Une juste politique marxiste-léniniste, clé principale de l’explication des succès de la Chine

La révolution fut conçue par les fondateurs du marxisme comme un fruit devant être cueilli quand il serait mûr, et qui le serait en toute vraisemblance car le verger était fourni. Les révolutionnaires russes n'ont pas mis en doute cette parole parce qu'ils ont cru que les changements politiques (la révolution de 1917) entraîneraient les changements économiques souhaités. C'était une question de volonté. Les dirigeants de la Chine  ont d'abord respecté ces messages, puis ils ont changé d'avis. La révolution, ont-ils pensé, serait, pour leur pays, le fruit d’un verger qu’il faudrait d’abord cultiver, puis faire grandir et tailler en conséquences.

Jean-Claude DELAUNAY, Les trajectoires chinoises de modernisation et de développement. De l’empire agro-alimentaire à l’Etat-Nation et au socialisme, Editions Delga, Paris, 2018, p. 263.

Actualisé à 22: 35, le 15/08/2020

Les mots et phrases surlignées en gras, ainsi que les graphiques insérés dans l'article de Rainer SHEA le sont de mon fait.

Par Michel AYMERICH

La citation de Delaunay doit être comprise à mon sens en se référant à la position défendue par Lénine en novembre 1922 [1], à l'origine de la politique chinoise [2]...

Le nouvel article, traduit de l'américain, que je partage ici représente une contribution nécessaire à la compréhension marxiste et léniniste de la nature politique de la Chine sous sa forme chanceuse de République populaire de Chine (RPC) dirigée par le Parti communiste chinois (PCC) [3].

L’argumentation qui y est contenue est utile face à l’ignorance entretenue systématiquement par les médias du CAC 40 (médias bourgeois en langage adéquat, donc marxiste...) et face à la désinformation non moins systématique relatives à la politique réelle du PCC et aux réalisations historiques époustouflantes de la RPC. Réalisations sans précédent quant à leur rythme et leur ampleur au profit croissant du pays le plus peuplé du monde : un milliard et quatre cent millions d’individus de 56 ethnies (soit 4 fois la population des États-Unis + les populations de l'Allemagne et de la Belgique réunies !) et pour le bien de l'ensemble de l'humanité intéressée à un changement croissant de paradigme dans lequel le capitalisme-impérialiste n'est plus en mesure de faire la pluie et le beau temps dans l'organisation économique et politique du monde.

J'écrivais au début de l'année précédente:

« Les succès de la République populaire de Chine en matière de lutte efficace contre la pauvreté, le sous-développement, l'inégalité des sexes, l'accès à l'enseignement, etc, sont littéralement phénoménaux [...]. Mais en France et plus largement en Occident - à vrai dire dans l'ensemble des pays capitalistes du globe - une censure massive est exercée, laquelle dissimule à des centaines de millions de personnes les résultats comparatifs des réussites chinoises et des non-réussites indiennes dans cette lutte. Cette censure massive opère par l'ignorance entretenue des faits, mais pis encore elle est secondée en amont par une désinformation multiforme plus ou moins sophistiquée, plus ou moins grossière, selon les cibles qui s'autodélimitent spontanément grosso modo selon leur niveau de formation scolaire et universitaire.

Elle poursuit en premier lieu le but prophylactique d’ôter aux centaines de millions de travailleurs du monde, chômeurs, miséreux, femmes opprimées par leur condition ou tout simplement des citoyens ou des sujets l'envie de suivre le parti communiste de leur pays ou au strict minimum de manifester une sympathie durable pour la RPC et donc le Parti communiste chinois ! [4]»

L’ignorance des tenants et aboutissants est telle que même des communistes subjectifs (j’entends par là des personnes désireuses d’être communistes et se percevant comme tels, mais pouvant tomber sur des questions d’importance cruciale dans les pièges idéologiques et donc politiques de l’impérialisme) mettent en doute la nature marxiste du PCC, voire pis encore  déclare la Chine « ultra-capitaliste » !!!

Et là il ne s’agit pas seulement, par exemple, de militants du NPA (le dit «Nouveau Parti anticapitaliste») - ces pauvres hères de la méthode et de la politique marxistes qui errent dans les limbes de l’utopie anarchisante -, mais aussi de sympathisants/militants communistes, membres du PCF ou bien de sympathisants/militants du PCRF (Pôle de Renaissance Communiste en France), en principe théoriquement et politiquement mieux armés pour faire face à l’entreprise capitaliste-impérialiste de désinformation multiforme face à tout ce qui menace son hégémonie et sa pérennité, mais sans doute confus et désorientés par le style diplomatique - en vérité prudent et à l'opposé de tout gauchisme verbal - adopté par des dirigeants du PCC qui maitrisent la stratégie conseillée dans «L'art de la guerre» de Sun Tzu...

Preuve en est le nombre trop bas de signatures obtenues sur des pages Facebook gérées par des militants communistes sous la pétition « Halte à l'intox antichinoise et aux menaces des dirigeants impérialistes occidentaux contre la République Populaire de Chine » (pétition à signer sous l'article!).

Egon Krenz fait observer ce qui fréquemment n'est guère compris en Occident et sans doute parfois en Chine même chez certains citoyens : «Dans l’évaluation du socialisme à la chinoise, il y a, selon mes observations, un malentendu fondamental. Le fait que la Chine soit un pays socialiste ne signifie pas que la Chine a déjà le socialisme. L’État socialiste est la base politique de la création d'une nouvelle organisation sociale. Le pays est "actuellement et cela pour longtemps encore aux premiers stades du socialisme" a déclaré le secrétaire général [Xi Jinping. NDT]. Cette situation du pays "reste aussi inchangée que sa position internationale en tant que plus grand pays en développement du monde. [5]"

La propension à placer la défense d'autres causes (Cuba, par exemple), « au-dessus » de celle de la Chine me paraît illustrer une variété contemporaine de «gauchisme», cette «maladie infantile du communisme» comme l'a qualifiait Lénine... Car si d'autres causes justes doivent assurément être résolument défendues face aux agressions multiformes de la contre-révolution, la Chine doit non moins également être défendue car elle représente pour le capitalisme-impérialiste prédateur le défi existentiel le plus important, son rival systémique qui menace le devenir de son hégémonie despotique. Ainsi la Chine sous sa forme chanceuse de République populaire de Chine (RPC) dirigée par le Parti communiste chinois (PCC) doit être défendue le cas échéant bec et ongles, mais actuellement elle doit l'être principalement par la solidarité économique (achats prioritaires de smartphones chinois, Huawei et autres; ordinateurs; ouvertures de compte WeChat, TikTok...) et par la diffusion de l'information auprès du plus grand nombre possible. Cela en lieu et place de la désinformation tous azimuts qui est l’œuvre des médias du CAC 40 à laquelle nous devons faire face. Il en va rien de moins que de l'avenir de l'humanité, alors que l'alternative « Socialisme ou Barbarie ? » posée dès 1915 par Rosa Luxemburg est -ô combien !- réactualisée...

NOTES:

[1] «Le texte de Lénine, Cinq ans de révolution russe et les perspectives de la révolution mondiale (Rapport présenté au IVe congrès de l'Internationale Communiste, le 13 novembre 1922) où le révolutionnaire invite à réfléchir sur le rôle du capitalisme d’État sous direction communiste dans la période du passage à une société socialiste, peut aider à comprendre en partie la méthode d'approche des questions économiques par la direction chinoise: «La question que je me posais — au cours d'une polémique qui n'a rien à voir avec la question que nous sommes en train d'examiner, — était celle-ci : quelle est notre attitude à l'égard du capitalisme d’État ? Et je me suis fait cette réponse : le capitalisme d’État, sans être une forme socialiste, serait pour nous et pour la Russie une forme plus favorable que celle d'aujourd'hui. Qu'est-ce à dire ? C'est que, tout en ayant déjà accompli la révolution sociale, nous n'avons surestimé ni les germes ni les principes de l'économie socialiste.

Au contraire, déjà à ce moment nous avions conscience, jusqu'à un certain point, de cette vérité : oui, en effet, mieux eût valu passer d'abord par le capitalisme d’État pour, ensuite, arriver au socialisme. »

Voir Michel AYMERICH, A propos de la « guerre des droits de douane » déclenchée par les États-Unis contre la République populaire de Chine! http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2018/04/a-propos-de-la-guerre-des-droits-de-douane-declenchee-par-les-etats-unis-contre-la-republique-populaire-de-chine.html

[2] Alain ROUX, Le casse-tête chinois (trente ans de Chine socialiste vus par un communiste français), éditions sociales, Paris 1980, p. 238.

[3] République de l'Inde et République populaire de Chine. La comparaison taboue ! http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2019/01/republique-de-l-inde-et-republique-populaire-de-chine.la-comparaison-taboue.html

[4] Ibid.

[5] «La Chine – comme je la vois» http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2018/10/la-chine-comme-je-la-vois.html

La Chine fait du marxisme-léninisme la force politique la plus puissante du 21e siècle

Rainer SHEA

8 août 2020

La révolution socialiste chinoise de 1949 a été l'un des événements les plus marquants de l'histoire de la lutte des classes. En effet, elle a établi un État socialiste qui allait servir de rempart majeur à l'hégémonie impérialiste américaine, même en cas de chute de l'URSS. Au moment où les impérialistes de Washington ont réussi à démanteler l'Union soviétique, la Chine n'apparaissait pas comme un problème majeur ; elle était censée être la "fin de l'histoire", l'époque où le capitalisme américain avait vaincu pour toujours toute menace existentielle potentielle. Mais l'orgueil des impérialistes les a empêchés de réaliser que la Chine était sur le point de connaître un succès sans précédent.

Tout au long des années 2000, la croissance économique de la Chine a atteint un point d'accélération qui a incité l'intelligentsia pro-Washington à exprimer son inquiétude. Dans un document de 2015 intitulé Les années 2000 : China's Rise, Responses to It, and IR Theory, l'expert américain en études asiatiques Gilbert Rozman a écrit que "la théorie des relations internationales a dû relever le défi de combiner ou de démêler trois menaces à l'ordre international : le danger du terrorisme mondial, comme l'a révélé l'attaque contre les États-Unis en 2001 ; la prolifération des armes nucléaires, comme l'a révélé le tournant de 2002 dans la crise nucléaire nord-coréenne ; et la montée d'une superpuissance en opposition au système mondial existant, comme cela est progressivement devenu évident pour la Chine au cours de la décennie".

Ces trois développements ont précipité le début de la "guerre contre le terrorisme", les efforts (jusqu'ici futiles) pour contraindre la RPDC à renoncer à ses armes nucléaires, et la guerre hybride actuelle contre la Chine. Ces événements représentent la réaction violente et belligérante de l'empire américain à son propre déclin au cours des deux dernières décennies. Et elles ont toutes été mises en place au début des années 2000, lorsque les invasions imprudentes de l'Afghanistan et de l'Irak par Washington ont plongé l'empire américain dans une spirale de déclin mondial.

Dans les mêmes années où la RPDC se dirigeait de manière décisive vers la mise en place d'outils de défense imbattables et où les États-Unis se lançaient dans des aventures militaires autodestructrices, la Chine se mettait sur la voie pour devenir une superpuissance capable de soumettre l'Amérique. Entre 2000 et 2005, la capacité de la Chine à produire des biens intermédiaires comme l'acier et les produits chimiques a augmenté au point que le pays n'avait plus besoin d'importer ces produits. Cela allait s'avérer être un tournant dans le développement de la Chine, marqué par la tendance qu'elle avait fixée : à mesure que le 21e siècle avançait, la Chine allait devenir moins dépendante de l'aide économique du monde capitaliste.

Cela est devenu évident, car le niveau de vie du peuple chinois a continué à augmenter considérablement au cours des deux dernières décennies. Depuis les réformes de Deng, 850 millions de personnes en Chine sont sorties de la pauvreté, dont environ 250 millions ont été sauvées de la pauvreté au cours des douze dernières années seulement. Cette amélioration sans précédent des conditions de vie que le modèle marxiste-léniniste chinois a permis d'obtenir est une justification du communisme trente ans après sa prétendue défaite. Et elle s'est accompagnée d'un effort de plus en plus fructueux de la Chine pour dépasser les États-Unis - et pour mettre fin à l'empire américain dans le même temps.


Un rapport de l'année dernière a conclu que les Chinois "battent les Américains à leur propre jeu", en ce sens que la Chine utilise la même approche que celle utilisée par Washington pour soumettre l'Union soviétique afin de gagner la nouvelle guerre froide. "Les Soviétiques n'ont jamais pu égaler, et encore moins surmonter, la supériorité technologique de l'Amérique", indique le rapport. "La même chose n'est peut-être pas vraie pour la Chine - certainement pas faute d'avoir essayé. En effet, la Chine s'attache à atténuer la supériorité technologique de l'armée américaine, alors même qu'elle s'efforce d'atteindre la parité technologique, et finalement la domination technologique".

C'est ce que les politiciens impérialistes américains veulent dire lorsqu'ils se plaignent du fait que la Chine "vole la propriété intellectuelle" : un effort de la Chine pour rendre ses capacités de défense imbattables face à la belligérance et à l'encerclement militaire de Washington.

Depuis plusieurs années déjà, les États-Unis manquent de ressources pour pouvoir gagner une hypothétique guerre contre une alliance sino-russe. Le désavantage relatif de Washington dans cette course aux armements devient plus apparent à mesure que la belligérance américaine contre la Chine et la Russie pousse ces deux pays à renforcer leurs liens militaires. En fait, plus les États-Unis intensifient leurs efforts désespérés pour écraser la Chine et la Russie, plus Washington se retrouve globalement isolé et affaibli ; les efforts de Washington pour contraindre l'Allemagne à couper ses importants liens avec la Russie sapent l'unité de l'alliance de l'OTAN, tandis que les positions implacablement agressives de Washington envers la Chine aliènent de nombreux pays qui cherchent à s'associer à la superpuissance montante.

Cette grande réaction à la guerre hybride des États-Unis contre la Chine a une autre conséquence, qui reflète étrangement l'idée que la Chine fait aux États-Unis ce que les États-Unis ont fait à la Russie soviétique : L'Amérique est en train de sombrer dans un état de déliquescence en raison de son investissement extrême dans le militarisme. Parallèlement à la manière dont les dépenses militaires de la Russie ont gravement détérioré le niveau de vie des Soviétiques à l'approche de l'effondrement du pays, le budget militaire américain représente aujourd'hui 64,5 % des dépenses discrétionnaires du pays, alors que la moitié du pays est devenue pauvre. Alors que des millions de personnes continuent à sombrer dans la pauvreté chaque mois en période de dépression économique et que le gouvernement américain refuse de s'attaquer sérieusement au problème du Covid-19, l'agitation sociale américaine augmente naturellement.

L'Amérique est déstabilisée de la même manière que l'Union soviétique l'a été. À la différence qu'aux États-Unis, le processus d'effondrement est plus dramatique en raison de la grave absence d'un filet de sécurité sociale adéquat. La détérioration économique néolibérale, la corruption du gouvernement oligarchique et les dépenses militaires incontrôlées ont réduit les États-Unis à un État voyou de plus en plus instable dont l'influence mondiale diminue rapidement.

Alors que ce vide de pouvoir mondial apparaît, la Chine le comble par une approche de politique étrangère non impérialiste qui reflète l'objectif du marxisme-léninisme de rapprocher la civilisation du socialisme. La Chine ne cherche pas à dominer ce nouvel ordre mondial, mais à servir d'acteur mondial qui fait avancer la paix chaque fois qu'elle en a l'occasion. Elle ne cherche pas à utiliser les ressources du Sud pour s'enrichir, comme l'ont fait les puissances impérialistes de l'OTAN, mais à s'engager dans un commerce qui défait l'héritage du colonialisme en facilitant le développement des nations historiquement exploitées.

Dans ce nouvel ordre mondial, la Chine ne pourra pas à elle seule provoquer des révolutions socialistes dans le monde capitaliste (fomenter militairement des révolutions étrangères n'est pas une de ses priorités), mais elle peut contribuer à sortir une grande partie du globe du paradigme appauvri et oppressif que l'impérialisme occidental a créé.

En raison de cette influence que la Chine en est venue à exercer sur l'avenir du monde, le pays a fait du marxisme-léninisme ce qui pourrait devenir la prochaine force politique la plus puissante du monde. L'impérialisme américain tenait auparavant ce rôle, mais aujourd'hui, la situation est en train de changer.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

SOURCE: https://medium.com/@rainershea612/china-is-making-marxism-leninism-into-the-most-powerful-political-force-of-the-21st-century-52b01dcbf105

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