De l'existence de deux fronts... Remarques à propos de l'article « Statues déboulonnées hier et aujourd'hui: les masques tombent! »

Au sens propre, la dialectique est l’étude de la contradiction dans l’essence même des objets

Lénine, Oeuvres, Tome 38, Cahiers philosophiques, p. 239.

Le choix de l'insertion de la photo de la statue de Clara Zetkin dans le texte de Georges Gastaud est le mien.

Actualisé le 27/06/20 à 10:45

Par Michel AYMERICH

Le camarade Georges Gastaud [1] apporte dans le texte partagé ci-après des remarques absolument nécessaires à mon article [2] dans un contexte politique précis où actuellement, parallèlement aux actions légitimes de « déboulonnage [...] des statues d’esclavagistes et autres criminels qui hantent « notre » histoire dans le dit « Occident » (en vérité les États-nations qui forment le capitalisme-impérialisme qui a son centre aux USA) [3]», des courants petits bourgeois anticommunistes, anti-marxistes et anti-léninistes se font les relais à la manière d’idiots utiles de l'agenda caché d'une partie significative de la bourgeoisie.

Particulièrement celle issue de sa fraction mondialiste qui a intérêt à relativiser voire à faire « oublier » les moments progressistes de l’histoire à laquelle ses ancêtres ont participé alors qu’elle était historiquement révolutionnaire.

Ce faisant G. Gastaud raisonne à juste titre en appliquant la méthode du matérialisme dialectique et historique, c’est-à-dire en appréhendant la réalité contradictoire de manière historiquement concrète.

Georges Politzer, philosophe et théoricien marxiste français, résistant membre du Parti communiste français fusillé par les fascistes le 23 mai 1942, écrivait : « Il nous faut, par conséquent, maintenant que nous avons vu en quoi consiste notre méthode, essayer dans nos études, dans notre vie militante et personnelle, de voir les choses dans leur mouvement, dans leur changement, dans leurs contradictions et dans leur signification historique, et non à l'état statique, immobile, de les voir et de les étudier aussi sous tous leurs aspects et non d'une façon unilatérale. En un mot, d'appliquer partout et toujours l'esprit dialectique. [4]»

A ce titre, la méthode employée (la seule juste d'un point de vue réellement révolutionnaire) est valable pour tous les pays pris à la fois séparément dans leur développement historique fait de révolutions et contre-révolutions, et pris dans leur interaction organique avec les autres pays qui composent l’ensemble qu'est l'économie mondiale avec son système de relations politiques internationales (« La politique, c'est un concentré de l'économie. » rappelait Lénine [5]), lesquels forment une totalité contradictoire, car soumise à la lutte des classes, en évolution constante.

Les faits historiques et les monuments qui leur confèrent une mémoire publique doivent être appréhendés d’un point de vue de classe anticapitaliste et non d’une manière purement subjective qui en dernière instance reflète un moment donné des intérêts de la classe opposée. Car n’ayons cesse de le rappeler : « Chaque culture nationale comporte des éléments, même non développés, d'une culture démocratique et socialiste, [...] Mais dans chaque nation, il existe également une culture bourgeoise (et qui est aussi, la plupart du temps, ultra réactionnaire et cléricale), pas seulement à l'état d'« éléments », mais sous forme de culture dominante. [6]»

G. Gastaud fait allusion à Staline. Pour autant il n'est « pas un inconditionnel de Staline » (com. pers.). Son rappel est pertinent, car Staline et la direction soviétique de l'époque ont eu - force est de le constater - une approche dialectique de la question des personnages historiques de l'histoire russe et cela a contribué à la victoire de l'Armée rouge sur le germano-fascisme (nazisme). Il est bon de le rappeler en ce jour du 24 juin, alors que c'est « ce même jour, en 1945, que se tenait le légendaire défilé des vainqueurs, lors duquel des combattants de l'Armée rouge revenus de la guerre ont défilé sur la place Rouge. [7]»

NOTES

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Gastaud

[2] Michel AYMERICH, Statues déboulonnées hier et aujourd'hui : les masques tombent ! http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2020/06/statues-deboulonnees-les-masques-tombent.html

[3] Ibid.

[4] https://www.marxists.org/francais/politzer/works/principes/principes_18.htm

[5]https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1922/04/d11c/vil19220400-04c11.htm

[6] Michel AYMERICH, Statues déboulonnées hier et aujourd'hui : les masques tombent ! Ibid.

[7] En savoir plus sur RT France : https://francais.rt.com/international/76234-moscou-defile-militaire-consacre-75-ans-victoire-place-rouge?utm_source=browser&utm_medium=push_notifications&utm_campaign=push_notifications

Je suis pour une attitude nuancée sur les statues...
Clara-Zetkin-Park (Berlin)
" ... et surtout, aspect principal, revendiquer EN PLUS des statues de Marx, de Robespierre, de Toussaint Louverture,de Clara Zetkin, de Duclos, de Croizat, de Sankara, de Jeanne Labourbe, de Politzer, etc." (G. Gastaud) Ici statue de Clara Zetkin érigée du temps de la RDA. Toujours présente au Clara-Zetkin-Park (Berlin)

Par Georges GASTAUD

Salut.

Bel article Michel,

j'en ai écrit un sur le site d'IC (cf la Une [Voir lien suivant. M.A.]), mais outre l'aspect culture dominante/culture dominée,que tu abordes savamment, j'aborde aussi la question des périodes montantes ou déclinantes des classes dominantes comme le fit par ex. Staline à propos de la Russie. Il n'a pas unilatéralement fustigé le tsarisme comme tu le sais et il a demandé à Eisenstein de célébrer A. Nevski et Ivan le Terrible, qui repoussèrent des envahisseurs, matèrent les féodaux et unifièrent la Russie. Et autant aux USA, il n'y a rien à sauver des statues des dirigeants sudistes, autant il faut suspecter la vraie signification des mouvements indigénistes et décoloniaux français qui veulent AUSSI ET SURTOUT, condamner toute l'histoire de la construction française unilatéralement rabattue sur le colonialisme et sur l'esclavage. Ce qui fait bien les affaires de la gauche bourgeoise "dénationale" et européiste. Il y a donc deux fronts et non pas un seul.

Quand certains, applaudis par Ayrault (PS) veulent déboulonner Colbert en pleine casse industrielle de la France, ce n'est pas seulement à cause du Code noir, c'est parce que Colbert est, avant Marcel Paul, le plus grand constructeur de l'industrie d'Etat du pays et qu'il était protectionniste.

Badigeonner les statues de De Gaulle en écrivant sottement sur leur socle "esclavagiste", ou déboulonner celles de Jules Ferry en réduisant le premier à l'impérialisme et en niant la France libre et jeter à la mer le second au colonialisme aussi en ignorant l'école gratuite et laïque, c'est de l'infantilisme du point de vue marxiste, mais surtout, c'est un joli coup pour la classe dominante "dénationale". Quant à flanquer à la mer Schoelcher, c'est sidérant, ce n'est quand même pas le symbole de l'esclavagisme, c'est le moins qu'on puisse dire. Attention à toute la différence qu'il y a entre le décolonialisme différentialiste importé des "States", et l'anticolonialisme universaliste qui était celui d"Henri Alleg ou de Sankara.

Je suis donc pour une attitude nuancée sur les statues:

* déboulonner celles de purs salopards n'ayant servi rien d'autre que la cause de la domination type Adolphe Thiers

* laisser en place, mais expliciter la signification des statues de "dominants" qui ont à la fois opprimé le peuple et construit la nation (par ex. Henri IV ou Sully, etc.) en comprenant que durant un temps, la monarchie capétienne alliée à la bourgeoisie alors progressiste, a construit le pays contrairement à ce qu'elle fait en gros depuis les années trente.

*et surtout, aspect principal, revendiquer EN PLUS des statues de Marx, de Robespierre, de Toussaint Louverture ,de Clara Zetkin, de Duclos, de Croizat, de Sankara, de Jeanne Labourbe, de Politzer, etc.

De l'existence de deux fronts... Remarques à propos de l'article « Statues déboulonnées hier et aujourd'hui: les masques tombent! »
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