Stalingrad, 2 février 1943, victoire historique de l'Armée rouge et tournant stratégique majeur de la Seconde Guerre mondiale...
Tous les mots mis en gras le sont par moi. M.A.
Par Michel AYMERICH
Avant d'inviter à la lecture d'extraits d'un discours de Léon LANDINI, résistant FTP-MOI (Francs tireurs et partisans de la main d’oeuvre immigrée), Président du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) – 2006, je propose quelques considérations préliminaires.
En 2001, j'ai vu pour la première fois (peu de temps après sa sortie) le film Stalingrad réalisé par Jean-Jacques Annaud. Le personnage principal est le personnage réel de Vassili Zaitsev, un tireur d'élite de l'Armée rouge à qui on attribue d'avoir réussi à tuer 225 soldats et officiers de la Wehrmacht et de ses alliés pendant la bataille de Stalingrad. Dans le film, on le voit être amené à se confronter au major Heinz Thorvald, envoyé par les Allemands pour le liquider.
J'en avais parlé lors d'un des mardis soir auxquels je participais ces années là, mardis soir tenus régulièrement par l'Association Les écologistes de Leuzière. Près de deux décennies plus tard je n'ai toujours pas oublié l'espèce de sidération ressentie, mêlée d'un certain dégoût, face à la réaction de l'un des participants, lequel me répondit qu'il ne faisait pas de différence entre les deux camps.
Autrement dit, il ne faisait pas la différence entre les soldats et officiers de l'Armée rouge et ceux de la Wehrmacht. Il ne faisait, donc, pas la différence entre l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS, État fédéral composé de républiques fédérées, ainsi que de républiques et régions autonomes...) et l’État racial qu'était l'Allemagne fasciste ! Ainsi, il ne faisait pas la différence entre un régime qui -bon an mal an- a promu dans ses frontières et internationalement les peuples historiquement opprimés du fait de leur race ou de leur ethnie et le régime nazi qui a intentionnellement et systématiquement exterminé 6 millions de Juifs parce-que nés Juifs [1], mais aussi liquidé physiquement des centaines de milliers de Tziganes (entre 220.000 et 500.000), des millions de soviétiques [2], etc.
Un régime qui, Poutine l'a rappelé récemment, signifiait :
« La Shoah a été l’anéantissement délibéré d’un peuple. Mais nous devons nous rappeler que les nazis ont voulu réserver le même sort à de nombreux autres peuples. Les Russes, les Biélorusses, les Ukrainiens, les Polonais et de nombreux autres peuples ont été déclarés Untermensch [sous-hommes]. Leur terre devait servir d’espace de vie aux nazis et leur assurer une existence prospère, tandis que les Slaves et les autres peuples devaient être exterminés ou devenir des esclaves sans droits, sans culture, sans mémoire historique et sans langue. [3] »
Cet homme qui m'a ainsi durablement outré était un scientifique dans un domaine relevant des sciences naturelles. Il n'était pas plus idiot qu'un autre et plutôt plus cultivé -du moins dans les questions indépendantes de la connaissance de l'histoire et des catégories politiques adjacentes- que la moyenne.
Mais voilà, c'était un petit bourgeois et en tant que tel il appartenait à une classe dépourvue par sa nature sociale d'indépendance idéologique. La petite bourgeoisie est économiquement (et idéologiquement) située entre les deux pôles antagonistes que sont le prolétariat et la bourgeoisie. Le prolétariat organisé politiquement en classe consciente d'elle même n'étant plus en capacité d'exercer son hégémonie, c'est la bourgeoisie qui a retrouvé son hégémonie idéologique longtemps mise à mal.
Il était, donc, un reflet passif de l'air du temps -redevenu idéologiquement bourgeois- qui déjà depuis un bon bout de temps à l'époque était pollué par la réécriture éhontée de l'histoire et le recul des valeurs authentiquement progressistes portées par le mouvement ouvrier organisé...
Le Parti communiste français (PCF) avait exercé longtemps, du simple fait du rapport de forces résultant de son ancrage dans la classe ouvrière et le peuple (en 1978, il obtenait encore aux élections législatives 5.793 139 voix, soit 20,61% des votants), une influence intellectuelle qui permettait une diffusion large de l'information articulée à la conception communiste du monde.
Mettre sur un même plan Union soviétique et IIIème Reich équivalait à nier la valeur et la signification historique, sociale et politique de la libération d'Auschwitz et de l'Europe du fascisme [4], et par conséquent à n'accorder aucune valeur au sauvetage en Europe, dans les territoires occupés en URSS et ailleurs (Proche Orient, notamment) de millions de vies juives que les nazis programmaient d'exterminer systématiquement (sans oublier les peuples slaves destinés à être remplacés par les «Aryens ») et ne reconnaître aucune valeur à la résistance en général des peuples au fascisme et en particulier à la résistance communiste française [5], laquelle fut décisive dans notre pays.
Tant que le PCF était fort, pareille négation se heurtait à une forte réprobation. En 2001, il était déjà fortement affaibli, sur tous les plans. Programmatiquement en premier lieu...
La défense de la mémoire historique n’a jamais cessée d’être un enjeu politique d’une importance incontournable. Cela la bourgeoisie internationale et ses chiens de garde idéologiques l'ont bien compris.
Le rapport de forces dans nombre de sociétés européennes s’est nettement dégradé en défaveur des communistes et de leur capacité à se référer à l'histoire pour éclairer leurs partisans et au-delà de leurs rangs, les sympathisants, les travailleurs et les citoyens en général. La réécriture de l’histoire ne rencontre dorénavant que trop peu de résistance.
Ainsi dans le cadre de ce rapport de forces désavantageux, le 19 septembre 2019, le Parlement européen votait une résolution anticommuniste primaire [6] mettant sur le même plan nazisme et... communisme ! [7] Et ce avec la complicité de la fausse gauche, cette «gauche» qui renie tout ou disons l'essentiel de ce qui la caractérisait...
Sans conscience historique, pas de conscience politique durable susceptible de se confronter aux multiples tentatives d'obscurcir la conscience et de la retourner en son opposé.
Le prolétariat [8] - toutes couches réunies par leur condition de productrices de plus-value pouvant être « jetées à la rue » (licenciées), dès que devenues sans utilité pour le Capital – ne peut parvenir à l'état de classe pour soi [9] dans la durée s'il ne parvient pas à cultiver sa conscience historique en tant que partie intégrante de sa culture de classe.
Une culture avec ses références, ses dates, ses héros qui fournissent des repères et permettent une identification.
Il en va, ayons en également conscience, de l’importance de la question des éléments de langage politique, de la maîtrise des concepts, lesquels dépendent fortement de la capacité à s'orienter dans le réel. Un réel, constitué du passé, du présent et d'un devenir ouvert à plusieurs possibles.
L'avenir reste ouvert à plusieurs possibilités. La plus probable -celle relevant de la nécessité bien comprise- est que le socialisme (au sens marxiste et communiste d'étape précédant le communisme...) succèdera au capitalisme devenu incapable de répondre aux besoins de tous les peuples qui composent l'humanité. Et le passage de la formation économique et sociale capitaliste au socialisme sera fortement encouragé par l'existence d'une Chine devenue enfin la première économie mondiale.
Voici quelques mois j'écrivais ces lignes auxquelles je n'ai rien à retrancher. Bien au contraire, eu égard au rôle mondialement réactionnaire que je ne décrirai pas ici et maintenant, joué par les pays capitalistes, petits et grands.
« Pour ma part, excepté si le passage au socialisme commencera plus tôt qu'imaginé dans les pays riches d'aujourd'hui, je pense que celle-ci (la Pax Socialiste à la chinoise) ne pourra que constituer une période historique relativement brève qui initiera la transition de l'économie mondiale au socialisme international, transition fortement impulsée pour le bien de l'humanité par le remodelage des relations économiques entre tous les pays que la puissance économique et politique de la République populaire de Chine rendra possible... [10]»
NOTES
[1] Michel AYMERICH, 75ème anniversaire de la libération d’Auschwitz. Quelles leçons ont été tirées ? http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2020/01/75eme-anniversaire-de-la-liberation-d-auschwitz.quelles-lecons-ont-ete-tirees.html
[2] Michel AYMERICH, Le 22 juin 1941, les fascistes allemands déclenchent la guerre totale contre le "judéo-bolchévisme"! http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2016/06/le-22-juin-1941-les-fascistes-allemands-declenchent-la-guerre-totale-contre-le-judeo-bolchevisme.html
[3] Discours de Vladimir Poutine à Yad Vashem : « Ce crime avait des complices »,
[4] Michel AYMERICH, Décès de Semion Rosenfeld, soldat juif de l'Armée rouge, dernier survivant du camp nazi de Sobibor, http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2019/06/deces-de-semion-rosenfeld-soldat-juif-de-l-armee-rouge-dernier-survivant-connu-du-camp-nazi-de-sobibor.html
[5] Michel AYMERICH, Décès du héros de la Résistance Arsène Ttchakarian, combattant du groupe Manouchian ! http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2018/08/deces-du-heros-de-la-resistance-arsene-ttchakarian-combattant-du-groupe-manouchian.html
[8] « Par prolétaire, au sens économique, il faut entendre le travailleur salarié qui produit du capital et le met en valeur ; il est jeté sur le pavé aussitôt qu'il est sans utilité pour l'appétit de plus-value du Capital. » (Karl Marx, Le Capital, Livre 1., 1867)
[9] La conception marxiste distingue la classe en soi de la classe pour soi. La classe des travailleurs (prolétaires) existe comme une donnée objective. Elle existe indépendamment de la conscience qu'en ont ou pas ses membres. La classe pour soi, c'est la conscience d'exister en tant que classe.
Un prolétaire politiquement conscient, c'est un travailleur conscient que ses intérêts sont fondamentalement (la plupart du temps) opposés à ceux de la classe des « capitalistes modernes, propriétaires des moyens de production sociale et qui emploient le travail salarié » (Engels*) *« On entend par bourgeoisie la classe des capitalistes modernes, propriétaires des moyens de production sociale et qui emploient le travail salarié. On entend par prolétariat la classe des ouvriers salariés modernes qui, privés de leurs propres moyens de production, sont obligés pour subsister, de vendre leur force de travail. » (Cf. Note d'Engels de 1888 pour l'édition anglaise du Manifeste du Parti communiste).
Extrait d’un discours de Léon LANDINI, résistant FTP-MOI (Francs tireurs et partisans de la main d’oeuvre immigrée), Président du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) – 2006
Le 2 février 1943, l’Armée rouge remporta sur les bords de la Volga une victoire jamais égalée pour la liberté des peuples. Les soviétiques rencontrèrent une résistance fanatique des Hitlériens et de leurs satellites dont une division de SS lettons qui fut détruite dans des combats acharnés. Dans l’offensive et la bataille de Berlin, qui mit un point final à la guerre, l’Armée rouge perdit 300 000 hommes. Au cours de la grande guerre patriotique, l’Union soviétique compta 27 millions de morts.
À Stalingrad, l’armée hitlérienne flanquée des armées fascistes de Hongrie, Roumanie, Slovaquie et Italie, y subit une défaite irrémédiable, qui ouvrit, dans l’été 1943 avec la bataille victorieuse de Koursk, l’ère des offensives généralisées de l’armée soviétique. Ces offensives la conduiront jusqu’à Berlin où le 30 avril 1 945 à 15 heures 30, elle plantera sur le Reichstag le drapeau rouge orné de l’emblème de la faucille et du marteau acculant, vingt minutes plus tard et à quelque distance de là, Hitler au suicide.
Les soviétiques rencontrèrent une résistance fanatique des Hitlériens et de leurs satellites dont une division de SS lettons qui fut détruite dans des combats acharnés. Dans l’offensive et la bataille de Berlin, qui mit un point final à la guerre, l’Armée rouge perdit 300 000 hommes. Au cours de la grande guerre patriotique, l’Union soviétique compta 27 millions de morts.
En ce 2 février 2006, soixante trois années après la victoire de Stalingrad, nous voulons clamer notre indignation et notre colère contre les héritiers et continuateurs du nazisme et du fascisme, les nostalgiques de Mussolini, de Hitler et de l’Europe allemande antibolchévique qui croient le moment venu de prendre leur revanche sur Stalingrad. Ces fascistes veulent faire interdire le communisme et son emblème, la faucille et le marteau, par l’Europe supranationale (*) où ils tiennent désormais, après l’élargissement à l’Est, le haut du pavé. Ils veulent blanchir les crimes monstrueux de l’hitlérisme et du fascisme et ils espèrent y parvenir en instaurant l’euro-maccarthysme et son cortège de chasse aux sorcières visant à criminaliser le communisme. Ils sont parvenus à saisir, en 2005, la Commission de Bruxelles d’une demande d’interdiction de l’emblème du communisme, et, le 25 janvier 2006, le Conseil de l’Europe pour la condamnation du communisme. S’ils ont été mis en échec dans le premier cas, et s’ils n’ont pas obtenu la majorité requise dans le second, il n’en reste pas moins qu’ils vont amplifier leurs efforts car ils ont rassemblé le vote de 99 députés fascistes et néo-munichois, toujours habités par l’anticommunisme et l’antisoviétisme.
(*) Ce que craignait et dénonçait Léon Landini, en 2006, est advenu le 19 septembre 2019 !
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