« La Chine – comme je la vois »
Egon Krenz, dernier secrétaire général du Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED) fait un exposé lors du 7ème Forum mondial du socialisme en 2016 en Chine.
Je n’abandonne pas l’idéal du socialisme. L’idée du socialisme est tout aussi impossible à détruire que l’idée du christianisme...
Traduction en allemand: http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2019/02/china-wie-ich-es-sehe.html
Ajout de la longue note n°10... (06/10/2018)
Par Michel AYMERICH
Le premier octobre 1989 Egon Krenz conduisait la délégation officielle de la République démocratique allemande (RDA) à l’occasion du 40e anniversaire de la République populaire de Chine (RPC). 40 ans plus tôt le 1er octobre 1949, la RPC avait été proclamée.
Sa petite sœur, la RDA, naissait quant à elle le 07 octobre, soit près d'une semaine plus tard.
Revenu en RDA, Krenz s'exprimait auprès de ses camarades avec ces mots : « Je remercie d'avoir pu diriger la délégation. Je suis très enthousiasmé par ce que j'ai pu voir en Chine. Toutes mes discussions avec des personnalités dirigeantes de la République populaire de Chine étaient positives. » se souvient Erich Honecker en 1990 [1], alors que la RDA a été détruite, victime du second Anschluss [2]...
27 ans plus tard, en octobre 2017 se tient le 19e congrès du Parti communiste chinois.
C'est-à-dire un siècle exactement après la Révolution socialiste d'octobre 1917 en Russie, dont Xi Jinping dit: « Il y a cent ans, les salves de la Révolution d'Octobre ont apporté à la Chine le marxisme-léninisme. Des éléments avancés en Chine ont découvert, à travers la vérité scientifique du marxisme-léninisme, la clé de la résolution des problèmes chinois. [3]»
Lors du 19e congrès, Egon Krenz est de nouveau présent à Peking. La République populaire de Chine quant à elle est plus forte que jamais. Elle est devenue la seconde économie du monde et deviendra sans doute dans 10 ou 15 ans la première.
De ses voyages politiques dans cette république aux 56 nationalités, vaste comme un continent, il en a tiré un livre China – Wie ich es sehe («La Chine – comme je la vois»), lequel fait l’objet de l’Interview réalisée par Sputnik en allemand et dont je partage ci-après une traduction.
Dans ce livre que j’ai littéralement dévoré et qui mérite sans tarder une traduction en français, j’ai eu la pleine confirmation de ma propre analyse de ce qu’est la République populaire de Chine et de la politique réelle du Parti communiste chinois (PCC). Ma propre analyse, à laquelle je suis parvenu après mes voyages en Chine et maintes lectures récentes et passées, dont Résolution sur quelques questions de l'histoire de notre parti depuis la fondation de la République populaire (1949-1981).
Le PCC a maintenu sa ligne communiste, marxiste et léniniste, dans les faits, sans théâtre, sans verbiage pseudo-révolutionnaire, à l’opposé du gauchisme au sens de la définition qu’en donnait Lénine, dans son ouvrage dont le titre parle à lui seul : « Le gauchisme, maladie infantile du communisme ».
Egon Krenz fait observer ce qui fréquemment n'est guère compris en Occident et sans doute parfois en Chine même chez certains citoyens : «Dans l’évaluation du socialisme à la chinoise, il y a, selon mes observations, un malentendu fondamental. Le fait que la Chine soit un pays socialiste ne signifie pas que la Chine a déjà le socialisme. L’État socialiste est la base politique de la création d'une nouvelle organisation sociale. Le pays est "actuellement et cela pour longtemps encore aux premiers stades du socialisme" a déclaré le secrétaire général. Cette situation du pays "reste aussi inchangée que sa position internationale en tant que plus grand pays en développement du monde." [4]»
Je connais Egon Krenz depuis la première moitié des années 90, alors que dans le cadre de l'Alternative Enquête-Kommission deutsche Zeitgeschichte (Commission d'Enquête Alternative de l'histoire contemporaine allemande) présidée par notre regretté ami et camarade, le philosophe Wolfgang Harich [5], nous avions publié chacun une contribution dans Die kurze Zeit der Utopie [6], ouvrage collectif d'une quinzaine d'auteurs auquel nous avions participé sous la direction du même Harich, édité par le professeur Siegfried Prokop.
L'Alternative Enquête-Kommission deutsche Zeitgeschichte s’efforçait d'opposer un compte rendu historique plus équilibré face à la commission officielle qui instrumentalisait l'histoire dans un but anticommuniste. But ô combien pratique afin de détruire toute résistance à une union monétaire rapide, de ne laisser aucune chance aux entreprises est-allemandes et de faire place nette aux grands groupes ouest-allemands... [7]
J’ai un profond respect pour cet homme que la justice de classe a osé condamner à 6 ans et demi de prison, donnant tout son sens à cette réflexion honnête de Helmut Schmidt, ancien chancelier fédéral d'Allemagne de l'Ouest : « À l'égard des communistes après 1990, on s'est comporté d'une manière bien pire que ce qui avait été fait au début de l'Allemagne fédérale à l'égard des anciens nazis » [8].
Réfléchissant aux succès remportés par les communistes de Chine, Egon Krenz fait son autocritique : «Marx, Engels et Lénine ne sont pas responsables du fait que le socialisme européen n'existe plus. Ce furent plutôt des gens comme moi, lesquels avaient une grande responsabilité, qui sont à blâmer de que le marxisme-léninisme resta chez nous trop souvent à l’état de dogme. [ 9]»
Il peut faire cette autocritique, car il reste justement animé par son idéal. Dans l’interview qui fait l'objet de l'article que je partage plus bas, l'ancien haut dirigeant exprime sa conception du monde :
«Je n’abandonne pas l’idéal du socialisme. L’idée du socialisme est tout aussi impossible à détruire que l’idée du christianisme, qui a maintenant plus de 2000 ans et qui se manifeste encore et encore, même s’il y a eu des luttes et même s’il y a eu des crimes. Mais les idéaux des gens sont juste forts. Je crois que le capitalisme n’est pas le dernier mot de l’histoire, mais que le socialisme a une chance. Quand et comment – c’est complètement différent. » [10]
Egon Krenz fait montre ainsi de sa fidélité à l'idéal du socialisme, première phase de la société communiste. Ce faisant, il fait écho à ses camarades allemands et chinois qui partagent la même Weltanschauung (conception du monde).
Werner Eberlein [11] (fils de Hugo Eberlein, cofondateur du Parti communiste d'Allemagne et compagnon de lutte de Rosa Luxemburg...) qui fut également membre du Bureau politique (BP) du Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED), écrivait en 1994 après le second Anschluss qu'a été l'annexion de la RDA: « Je suis né avec un « héritage génétique » communiste et je suis resté fidèle à cette idée, à travers des hauts et beaucoup de bas. Je ne sais pas combien d'années de vie me sont encore accordées, je ne sais pas quels obstacles m'attendent encore, mais je sais avec certitude que je resterai fidèle à cette cause! [12]»
Quant à l'idéal des communistes chinois, dont le premier d'entre eux, voici ce qu'écrit François Bougon :
«L'univers historique de Xi Jinping est peuplé de héros. De ceux que le régime chante depuis 1949, tous ces hommes et femmes qui ont participé à la Longue Marche et lutté pour l'avènement du communisme. [...] La première génération à avoir été bercée par ces légendes glorieuses est celle de Xi. Et lui personnellement peut à double titre se prêter à cette adulation, car son père, Xi Zhongxun, a été un de ces héros, un compagnon de Mao : engagé encore adolescent dans les rangs de la guérilla du nord-ouest du pays, il a rejoint l'avant-garde de la révolution.[13] »
Ces temps à jamais révolus où impérialismes occidentaux et japonais se partageaient la Chine... Egon Krenz souligne aux pages 34-35 de son livre qu'on ne doit pas oublier qu'il existait il y a plus d'un siècle un ordre de tirer (Shiessbefehl) sur les Chinois et rappelle ce faisant le soit disant « Hunnenrede » du Kaiser Wilhelm II du 27 juillet 1900. Discours dans lequel le Kaiser disait : « A l'instar des Huns d'il y a mille ans [...] que le nom des Allemands s'inscrive grâce à vous pour le millénaire à venir de manière à ce que aucun Chinois n'ose plus jamais regarder un Allemand de travers ! »
Les anticommunistes ont proclamé partout, haut et fort, que le communisme était mort, amalgamant par un tour de passe passe idéologique sociétés qui n'étaient pas communistes et ne prétendaient même pas l'être (les dirigeants de ces sociétés affirmaient par contre faussement avoir déjà édifié le socialisme...) et MOUVEMENT communiste. Grossière erreur et un mensonge auquel ont fini par croire les prestidigitateurs qui taisaient et continuent de taire l'existence de la République populaire de Chine en tant que État socialiste - dirigé par un parti communiste - et l'évolution réelle du pays, non vers la restauration du capitalisme, mais vers le socialisme. Erreur, motivée à la base par des objectifs de manipulation des esprits et de neutralisation des luttes menées dans le monde pour remplacer le capitalisme par la voie socialiste.
Le poète chilien Pablo Neruda avait trouvé ces mots justes pour caractériser l'esprit de l'anticommunisme::
« FERMEZ BIEN LA PORTE !
Les communistes forment une bonne famille... Ils ont le cuir dur et le coeur solide...Partout les coups pleuvent sur eux... Des coups spéciaux, des coups pour eux... Vivent les spirites, les royalistes, les aberrants, les criminels de toute espèce... Vive la philosophie creuse et sans squelettes... Vive le chien qui aboie et qui mord, vivent les astrologues libidineux, vive le porno, vive le cynisme, vivent les crevettes, vive tout le monde, mais à bas les communistes!... Vivent les ceintures de chasteté, vivent les conservateurs qui depuis cinq siècles ont les pieds noirs à cause de leur politique et qui ne se les lavent pas... Vivent les poux des villes misérables, vive la fosse commune gratuite, vive l'anarcho-capitalisme,[…] vivent tous les mysticismes... Tout va très bien... Tout le monde est héroïque... Tous les journaux peuvent et doivent paraître, il y a place pour tous, sauf ceux des communistes... […]. Vive le carnaval, vivent les derniers jours de carnaval… Il y a des masques pour tous... Le masque de l'idéaliste chrétien, de l'homme d'extrême-gauche, de la bonne dame de charité et des matrones des petits pauvres...Mais, attention ! surtout ne laissez pas entrer les communistes... Fermez bien la porte ...»
L'immense République populaire de Chine (RPC), avec sa population de 1 milliard et 380 millions d'habitants, a remporté des succès spectaculaires dans la lutte contre la pauvreté et rappelle qu'elle maintient son objectif historique: la voie patiente qui mène du stade primaire du socialisme dans lequel se trouve toujours la RPC [14] au stade final du socialisme, phase première du communisme.
Le livre d'Egon Krenz en témoigne...
NOTES
[1] Reinhold Andert, Wolgang Herzberg, Der Sturz, Erich Honecker im Kreuzverhör, Aufbau-Verlag, Berlin und Weimar, 1990, p. 95.
[2] Le premier Anschluss est celui du début de l'annexion en mars 1938 de l'Autriche par l'Allemagne nazie. Il est remarquable que sur le bulletin de vote du 10 avril 1938 il est écrit : «Es-tu d'accord avec la réunification de l'Autriche avec le Reich allemand qui fut décrétée le 13 mars 1938, et votes-tu pour le parti de notre chef Adolf Hitler ?». Les nazis comme leurs successeurs aujourd'hui parlaient de réunification et non d'annexion. Il est vrai que le premier Anschluss avait remporté une bien plus grande adhésion de la population de l'Autriche que ce ne fut le cas en RDA face au second Anschluss... Voir à propos du Second Anschluss: VLADIMIRO GIACCHE, Le Second Anschluss. L’annexion de la RDA. (L’unification de l’Allemagne et l’avenir de l’Europe), http://editionsdelga.fr/portfolio/vladimiro-giacche/
[3] http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2017/11/texte-integral-du-rapport-de-xi-jinping-au-19e-congres-national-du-pcc.html
[4] « Bei der Beurteilung des Sozialismus chinesischer Prägung gibt es nach meiner Beobachtung ein fundamentales Missverständnis. Die Tatsache dass China ein sozialistisches Land ist, bedeutet keinesweg dass China schon den Sozialismus hat. Der sozialistisches Staat ist die politische Grundlage dafür, dass die neue gesellschaft Ordnung überhaupt gestaltet werden kann. Das Land befindet sich « derzeit und auch noch lange Zeit im Anfangstadium des Sozialismus », erklärte der Generalsekretär. Diese Gegebenheit des Landes bleibe ebenso unverändert wie seine « internationale Stellung als das weltweit grösste Entwicklungsland. » Egon Krenz, China – Wie ich es sehe, Édition ost 2018, p. 58.
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Wolfgang_Harich
[6] Prokop, Siegfried (Hrsg.) Die kurze Zeit des Utopie: die "zweite" DDR im vergessenen Jahr 1989-1990, Berlin 1994.https://www.booklooker.de/B%FCcher/Prokop+Die-kurze-Zeit-der-Utopie-Die-zweite-DDR-im-vergessenen-Jahr-1989-90/id/A01jAU7E01ZZQ
[7] Dans le journal La Tribune, on peut lire ceci: "Cet ouvrage, "Le Second Anschluss", déconstruit un des grands contes de fées contemporain : le succès de la réunification allemande. Dans un livre richement documenté et à la logique implacable, Vladimiro Giacchè montre que la RDA de 1989 était certes une économie déclinante, mais elle n'était pas « en banqueroute » comme l'ont prétendu les dirigeants ouest-allemands pour justifier une union monétaire rapide. [...] Aucune chance n'a, en réalité, été laissée aux entreprises est-allemandes. Place nette aura été faite pour les groupes ouest-allemands et la population de l'ex-RDA en aura fait les frais. C'est pourquoi Vladimir Giacchè revendique le terme « d'annexion » qui a été banni du débat public allemand.
25 ans après la réunification, il est peut-être temps d'ouvrir ce dossier. D'autant que le scandale Volkswagen est venu rappeler que « l'exemplarité » allemande demeure sujette à caution. " (La Tribune, L'ex-RDA est un Mezzogiorno au centre de l'Europe, 02/10/2015) http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/l-ex-rda-est-un-mezzogiorno-au-centre-de-l-europe-509960.html
[8]Der Spiegel, 2 janvier 2006, p. 51. Cité in Vladimiro Giacché, Le second Anschluss. L'annexion de la RDA. Édition Delga, 2015, p 96. Voir également: http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2017/02/roger-trugnan-juif-communiste-resistant-francais-a-auschwitz.html
[9] « Marx, Engels und Lenin sind nicht schuld daran, dass es den europaïschen Sozialismus nicht mehr gibt. Eher waren Leute wie ich, die grosse Verantwortung trugen, Shuld daran, dass der Marxismus-leninismus bei uns zu oft nur ein Dogma blieb.» Egon Krenz, China – Wie ich es sehe, Édition ost 2018, pp. 78-79.
[10] Je comprend que l'on puisse d'un point de vue se voulant marxiste être heurté par le raisonnement suivant : «Je n’abandonne pas l’idéal du socialisme. L’idée du socialisme est tout aussi impossible à détruire que l’idée du christianisme, qui a maintenant plus de 2000 ans et qui se manifeste encore et encore, même s’il y a eu des luttes et même s’il y a eu des crimes. Mais les idéaux des gens sont juste forts.»
«Idéal», «idée du christianisme» qui ne peut être détruite, réduction de « l'idée du socialisme » à celle du christianisme, voilà qui heurte à première vue. J'ai hésité à sélectionner cette idée pour la mettre en exergue. Mais je l'ai quand même choisie pour sa dimension rhétorique, pour sa valeur tactique face à tous ceux excessivement nombreux, prompts à condamner l'idéal du socialisme au sens de première phase du communisme, mais compréhensifs, dès qu'il s'agit de christianisme ou d'Islam, ou encore de bouddhisme. Les rapports de force et surtout les intérêts afférents expliquent la « tolérance » (la compréhension est moindre lorsqu'il s'agit de judaïsme, le rapport de forces étant défavorable à ce dernier).
Le camarade Krenz a argumenté en personnalité politique et non d'un point de vue théorique strict, face à ses détracteurs qui ne veulent pas réfléchir ni comprendre, mais CRIMINALISER. Je ne doute pas qu'en marxiste il saisisse la différence entre les deux idéaux.
Évidemment, l'on peut et doit d'un point de vue théorique marxiste, expliquer que «La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple.
L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l’auréole » (Karl Marx, Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel).
En ce sens philosophiquement matérialiste et dialectique -le seul juste - la religion est à terme périssable. Elle est née dans des conditions données et finira par disparaître avec le temps dans des conditions matérielles (économiques et sociales) radicalement modifiées, lesquelles rendent la religion superflue.
Quant au socialisme au sens communiste du terme, son besoin découle de la nécessité. Le socialisme est à venir. En cela, il n'est pas comparable à une religion, christianisme ou autre.
Il n'est donc pas « le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme [...] l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. » Il n'est pas « l’opium du peuple ».
Il est la conscience de la nécessité, l'émergence de l'esprit et donc le début du règne de la liberté...
[11] Werner Eberlein était le fils de Hugo Eberlein qui aux côtés de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht fut membre de la Ligue spartakiste (Spartakusbund) et cofondateur en 1918 du Kommunistische Partei Deutschlands (KPD), dont il votera l'adhésion à l'Internationale communiste (IC) en mars 1919. Le 30 juillet 1941, Hugo Eberlein sera condamné à mort lors d'un procès stalinien et exécuté le 16 octobre 1941 en URSS. Son fils Werner deviendra membre du Bureau politique (BP) du Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED)...
[12] « Ich bin mit kommunistischer "Erbmasse" zur Welt gekommen und bin dieser Idee treu geblieben, über Höhen und durch viele Tiefen. Ich weisse nicht, wieviel Jahre Leben mir noch vergönnt sind, ich weisse nicht, welche Hürden noch auf mich warten, aber ich weisse mit Sicherheit, dass ich dieser Sache treu bleiben werde! » Werner Eberlein, Ansichten, Einsichten, Aussichten, SPOTLESS-Verlag, Berlin,1994, p. 94.
[13] François Bougon, Dans la tête de Xi Jinping, Solin/Actes Sud, octobre 2017, p.95.
[14] «Il faut également comprendre que, bien que la principale contradiction sociale ait changé, notre affirmation sur la phase historique où se trouve le socialisme en Chine n'a pas changé : notre pays se trouve et se trouvera encore longtemps dans le stade primaire du socialisme, et cette réalité fondamentale n'a pas changé ; la Chine demeure le plus grand pays en développement dans le monde, et ce statut international n'a pas changé. Tous les membres du Parti sont appelés à lutter pour faire de la Chine un grand pays socialiste beau, moderne, prospère, puissant, démocratique, harmonieux et hautement civilisé. Pour ce faire, les membres du Parti doivent se conformer à la réalité fondamentale et aux conditions réelles de notre pays, à savoir qu'il est encore au stade primaire du socialisme [...]», Rapport de Xi Jinping au 19e Congrès national du PCC, http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2017/11/texte-integral-du-rapport-de-xi-jinping-au-19e-congres-national-du-pcc.html
Egon Krenz: la Chine comme opportunité pour le monde – et pour le socialisme réel
« La Chine – comme je la vois » est le titre d’un livre récemment publié chez « edition ost ». Dans ce livre, Egon Krenz contredit l’image de la Chine offerte habituellement dans les médias en République fédérale. L’auteur a présenté le livre jeudi à Berlin.
La Chine fournit un exemple de la façon dont les problèmes sociaux peuvent être résolus afin que tous les citoyens en retirent quelque chose. C’est ce qu’Egon Krenz (né en 1937), dernier secrétaire général du SED et président du Conseil d’Etat de la RDA, a déclaré dans une interview mercredi à Berlin. Il a présenté son nouveau livre « la Chine – Comment je la vois » dans la galerie du quotidien « jungeWelt ». Il y rend compte de ses six visites à « l’Empire du Milieu » et de ses impressions.
Avec ce livre, il s’oppose à la représentation traditionnelle de la Chine dans les médias allemands. Ceux-ci sont toujours anti-communistes et ne refléteraient donc pas une image réaliste du développement chinois, comme le fait Krenz. Il l’a clairement indiqué à travers plusieurs exemples concrets. Et aussi: la Chine ne cherche pas la domination mondiale, comme on le suppose en Occident. Au contraire, en coopération avec les autres États, elle souhaite résoudre les problèmes mondiaux communs, dans l’intérêt de tous.
Après la présentation du livre, Sputnik lui a posé quelques questions:
M. Krenz, combien de fois êtes-vous allé en Chine? Et comment voyez-vous la Chine?
En tout, je suis allé en Chine six fois. En 1989, à l’occasion du 40e anniversaire de la République populaire, je dirigeais la délégation officielle de la RDA. A cette époque, j’ai eu des conversations très intéressantes avec Jiang Zemin et Deng Xiaoping. Jiang Zemin a cité en allemand de mémoire les derniers mots du Faust de Goethe lorsque je suis arrivé dans son bureau. Il a rappelé qu’il avait visité Weimar en tant que ministre et avait été impressionné par l’antifascisme de la RDA. Il a souligné à quel point les traditions peuvent être différentes, en particulier à Weimar, ville de musique classique avec Goethe et Schiller, et d’un autre côté, Buchenwald – la barbarie du fascisme.
Après le fameux «Tournant» et ma sortie de prison en 2003, je me suis rendu en Chine à plusieurs reprises, principalement à l’invitation de l’Académie des sciences sociales, et une fois par l’Institut de recherche stratégique. Bien sûr, les amis chinois ont voulu savoir comment j’évalue la disparition de l’Union soviétique. Et quelles erreurs ont conduit au fait que la RDA n’existe plus. Je pense que les dirigeants chinois, le Parti communiste chinois et les différentes institutions réfléchissent très fort à ce qui peut être appris de la chute de l’URSS.
Comment considérez-vous la Chine aujourd’hui, d’après ce que vous avez pu voir?
Surtout, je vois la Chine comme un pays socialiste. Ou plutôt, en tant que pays socialiste sur la voie de la construction du socialisme. J’étais dans le pays lorsque le 19e congrès du Parti communiste chinois a eu lieu (automne 2017 – ndlr) et j’ai ainsi pu connaître l’agenda ambitieux du parti. Ils se sont fixé comme objectif d’être un pays socialiste fort d’ici 2049, le 100e anniversaire de la fondation de la République populaire, un pays où les gens aiment vivre et où les gens vont bien. Je pense que c’est un excellent objectif. Je considère tout le développement de la République populaire chinoise comme une preuve que la chute de l’Union soviétique en 1991 n’était pas la fin du socialisme existant.
L’affirmation faite à une époque « Le socialisme est foutu, Jésus est vivant et le capitalisme est le but ultime de l’histoire » ne tient pas compte de la République populaire de Chine. Pour moi, la Chine est un espoir. Je pense qu’au 21ème siècle, personne ne pourra ignorer la Chine. Je suis personnellement très heureux de la bonne coopération entre la Fédération de Russie et la République populaire de Chine. La coopération de la Chine et de la Russie également au Conseil de sécurité de l’ONU donne une très forte impulsion à la préservation de la paix. Je continuerai à suivre l’évolution de la situation en République populaire et je crois fermement qu’il s’agit d’une construction socialiste réussie.
Vous ne partagez pas la vision occidentale du développement de la Chine. Comment verriez-vous cette différence? Comment évaluez-vous la représentation occidentale, en particulier celle des médias grand public, du développement de la Chine?
Pour l’évaluation de la Chine, ainsi que pour l’évaluation ultérieure de la RDA, il existe un modèle d’explication en Occident : il s’agit de l’anticommunisme. Et pas seulement l’anticommunisme. C’est aussi la distorsion des faits. La Chine que je vis est très différente de ce que les médias rapportent ici. Et c’est toujours une tentative de s’élever en humiliant les autres. Je trouve que le point de vue de l’Allemagne sur la Chine est préjudiciable à l’Allemagne. L’Allemagne étudie les expériences de la Chine uniquement afin d’en tirer parti pour son propre développement.
Vous serez toujours et encore confronté à votre visite en Chine en 1989, à Pékin, qui sera toujours associé aux événements de la place Tiananmen. On prétend que vous auriez pensé à une « solution à la chinoise » pour la RDA. Que dites-vous à quelqu’un comme moi qui vous le rappelle?
Je me trouvais le 1er octobre 1989, à l’occasion du 40e anniversaire de la fondation de la République populaire à Pékin. A cette époque, je dirigeais la délégation de la RDA. Cette visite a été accompagnée par une campagne des médias ouest-allemands contre moi disant que j’aurais menacé de trouver une solution par la violence en RDA. Je me suis plaint de cela et les faits ont parlé pour moi. Le tribunal de district de Hanovre a pris une décision et a déclaré que les déclarations faites contre moi étaient diffamatoires. Incidemment, il n’y a jamais eu de discussion en République populaire de Chine sur la manière d’utiliser la force – et encore moins sur la manière de prévenir la violence.
Vous avez mentionné plus tôt dans le livre que cela vous avait été dit à Beijing.
Oui, quand j’étais à Pékin, nous avons discuté de la manière d’édifier le socialisme, pas de la manière d’utiliser la violence contre les gens.
Comment voyez-vous l’idée du socialisme aujourd’hui? La Chine est un exemple de tentative pour continuer dans cette voie. Comment voyez-vous les opportunités face au développement international et mondial?
C’est un processus. Je pense que ceux qui veulent le socialisme ne devraient jamais se laisser abuser par la propagande contre des États qui ont un objectif socialiste. En plus de la Chine, il y a des développements au Vietnam, au Laos, à Cuba et, bien sûr, des efforts au Venezuela pour aller dans une autre direction. Les efforts pour maintenir l’idée socialiste en vie sont multiples. Je n’abandonne pas l’idéal du socialisme. L’idée du socialisme est tout aussi impossible à détruire que l’idée du christianisme, qui a maintenant plus de 2000 ans et qui se manifeste encore et encore, même s’il y a eu des luttes et même s’il y a eu des crimes. Mais les idéaux des gens sont juste forts. Je crois que le capitalisme n’est pas le dernier mot de l’histoire, mais que le socialisme a une chance. Quand et comment – c’est complètement différent.
Cette année est commémoré de différentes manières le 200ème anniversaire de Karl Marx. J’ai récemment revu cette affiche, qui est apparue à la fin de la RDA et où il est écrit sous le portrait de Marx à peu près ceci: « Désolé, camarades, c’était une erreur ». Comment voyez-vous cela?
Je pense que c’est l’affiche où il est dit: «C’était juste une idée comme ça». Je pense que Marx est à nouveau à l’ordre du jour. Même les économistes bourgeois ne peuvent éviter de citer le Capital. J’ai lu chez des intellectuels que le manifeste communiste est remarquablement bien écrit. Donc, Marx ne peut pas être tué, ni Engels – et je ne crois pas non plus Lénine.
Je dis toujours que l’on ne peut pas blâmer Marx, ni Engels, ni même Lénine, pour le fait que les générations suivantes n’ont pas réussi à mettre leurs œuvres en pratique. Aucun mathématicien ne proposerait l’idée de blâmer les mathématiques s’il a fait une erreur de calcul. Si nous nous trompons, vous ne pouvez pas en donner la responsabilité à Marx. Au contraire: je pense que le 200ème anniversaire devrait être l’occasion de lire vraiment Marx. Je me plains que l’on lit beaucoup sur Marx, mais malheureusement trop peu Marx lui-même.
Egon Krenz: « Chine – comment je la vois »/ « China – Wie ich es sehe » ; Édition ost 2018
155 pages, livre de poche; ISBN 978-3-360-01885-4; 12,99 Euro (en allemand, NdT)
Traduction de l’allemand par Marianne Dunlop, au retour de la fête du DKP à Dortmund, pour Histoire et Société.
SOURCES :
https://de.sputniknews.com/politik/20180428320504007-china-sozialismus-egon-krenz/
" China - Wie ich es sehe " - A contre air du temps
Egon Krenz, letzter Generalsekretär der Sozialistischen Einheitspartei Deutschlands (SED), hält einen Vortrag auf dem 7. World Socialist Forum 2016 in China. Ich gebe das Ideal des Sozialismus nicht
http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2019/02/china-wie-ich-es-sehe.html
Traduction de l'article en allemand...
Texte intégral du rapport de Xi Jinping au 19e Congrès national du PCC - A contre air du temps
Il y a cent ans, les salves de la Révolution d'Octobre ont apporté à la Chine le marxisme-léninisme. Des éléments avancés en Chine ont découvert, à travers la vérité scientifique du ...