Semi-érudits et vrais illusionnistes, antisionisme moderne vs antisionisme du passé...
Nous devons transcender les clivages politiques et partisans, construire une réponse de grande ampleur pour relever ce défi de civilisation. L’heure est donc au courage civique, à la résistance républicaine. Plus que jamais la grandeur de notre culture est à défendre. Cette barbarie est à combattre sans faiblesse.
Article actualisé le 12/07/2019.
Tous les mots et phrases mis en gras le sont par ma propre initiative. M.A.
Par Michel AYMERICH
Lors de la marche nationale du 19 février 2019 contre l'antisémitisme, j'ai eu le plaisir de rencontrer à Montpellier Jean-Claude Gayssot, ancien ministre communiste et auteur de la loi Gayssot réprimant le racisme et l’antisémitisme, promulguée le 13 juillet 1990 [1].
Nous avons eu une discussion intéressante et à l'issue de celle-ci, le camarade m'a donné un texte qu'il a préparé et que je reproduis ici.
Jean-Claude Gayssot a le courage politique de proposer « que la France adopte la définition européenne de l'IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance). Parmi les 11 points de l'Antisémitisme figure la négation d'Israël. Tout en précisant que la critique du gouvernement d'Israël ne fait pas partie de l'antisionisme. »
En d'autres termes, tout gouvernement peut être critiqué. Ou non. Mais critiquer ne peut pas prendre la forme et le contenu d'une entreprise d'éradication d'un État national [2]. Qui plus est de l’État-nation hébreu issu d'une lutte de libération nationale. On peut critiquer telle ou telle politique de tel ou tel gouvernement dans le monde, sans toutefois les confondre (politique et gouvernement donnés) avec la nation (l’État national), dont ils portent un temps donné la responsabilité. Cela vaut pour tous les États nationaux. On peut critiquer Macron, mais œuvrer à la destruction complète de l’État-nation français et à la liquidation des citoyens français qui résisteraient à cette entreprise ne relève pas de la critique, mais de la guerre d'anéantissement. Dans l'histoire, il y a eu quelques tentatives d'éradication d'un État - en l’occurrence l'État fédéral multinational qu'était l'URSS - et de larges parties de sa population. Ce fut le cas de la guerre totale contre le dit « judéo-bolchévisme » [3] qui n'est pas sans rappeler la guerre totale actuelle contre le « sionisme ». En d'autres termes la guerre totale actuelle contre Israël, l’État-nation hébreu issu du combat de libération de nationale des Hébreux.
Lequel État est à l'absolu opposé de la volonté inventée de colonisation (au sens de l'histoire coloniale) auquel les antisionistes tentent frauduleusement de le réduire, en réécrivant outrancièrement l'histoire d'Israël [4] afin d'inverser le sens logique de l'histoire et travestir sa chronologie.
L'obsession anti-israélienne qui condamne systématiquement sionisme et État hébreu est à nulle autre égale! Elle trahit souvent la nouvelle forme que prend l'antisémitisme. Ce dernier, sous sa forme classique, est répréhensible. Il est du fait d'Auschwitz et du judéocide (Shoah) répréhensible. Alors, l'antisémitisme mute, il masque son fond réel quand nécessaire. Pour un temps seulement. Dorénavant, en France, comme ailleurs, la parole antisémite redevient de plus en plus décomplexée...
Il est parfois pénible de devoir énoncer des évidences, tant elles devraient s'imposer d'elles-mêmes à toute personne douée un tant soit peu de capacité de réflexion logique.
Eh bien, d'évidence cette capacité s'est raréfiée là où elle devrait être une caractéristique saillante.
Ainsi l’opposition entre l'antisionisme du passé et l'antisionisme moderne devrait s’imposer à tout esprit critique.
Pourtant une assimilation ahistorique de l’antisionisme moderne - celui d’après la naissance de l’État hébreu en mai 1948 - avec l’antisionisme du passé, datant d'avant la seconde guerre mondiale, règne chez certains semi-érudits et vrais illusionnistes, et sévit dans une partie majoritaire de ce qu'il est convenu d'appeler abusivement la gauche.
Parfois aussi, chez les mêmes, on peut lire qu'être Juif ne se rapporte en rien à une nation (ou une ethnie...), mais exclusivement à l'appartenance à la religion du même nom!!!
Que ceux parmi eux qui sont Juifs (il y en a!!!) aillent, donc, faire des courbettes et montrer patte blanche pour tenter de convaincre les antisémites qu'étant athées ils ne sont que de parents juifs mais que eux-mêmes ne sont pas Juifs. Ceux qui avaient tenté l'opération auprès des nazis se sont retrouvés auprès de leurs coreligionnaires dans les mêmes chambres à gaz...
Ici, je ferai une courte parenthèse avant de reprendre mon raisonnement. On appelle aujourd'hui la gauche ce qui n'est pas la droite. La belle affaire ! Mais en quoi se différencient-elles ?
Pendant plusieurs décennies qui ont précédé et suivi la Révolution russe d’octobre 1917, l’opposition souvent antagonique entre Menchéviks et bolchéviks rendait impossible de les subsumer tous les deux sous le vocable artificiellement unificateur de gauche. De surcroît, pendant la guerre civile russe et l’intervention étrangère de 14 pays capitalistes entre 1918 et 1922 contre la Russie soviétique, les menchéviks s’étaient fréquemment rangés du côté de la contre-révolution...
Longtemps au XXe siècle, on délimitait de façon plus large, révolution et contre-révolution, marxisme révolutionnaire et marxisme légal, puis plus tard marxisme révolutionnaire et « stalinisme», marxisme et antimarxisme de droite et de « gauche ». L'anarchisme était classé non seulement comme utopique, mais encore comme petit-bourgeois et anti-marxiste. Donc, par conséquent anticommuniste...
Placer arbitrairement dans une unique catégorie - la gauche-, éléments et organisations réformistes comme révolutionnaires, communistes comme socialistes, etc., a toujours été une méthode de la réaction. Quelle qu'elle soit... Trotsky faisait remarquer : «Ces rapprochements et ces identifications sont essentiellement caractérisés par l'ignorance complète des assises matérielles des diverses tendances, c'est-à-dire de leur nature sociale et, dès lors, de leur rôle historique objectif. On y apprécie et classe par contre les diverses tendances d'après des indices extérieurs et secondaires, le plus souvent d'après leur attitude envers tel ou tel principe abstrait auquel le classificateur attribue professionnellement une signification particulière. Pour le pape, les francs-maçons, les darwinistes, les marxistes et les anarchistes sont frères en le sacrilège puisqu'ils repoussent tous l'Immaculée Conception. Pour Hitler, le libéralisme et le marxisme, ignorant l'un et l'autre "le sang et l'honneur", sont des jumeaux. Jumeaux pour le démocrate, le fascisme et le bolchevisme puisqu'ils refusent de s'incliner devant le suffrage universel. Et cætera.» [5]
Fermeture de la parenthèse et explication du pourquoi de cette digression. Certains semi-érudits et vrais illusionnistes sont classés et se classent eux-même abusivement à la gauche de l'échiquier politique. Pourtant, une observation précise de leur positionnement politique démontre qu'ils sont alternativement de par leur antisionisme les agents de l'expansionnisme islamique [6] et de la diplomatie de l'impérialisme français qui à travers le Quai d'Orsay se rallie la plupart du temps à la politique d’incitation systématique au terrorisme et à l’antisémitisme de la dite «Autorité palestinienne» d’Abou Mazen (Mahmoud Abbas) [7]. Ils représentent donc la couverture de «gauche» des besoins du Capital d'origine hexagonale...
Je reprends, donc, mon raisonnement premier. Nul besoin d'être « trotskiste » au sens de l'appartenance à une organisation se réclamant plus ou moins à tort ou à raison de l'ensemble ou d'une partie de ses écrits pour admettre que Trotsky était incontestablement la seconde personnalité, après Lénine, parmi les dirigeants de la Révolution russe d'octobre 1917.
La pensée de Trotsky -indépendamment de ses positions plus que discutables (en vérité devenues dans les faits contre-révolutionnaires...) envers la direction et l’État soviétique après 1933 (dans le contexte de l'établissement du fascisme en Allemagne...)- est d'autant plus intéressante qu'elle peut légitimement illustrer ce qu'aurait pu être l'évolution logique de l'approche marxiste révolutionnaire sur la question nationale juive, notamment celle de Lénine.
Après avoir polémiqué contre les conceptions sionistes (au sens de ce qu'il signifiait AVANT la seconde guerre mondiale) et contre celles défendues par le Bund (L’Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie), dans le cadre de sa lutte pour forger un parti ouvrier révolutionnaire internationaliste en mesure de résoudre les questions de l'exploitation et de l'oppression nationale, Lénine a commencé à reconnaître l’existence de la nation juive.
En 1914, il publie son Projet de loi sur l'égalité en droits des nations :
« Ce projet de loi est consacré à l'abrogation de toutes les restrictions de caractère national frappant toutes les nations: Juifs, Polonais, etc. Mais il s'arrête plus particulièrement sur les restrictions imposées aux Juifs. Cela se conçoit : aucune nationalité de Russie n'est aussi opprimée et persécutée que la nation juive. L'antisémitisme pousse de racines toujours plus profondes parmi les couches possédantes. Les ouvriers juifs gémissent sous le poids d'un double joug, qui les frappe en tant qu'ouvriers et en tant que juifs. Les persécutions contre les Juifs ont pris, dans les dernières années, des proportions absolument invraisemblables. Il suffit de rappeler les pogroms antisémites et l'affaire Beylis. Ceci étant, les marxistes organisés doivent accorder à la question juive toute l'attention qu'elle mérite.[...] En publiant notre projet de loi, nous espérons que les ouvriers juifs, polonais et les ouvriers des autres nationalités opprimées feront savoir ce qu'ils en pensent et qu'ils proposeront des amendements, s'ils le jugent nécessaire. [...] Nous joindrons à ce projet de loi, conformément à l'article 4, une liste rédigée à part, des règlements et des dispositions à abroger. Ce supplément comportera environ 100 dispositions légales concernant les seuls juifs. » [8]
Lénine, rappelons-le, fit appel en mars 1923 à Trotsky dans l'une de ses toutes dernières interventions politiques pour prendre la défense des Géorgiens accusés de nationalisme...
Trotsky rapporte dans Ma vie ce qui suit :
« Lénine avait chargé son secrétariat de réunir un dossier complet sur la question géorgienne et était résolu à se prononcer ouvertement. Il est difficile de dire ce qui l'avait le plus ému de la déloyauté de Staline ou de sa politique brutalement bureaucratique dans la question nationale. Probablement, la combinaison de l'une et de l'autre. Lénine se préparait à la lutte, mais il craignait de ne pouvoir parler lui-même au congrès, et cela le tourmentait.
--Si l'on s'entendait avec Zinoviev et Kaménev ? lui suggèrent ses secrétaires.
Mais Lénine fait un geste de contrariété. [...]
--Mais ne savez-vous pas ce que pense Trotsky de la question géorgienne? demande Lénine.
--Trotsky au plenum [Assemblée plénière du comité central. --N.d.T.] s'est prononcé tout à fait dans votre esprit, répond Glasser qui avait été secrétaire au plenum.
--Vous ne vous trompez pas ?
--Non, Trotsky a accusé Ordjonikidzé, Vorochilov et Kalinine de ne pas comprendre la question nationale.» [9]
Lénine dicta en conséquence ces quelques lignes adressées à Trotsky :
10 ans plus tard, en octobre 1933, Trotsky aborde de nouveau la question nationale, cette fois sous la forme concrète de la question d'un « État juif sous le régime capitaliste ». La même année, le 30 janvier 1933, Hitler a été nommé chancelier du Reich (un poste équivalent à celui de Premier ministre) par le maréchal Paul von Hindenburg, le président de la République.
Trotsky ne croyait pas à la possibilité qu'un «État juif» puisse être créé tant que le capitalisme demeurait le mode de production dominant dans le monde et déterminait les destinées de celui-ci. Il ne s'opposait donc pas systématiquement à l'autodétermination nationale des Juifs. Mais il ne la croyait possible qu'une fois la révolution socialiste victorieuse dans les principaux pays du monde.
Il écrivait: «Le sionisme détourne les travailleurs de la lutte des classes en faisant miroiter l'espoir irréalisable de fonder un état juif sous le régime capitaliste. Mais un gouvernement des travailleurs est lié par l'obligation d'assurer aux juifs, comme à toute autre nation, les meilleures conditions pour leur développement culturel; ce qui implique, entre autres, d'offrir aux juifs qui le désirent leurs propres écoles, leur propre presse, leur propre théâtre, etc. et leur propre territoire avec une administration autonome pour leur développement. Le prolétariat international n'agira pas autrement une fois qu'il se sera rendu maître de la terre entière. Dans le domaine de la question nationale, on ne doit souffrir aucune restriction; au contraire il faut pourvoir aux besoins culturels de toutes les nationalités et de tous les groupes ethniques. Si tel ou tel regroupement national est condamné à dépérir (d'un point de vue national), alors, que ce soit le résultat d'un processus naturel, mais jamais la conséquence de quelconques difficultés d'ordre territorial, économique ou administratif [10]»
En décembre 1938, Trotsky réaffirmait sa conviction que seul le combat révolutionnaire offrait une solution face à ce qui était devenue sa «certitude [de] l'extermination des juifs» qui s'annonçait: «La victoire du fascisme dans ce pays [la France, M.A.] signifierait un grand renforcement de la réaction et une monstrueuse croissance d'un violent antisémitisme dans le monde entier, surtout aux États Unis. Le nombre de pays qui expulsent les Juifs ne cesse de croître. Le nombre de pays capables de les accueillir diminue. En même temps la lutte ne fait que s'exacerber. Il est possible d'imaginer sans difficulté ce qui attend les Juifs dès le début de la future guerre mondiale. Mais, même sans guerre, le prochain développement de la réaction mondiale signifie presque avec certitude l'extermination physique des Juifs [11]. »
Il avait écrit ces lignes avant la signature du Pacte de non-agression [12] des représentants de l'URSS avec l'Allemagne nazie, lesquels espéraient repousser le plus longtemps possible l'inévitable [13] guerre totale des fascistes contre la matérialisation étatique du « judéo-bolchévisme », l’État soviétique [14].
Il ajoutait :
« La Palestine s'est révélée un tragique mirage [ce en quoi, l'histoire l'a démontré, il se trompait! M.A.], le Birobidjan une farce bureaucratique.[...] Maintenant plus que jamais le destin du peuple juif — pas seulement leur destin politique, mais leur destin physique — est lié indissolublement à la lutte émancipatrice du prolétariat international. [...] La IV° Internationale appelle les masses populaires juives à ne pas se faire d'illusions et à affronter ouvertement la réalité menaçante. Il n'est de salut que dans la lutte révolutionnaire. [...] Le temps presse. Un jour, aujourd'hui, équivaut à un mois ou même à une année. [15]»
Donc, si Trotsky, dans la logique de ce raisonnement, rejetait la solution sioniste (« Il n'est de salut que dans la lutte révolutionnaire»), c'est parce qu'il était avant tout préoccupé par la menace imminente d'extermination des Juifs.
Le 15 juin 1940, soit deux mois avant son assassinat par un agent stalinien, il revenait sur la question d'un «État indépendant]» juif :
«Trotsky. - Avant d'oublier - le parti devrait élaborer une sorte de plate-forme pour la question juive, un bilan de toute l’expérience du sionisme, avec la simple conclusion que le peuple juif ne peut se sauver que par la révolution socialiste. Je crois que nous pouvons avoir une importante influence à New York parmi les ouvriers de la confection.
Gordon. - Qu'est-ce que vous proposeriez comme approche tactique ?
Trotsky. - C'est autre chose. Je n'ai pas assez d'informations sur cette étape. D'abord il faut leur donner une perspective, critiquer tout leur passé, la tendance démocratique, etc. Établir pour eux que la révolution socialiste est l'unique solution de la question juive. Si les ouvriers et paysans juifs revendiquaient un État indépendant, bien, mais ils ne l'ont pas obtenu sous la Grande-Bretagne. Mais, s'ils le veulent, le prolétariat peut le leur donner. Nous ne sommes pas pour, mais seule la classe ouvrière victorieuse peut le leur donner [16].»
Les révolutionnaires qui ébranlèrent durablement le monde, Lénine et Trotsky, reconnaissaient l’existence de la nation juive. Pour autant ni Lénine ni Trotsky ne semblaient informés que si les « persécutions contre les Juifs ont pris, dans les dernières années, des proportions absolument invraisemblables » (Lénine) en Russie en 1914 et avant, elles étaient également insupportables dans les pays conquis par l'Islam.
«Rien n'éclaire mieux la condition dégradée du dhimmi que le cas du Yémen.» écrit l'historien Nathan Weinstock qui poursuit «Dans ce pays tout homme arbore à sa ceinture un poignard recourbé. Le port du poignard est cependant interdit aux Juifs, illustrant ainsi symboliquement la manière dont le Juif est perçu par les Musulmans : comme un sous-homme. Ce statut d'avilissement imposait aux dhimmis une discrimination vestimentaire, leur interdisait les montures nobles (chevaux et chameaux), les contraignaient à céder la place à tout Musulman sur lesquels ils ne pouvaient évidemment exercer aucune espèce d'autorité, les exposait à des tributs spécifiques («kharaj» et «jizya») et autres taxes additionnelles, sans qu'ils fussent protégés pour autant contre les excès répétés de la populace.» [17]
Voici comment le communiste Henri Alleg décrit les «victimes de discriminations particulières, strictement codifiées. Les Juifs de Boukhara […] installés dans l'émirat depuis des siècles, [lesquels] sont par exemple astreints à vivre dans un quartier spécial et l'entrée de la ville leur est interdite après le coucher du soleil. Les maisons qu'ils habitent ne peuvent en aucun cas être plus hautes que celles des Musulmans et ils doivent hisser des chiffons au-dessus des toits, pour bien distinguer leurs maisons de celles des autres habitants […] A certaines époques, il leur est défendu de porter d'autres vêtements que des surtouts de couleur noire et au lieu du turban, qui coiffe souvent les Boukhariotes, ils n'ont droit qu'au calot carré noir – la «tubeteïka» […]. La loi ne les autorise pas à monter un cheval ou un mulet. Devant les tribunaux, leur témoignage, lorsqu'un des plaideurs est musulman reste sans valeur [18]. »
Il en était ainsi dans tous les États soumis à l'Islam.
Said Sayagh a écrit L’Autre Juive. Lalla Soulika, la tsadika. Né à Meknès, il est lui même descendants de Juifs ayant été contraints de se convertir à l'Islam. Dans son livre remarquablement écrit et bien informé, il restitue sous la forme d'une narration une histoire vraie sur fonds historique réel: celui de la terrible dhimmitude des Juifs au Maroc [19].
Mais si Lénine et Trotsky ont disparu avant la naissance de l’État-nation hébreu et n'ont pu développer leur analyse de l'oppression des juifs (le fait de demeurer Juif en terre conquise par l'Islam n'était au mieux toléré que transitoirement) par les musulmans et le rejet par ces derniers et pour cette raison de l'émancipation des Hébreux, d'autres communistes ont pu le faire.
Parmi eux, Paul Merker, résistant communiste allemand contre le fascisme qui fut dès 1927 membre du CC et du bureau politique du KPD (Kommunistische Partei Deutschlands), puis appartiendra de avril 1946 jusqu'à 1950 à la direction du Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED).
Tilman Tarach rappelle dans son ouvrage consacré à informer sur Israël - victime d'une désinformation massive et systématiquement orchestrée -, intitulé Der ewige Sündenbock (en français L'éternel bouc-émissaire), lequel mérite impérativement une traduction française, que dans un article publié en février 1948 dans Neues Deutschland (Organe du CC du SED), Paul Merker écrivait que «l'édification d'un État juif dans une partie de la Palestine avec ses idées progressistes et les efforts socialistes de son mouvement ouvrier ne restera pas sans conséquences sur la réaction féodale des rois, princes et muftis arabes. C'est la raison pour laquelle ces tenants du pouvoir absolutiste [...] excitent à la guerre réactionnaire contre le nouvel État juif. Une guerre des pays arabes contre le nouvel État juif profiterait seulement aux chefs féodaux et à certains groupes d'intérêts impérialistes. [20]»
Le même Paul Merker, libéré de prison et réhabilité [21], écrivait dans sa longue lettre adressée à la commission centrale de contrôle du Comité Central du SED, le 1 juin 1956:
« Je suis d'avis que ce point de vue que je représentais également était juste, même si – relativement à la construction d'un État-nation juif – il ne correspond pas à une déclaration de Lénine d'avant la première guerre mondiale. Mais le léninisme n'est pas un dogme et je suis fermement convaincu que Lénine aurait été le premier, compte tenu des crimes commis par le fascisme nazi contre les juifs, à respecter leur sentiment de profonde solidarité entre eux et leur aspiration à avoir leur propre pays. [22]»
Le Parti communiste français (PCF), quant à lui, écrivait en juillet 1948 dans Les Cahiers du communisme (publié par le Comité central) : «Dès la proclamation de l’État d'Israël, cinq États arabes, placés sous le contrôle britannique et agissant sur les ordres du gouvernement britannique : l’Égypte, la Syrie, la Transjordanie, l'Irak et le Liban lui déclaraient la guerre. […] La lutte que mène le peuple juif sur le territoire de la Palestine est liée à la lutte qui se déroule sur d'autres points du globe. Le partisan grec, le soldat de l'armée populaire chinoise, le combattant espagnol, les démocrates du Vietnam, les patriotes indonésiens, les résistants hindous sont les compagnons de lutte des soldats de la Haganna [23].»
Il est indispensable aujourd'hui que le PCF renoue avec une démarche saine et logique, indépendante de la diplomatie cupide du Quai d'Orsay et résolument opposée aux prétentions à la réislamisation de la terre d'Israël, étape tactique logique de l'entreprise stratégique réactionnaire de conquête islamique du monde.
Il en va de nos relations, actuellement bien trop médiocres, avec l’État hébreu, mais aussi de la nécessaire opposition à la politique de réislamisation [24] encouragée par les forces qui ont le plus grand intérêt à affaiblir et diviser les travailleurs du monde entier, dont ceux d'une France qui semble bien être devenue le maillon faible [25] de l'Europe.
L'antisémitisme mutant, lequel frappe de façon répétée la France, en est sans doute la démonstration la plus grave.
L'adoption d'une définition actualisée de l'antisémitisme est l'un des instruments qui doivent armer le combat renouvelé pour limiter les monstrueux méfaits qu'il engendre...
NOTES :
[1] « Promulguée le 13 juillet 1990, la loi dite Gayssot énonce dans son article premier que «toute discrimination fondée sur l’appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite.» Elle durcit ainsi les sanctions contre les auteurs ou les incitateurs d’actes et de propos racistes. En outre, pour la première fois cette loi qualifie de délit la contestation de « l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité », commis soit par « les membres d’une organisation déclarée criminelle » en application du statut édicté par le tribunal militaire international de Nuremberg en 1945, soit par « une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale » (article 9). La loi Gayssot condamne par conséquent le négationnisme, c’est-à-dire le fait de nier ou de minimiser l’existence des crimes contre l’humanité commis par les nazis. Présentant le texte aux sénateurs, Pierre Arpaillange, garde des Sceaux et ministre de la Justice, justifie cette condamnation par le fait que « la négation de l’Holocauste (…) n’est, aujourd’hui, qu’une expression du racisme et le principal vecteur de l’antisémitisme. » Le négationnisme devient donc un délit. » https://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu06800/la-loi-gayssot-reprimant-le-racisme-et-l-antisemitisme.html
[3] Michel Aymerich, Le 22 juin 1941, les fascistes allemands déclenchent la guerre totale contre le "judéo-bolchévisme"!
[5] Léo Trotsky, Leur morale et la nôtre. https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/morale/morale1.htm
[7] « Les autorités israéliennes ont décidé de geler une partie des revenus fiscaux qu’elles devaient verser à l’Autorité palestinienne au titre des Accords d’Oslo. Celle-ci a indiqué qu’elle n’accepterait aucun versement partiel.
La France regrette la décision des autorités israéliennes et exprime sa préoccupation que la situation financière déjà précaire de l’Autorité palestinienne ne s’aggrave encore. » (https://jerusalem.consulfrance.org/Gel-d-une-partie-des-revenus-fiscaux-verses-a-l-Autorite-palestinienne) Or de quoi s'agit-il ? Ori Ansbacher, une jeune fille juive de 19 ans a été violée, torturée et égorgée par un Arabo-musulman, dit « palestinien ». Ce massacre a provoqué un choc terrible dans la population. Le gouvernement a alors pris la décision de geler 122M€ de l’Autorité palestinienne destinés aux familles de terroristes, qui ont assassinés des civils israéliens parce que juifs. Car, IL FAUT LE SAVOIR, les familles des violeurs, égorgeurs, massacreurs de Juifs qui ont été abattus reçoivent une indemnité financière de l’Autorité palestinienne d’Abou Mazen qui incite systématiquement à la terreur et à l’antisémitisme ! Imaginez que les familles de Mérah et des frères Abdeslam reçoivent des allocations parce-que leurs fils sont tombés en « martyrs » et qu'un État proteste face à la décision de la France d'y mettre fin. On en est là !
[8] https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1914/03/vil19140328.htm
[9] Léon Trotsky, MA VIE. 39 La maladie de Lénine, https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv41.htm
[10] Michel Aymerich, Le « trotskysme » et la « gauche des imbéciles » vs Trotsky et l’État des Hébreux autodéterminés! http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2017/05/le-trotskysme-et-la-gauche-des-imbeciles-vs-trotsky-et-l-etat-des-hebreux-autodetermines.html
[11] Michel Aymerich, Le « trotskysme » et la « gauche des imbéciles » vs Trotsky et l’État des Hébreux autodéterminés! Ibid.
[13] En 1932, donc avant la nomination d'Hitler au poste de chancelier par le Feldmaréchal Von Hindenburg, Trotsky prévoyait: «Peu importe de savoir qui, des deux adversaires, prendra formellement l'initiative ; une guerre entre l’État hitlérien et l'Union soviétique serait inévitable, et cela à brève échéance. Les conséquences de cette guerre seraient incalculables.», La victoire d'Hitler signifierait la guerre contre l'U.R.S.S., https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/00/320000a.htm
[14] Michel Aymerich, Le 22 juin 1941, les fascistes allemands déclenchent la guerre totale contre le "judéo-bolchévisme"! Ibid.
[15] Michel Aymerich, Le « trotskysme » et la « gauche des imbéciles » vs Trotsky et l’État des Hébreux autodéterminés! Ibid.
[16] Ibid.
[17] http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2016/06/histoires-de-chiens.html
[18] Henri Alleg, Etoile rouge et croissant vert, Messidor/ Temps actuels, Paris 1983, p.124.
[20] Michel Aymerich, Marx et les bolcheviks face à l'Islam !
http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2017/09/marx-et-les-bolcheviks-face-a-l-islam.html
[21] Paul Merker, résistant communiste allemand contre le fascisme fut dès 1927 membre du CC et du bureau politique du KPD (Kommunistische Partei Deutschlands), puis il appartiendra de avril 1946 jusqu'à 1950 à la direction du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands), le parti au pouvoir en RDA. Il sera condamné à 8 ans de prison en 1955 (mais libéré et réhabilité une année plus tard!) pour avoir, notamment, représenté des «tendances sionistes» («zionistische Tendenzen»).
[22] Michel Aymerich, Marx et les bolcheviks face à l'Islam ! Ibid.
[23] Florimond BONTE, Sur le territoire de la Palestine, carrefour stratégique du monde in Cahiers du communisme, juillet 1948, p. 720.
Marx et les bolcheviks face à l'Islam ! - A contre air du temps
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1948. LES JUIFS EN GRAND DANGER DANS TOUS LES PAYS MUSULMANS ! - A contre air du temps
"LES JUIFS EN GRAND DANGER DANS TOUS LES PAYS MUSULMANS. Neuf cent mille en Afrique et en Asie font face à la colère de leurs ennemis" Ce sera une guerre d'extermination et un massacre mémorable...