Crime d'Etat: le 16 juillet 1942, la police française arrête 13 152 juifs !
Travailleurs non juifs, artisans, commerçants, pas de propagande antisémite dans notre quartier ! […] Les maris, les fils de la population juive étaient au front en première ligne avec nous […], avec nous, ils travaillent et luttent.
Article susceptible d'être amélioré, voire légèrement complété ultérieurement...
Par Michel AYMERICH
Parmi les crimes antisémites, la rafle du Vel’ d’Hiv, dont le nom de code cynique était «Vent printanier », est l'un des plus monstrueux commis en France.
Le 22 juin 1941, soit 13 mois auparavant, les fascistes allemands déclenchaient la guerre totale contre le «judéo-bolchévisme» [1] en envahissant l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). « Il s'ensuivit la plus grande guerre de tous les temps; les plus grandes batailles de l'histoire, dont Stalingrad continue de frapper les esprits; les plus grands massacres par balles, dont Babi Yar; la conférence de Wannsee (20 janvier 1942) et la mise en œuvre de «la solution finale»; Auschwitz; la plupart des 6 millions de Juifs tués parce-que Juifs; la victoire de l'Armée rouge lors de la bataille finale de Berlin qui provoqua les suicides de Hitler et de Goebbels et conduisit à la destruction définitive du régime nazi et son IIIème Reich, et mis fin à ses camps d’extermination programmée. L'ensemble au prix de 28 millions de morts soviétiques ! [1]»
Tract massivement diffusé...
Dès avant la guerre totale des fascistes contre le «judéo-bolchévisme», un tract de mai 1941 titre « Brisons l’arme de l’antisémitisme ! Unissons-nous ». Tiré à 75 000 exemplaires, il dénonce l’internement de 5 000 juifs dans les camps de transit de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, d’où 15 000 hommes, femmes et enfants seront déportés [2].
L'historienne Annette Wieviorka rappelle:
"A la suite des internements à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, le Parti communiste imprime un tract: Brisons l'arme de l'antisémitisme. Unissons-nous. Il faut noter que ces arrestations n'ont guère ému la Résistance et que le parti communiste semble être le seul à manifester sa réprobation. (...). Ce tract dénonce "le Commissariat général aux questions juives, organisme d'importation nazie que dirige le cagoulard six-fevriériste Xavier Vallat qui fait arrêter bestialement cinq mille travailleurs autrichiens, polonais, tchécoslovaques coupables d'être juifs. Cela s'est déroulé au milieu de scènes indescriptibles de séparation dont certaines ont été suivies de suicides"" [3].
«Chaque juif libre et vivant est une victoire sur notre ennemi»
Le 6 juin 1942, soit six semaines avant la rafle du Vel’ d’Hiv, les communistes de la FTP-MOI diffusent très largement un appel en yiddish à travers Solidarité, organisation clandestine du secteur juif de la MOI .
«Frères et sœurs […], D’après les informations que nous recevons de source sûre, les Allemands vont organiser une rafle et une déportation massive de juifs. […] Le danger est grand ! […] La question qui se pose pour chaque juif est : que faire pour ne pas tomber dans les mains des bandits SS ? Que faire pour hâter leur fin et ma libération ? […] 1. Ne pas attendre à la maison les bandits. Prendre toutes les mesures pour se cacher et pour cacher en premier lieu les enfants avec l’aide de la population française sympathisante. 2. Après avoir garanti sa propre liberté, adhérer à une organisation de combat patriotique pour battre l’ennemi sanguinaire et venger ses crimes. 3. Si l’on tombe entre les mains des bandits, résister par tous les moyens, barricader les portes, appeler à l’aide. On n’a rien à perdre. On peut juste y gagner la vie. Chercher sans cesse à fuir. […] Chaque juif libre et vivant est une victoire sur notre ennemi.»
Le 20 janvier 1942 se tient la conférence de Wannsee qui réunit une quinzaine de dignitaires du régime nazi sous la présidence de Reinhard Heydrich. Son but est de résoudre les problèmes logistiques posés par la « solution finale » de la question juive qui a déjà commencé. Notamment dans les territoires occupés de Pologne et d'URSS.
Les 16 et 17 juillet 1942 sont raflés 13 152 juifs étrangers ou «apatrides» à Paris par 7000 membres de la police et de la gendarmerie française, appuyées par quelques centaines de fascistes du Parti Populaire français de Jacques Doriot (PPF).
Ce même Doriot qui avait participé à création le 8 juillet 1941 de la Légion des volontaires français contre le bolchévisme (dite Légion des volontaires français ou LVF), soit 15 jours après le déclenchement de l'invasion de l'URSS, et combattra sur le front de l'Est avec le grade de lieutenant de la Waffen-SS...
Peu de survivants...
Moins de cent adultes seulement auront survécu aux camps nazis. Parmi les 4115 enfants arrêtés aucun n’en reviendra !
Quant aux responsables pour leur implication dans l’organisation de la rafle, tel Jean Leguay, représentant du secrétaire général de la police nationale en zone occupée, ils demeureront longtemps impunis [4].
L'historienne Anne Lacroix-Riz en apporte une explication. Elle vient de publier un ouvrage [5] qui traite spécifiquement de la « non épuration en France qui a permis à nombre des acteurs de la collaboration, notamment économique, et du régime de Vichy de se maintenir et conserver leur main mise sur la France. [6]»
Un ouvrage bienvenu en ces temps de réaction généralisée, dont la réécriture de l'histoire a largement contribué à paver la voie...
NOTES :
[4] «Jean Leguay, le représentant du secrétaire général de la police nationale en zone occupée, est inculpé pour son implication dans l’organisation de la rafle, mais il meurt avant d’être jugé, en 1993. » http://db.yadvashem.org/deportation/supervisorsDetails.html?language=fr&itemId=7452515
[5] https://www.youtube.com/watch?v=Gq4kM26VETw&feature=youtu.be