armée. Il s’appuyait sur le «groupe d’élite» du PCUS qui prônait le capitalisme.
Dans les années 70, le groupe dirigeant du PCUS était encore composé de révolutionnaires idéalistes. Dans les années 80, c’était complètement différent. Les «élites» occupant des positions importantes dans le parti soviétique et les instances gouvernementales ont commencé à abandonner l’idéologie socialiste et à la remplacer par un matérialisme vulgaire, par le pragmatisme.
Gorbatchev, qui s’est réfugié en Occident, a reçu le prix Nobel de la paix par l’Occident
Bien que ces «élites» continuent de prêcher le discours officiel, il y a très peu de convaincus. Plutôt, elles commencent à se demander quel plan de réforme leur conviendrait le mieux. Beaucoup croient que le socialisme démocratique réduira leur propre pouvoir. Bien que le socialisme d’avant la réforme leur ait accordé certains privilèges, il les a également empêchés de transmettre le pouvoir à leurs enfants et d’accumuler davantage de richesses. De toute évidence, la mise en œuvre du capitalisme est dans l’intérêt bien compris du groupe «d’élite», de sorte qu’ils ne soient pas seulement les gestionnaires des moyens de production, mais aussi les propriétaires des moyens de production; ils peuvent ainsi réaliser une croissance plus rapide de leur richesse personnelle et laisser légalement leurs enfants hériter du pouvoir et de la richesse.
Par conséquent, Eltsine a pu opter pour une manière plus pacifique de forcer la désintégration de l’Union soviétique grâce au soutien des «élites» du Parti communiste qui préconisaient de prendre la voie capitaliste. Ces «élites» ont soutenu Eltsine et ont accompli en Russie une transition en douceur vers le capitalisme.
Les anciennes élites du PCUS qui voulaient emprunter la voie capitaliste n’avaient pas fait le mauvais choix: les gens les plus riches de Russie aujourd’hui sont les «élites» du parti.
Prenons l’exemple de Tchernomyrdine. Dans les années 80, il était directeur général de l’URSS Natural Gas Corporation. Après 1992 la société de gaz naturel a été privatisée. Tchernomyrdine est devenu l’actionnaire majoritaire le plus puissant de la Natural Gas Corporation. Il contrôle plus de 40 % des ressources mondiales de gaz naturel et est l’une des personnes les plus riches du monde. Khodorkovski, secrétaire du Comité central de la Ligue de la jeunesse communiste de l’Union soviétique*, a utilisé sa position pour créer une grande banque et transformer la richesse qui appartenait à l’origine au peuple en sa propriété personnelle.
[* C'est une exagération. De 1986 à 1987, Khodorkovski a seulement été secrétaire adjoint du Komsomol à l'Institut Mendeleev. M.A.]
Il existe de nombreux facteurs concomitants concernant la désintégration de l’Union soviétique. Comme la grève des mineurs de charbon de 1989 à 1991, exploitée par Eltsine et ses alliés à leur profit. Ensuite, il y a le pouvoir de contrôle des médias du gouvernement et du Parti entre les mains d’intellectuels qui tentent de mettre en œuvre le capitalisme, ainsi que les conflits ethniques et diverses luttes entourant les élections législatives. Mais fondamentalement, c’est la «clique d’élite» du PCUS qui a fait tomber l’Union soviétique.
Comment une alliance des élites du parti et de l’intelligentsia urbaine a-t-elle pu précipiter le pays sur la voie du capitalisme malgré l’opposition du peuple soviétique?
En fait, dans les conditions du système socialiste en Union soviétique, les larges masses populaires avaient effectivement gagné de nombreux avantages dans la vie, mais elles restaient relativement passives politiquement et n’avaient pas de droits politiques. Un contrôle idéologique strict rendait difficile la prise de parole de la population. À l’époque, il n’y avait pas de forum Internet développé.
Par conséquent, lorsque «l’alliance des groupes d’élite» veut s’engager dans le capitalisme, les larges masses populaires ne peuvent pas exprimer leur opposition, ni prendre de mesures de résistance efficaces pour défendre le système socialiste. Bien sûr, dans les premiers temps où Eltsine a pris le pouvoir, il se souciait toujours du choix du système par le peuple. Dans divers discours publics, il essayait de dissimuler ses vraies pensées et n’a pas révélé son intention d’établir le capitalisme. Eltsine a déclaré qu’il introduirait une économie de marché par le biais de réformes politiques et éliminerait progressivement les privilèges de l’élite politique et de la bureaucratie. Ce genre de tromperie est très populaire, et il était sans aucun doute plus intelligent que ceux qui déclaraient publiquement vouloir accomplir une révolution de libéralisation capitaliste en Union soviétique.
3. L’argument selon lequel la course aux armements a entraîné la chute de l’Union soviétique n’est pas conforme à la vérité historique, il ne s’agit que de l’opinion publique de l’Occident.
Concernant le rôle des États-Unis dans la désintégration de l’Union soviétique, certains pensent que la désintégration de l’Union soviétique a été causée par le «contre-coup» de la course aux armements américano-soviétique.
Sous le président Reagan, les États-Unis ont considérablement augmenté leurs dépenses militaires et ont contraint l’Union soviétique à s’engager dans une course aux armements, ce qui a entraîné le ralentissement de son économie.
Cela n’est pas non plus conforme à la vérité historique. Si tel est l’effort de l’administration Reagan pour montrer ses réalisations dans l’affaiblissement du communisme, alors c’est au-delà de toute critique. Mais selon les statistiques américaines, même si les dépenses militaires soviétiques avaient augmenté, en termes absolus, dans les années 80, leur proportion dans l’économie nationale est exactement la même que dans les années 50.
Il faut dire que les États-Unis et l’Occident ont joué un grand rôle dans la désintégration de l’Union soviétique, cependant ce rôle n’était pas principalement politique ni économique, mais dans la diffusion de l’idéologie représentée par l’économie libérale. Cela a influencé le système idéologique des intellectuels soviétiques et des cadres du parti et changé par conséquent la ligne politique du pays.
En 1991, les économistes américains ont étudié les tendances idéologiques des économistes soviétiques et les ont comparées aux économistes britanniques, et ont constaté qu’ils étaient plus déterminés que les Occidentaux à prôner la marchandisation et la privatisation. En fait, ce que les économistes soviétiques adoptaient était le libéralisme classique le plus simple et le plus naïf du XIXe siècle.
Par rapport aux réformes de l’Union soviétique, les réformes de la Chine ont fait de grands progrès. En 20 ans, la qualité de vie de la majorité de la population s’est nettement améliorée. Les mesures de réforme économique de la Chine consistent à combiner le contrôle effectif du pays et le marché. Jusqu’à présent, il faut admettre que c’est un modèle réussi. Le danger actuel en Chine vient aussi principalement de l’expansion du néolibéralisme, qui est largement accepté par les groupes d’élite. Selon le point de vue de la réforme néolibérale, le développement continu de la Chine doit briser le contrôle effectif du gouvernement sur la circulation des capitaux et des produits de base et créer des entreprises sur la base de la propriété privée.
C’est une grande erreur ! Il faut savoir que le modèle du libéralisme américain n’apportera aucun avantage à la Chine. Les faits ont prouvé que tous les pays qui ont mis en œuvre une économie planifiée et une propriété publique dans le passé, une fois qu’ils ont adopté le modèle néolibéral et mis en œuvre une marchandisation et une privatisation complètes, finiront par devenir les vassaux des pays capitalistes avancés.
(1) Sans compter les librairies gigantesques qu’il est impossible d’imaginer quand on ne les a pas vues, quelque chose comme des fnac puissance 10. Jusqu’à 7 étages de salles spacieuses où la lumière entre à flots par les baies vitrées, des livres sagement disposés sur les rayons, mais aussi des présentoirs pour les nouveautés, les best-sellers (dont beaucoup de navets étrangers), une section pour les ouvrages communistes, les ouvrages de Xi Jinping près des caisses en tête de gondole, et sur les tables des piles de livres en pyramides, en spirales, en veux-tu en voilà. Partout jeunes et vieux, retraités, étudiants, enfants, mères de famille, assis, debout, accroupis dans tous les coins dévorant des livres. Les acheteurs circulent avec des caddies pleins et font la queue aux caisses, présentent leur carte de fidélité, et paient avec leur téléphone. Je me fais l’effet de Marco Polo décrivant la Chine du 13e siècle, celui que l’on avait affublé du sobriquet “messire milione”. En fait il y aurait beaucoup de choses à critiquer : les éditions des classiques chinois sont assez redondantes, certaines de faible valeur, d’autres excellentes comme Shanghai shangwu chubanshe. Un étage entier est dévolu à l’apprentissage de l’anglais, avec une place de choix réservée au Toffle, un autre étage au “développement personnel”, avec des livres principalement américains. Les classiques de la littérature mondiale sont proposés pour moitié en texte intégral, souvent bilingue d’ailleurs, et d’autres en version abrégée ! pour faciliter le travail des collégiens… Mais ce qui est incroyable c’est que les Chinois traduisent et éditent tout et n’importe quoi, y compris des horreurs anticommunistes. Il vaudrait le coup de faire une étude statistique des livres édités sur une année, avec les tirages. Une chose qui me chagrine particulièrement : la littérature enfantine est littéralement submergée par les éditions internationales, anglaises, françaises, japonaises, scandinaves… à peine 5% d’oeuvres originales chinoises, je trouve cela inquiétant. Mais que fait le Parti communiste? (note de Marianne Dunlop)
SOURCE:
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