Le « trotskysme » et la « gauche des imbéciles » vs Trotsky et l’État des Hébreux autodéterminés!
L'antisionisme, c'est le socialisme des imbéciles
Par Michel AYMERICH
Ajout de la photo de Trotsky avec la citation sur "la certitude [de] l'extermination physique des Juifs" (18/04/2018)
Actualisé le 18/05/2021.
« L'antisémitisme, c'est le socialisme des imbéciles » disait le socialiste révolutionnaire Auguste Bebel. Force est de constater qu'au plus tard depuis les lendemains d'Auschwitz et de la seconde guerre mondiale, l'antisionisme est devenu le socialisme des imbéciles !
Les temps actuels sont réactionnaires. Lors des élections françaises au premier tour des présidentielles, les deux premiers candidats ont défendu un programme pro-capitaliste. L'un de type social-démocrate très droitisé et modernisé. L'autre d'extrême-droite axé, derrière un masque démagogique trompeur, sur le durcissement des défenses du système existant afin de pérenniser les conditions d'exploitation des travailleurs de France. Le troisième menaçait ouvertement les travailleurs d'un programme aux recettes rassies sous des couleurs implicitement catholiques. Le quatrième grand candidat proposait avec raison de passer à la sixième république, mais propageait en matière de politique étrangère des illusions dangereuses sur la nécessité d'un «État palestinien aux frontières sûres» en lieu et place de revendiquer la reconnaissance sans tergiversations d'un État pour les Juifs [1], lequel État hébreu, dénommé Israël, existe déjà depuis 70 ans dans un environnement islamisé potentiellement ethnocidaire, voire génocidaire... Aux tous derniers rangs, le candidat du NPA ridiculisait la caricature de «trotskysme» qu'il personnifiait. Et bonne avant-dernière, la candidate communiste-«trotskyste» (de type utopiste à la différence d'une organisation réellement léniniste...) de Lutte ouvrière exprimait des vérités essentielles qui ne rencontraient qu'un écho infime à la mesure de la déchéance de la conscience de classe en France et dans de grandes parties du monde...
Tous les candidats de «gauche» (je m'en tiens ici à ceux-là et à ceux-là seulement), ainsi que la majorité des cadres de leurs formations respectives, ont, sans bien le savoir, épousé sur la «question juive» et la question du «sionisme» qui lui est étroitement apparentée des positions historiques qui reflétaient dans le cadre de la guerre froide une adaptation opportuniste aux besoins, intérêts et calculs des pôles islamo-impérialistes sunnites et chiites concurrents.
«L'avenir est toujours une partie du passé. L'avenir peut être mieux construit et plus heureux quand les erreurs du passé sont révélées… Exprimer ce qui est et ce qui a été, a depuis toujours été le meilleur remède.» [2] écrivait en 1944 Paul Merker, résistant communiste allemand contre le fascisme, qui fut dès 1927 membre du CC et du bureau politique du KPD (Kommunistische Partei Deutschlands), puis du bureau politique du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, le parti au pouvoir en RDA) jusqu'à sa condamnation à 8 ans de prison en 1955 [3] pour avoir, notamment, représenté des «tendances sionistes» («zionistische Tendenzen» )...[4]
Dans son livre, Der ewige Sündenbock (en français L'éternel bouc-émissaire), ouvrage consacré à défendre Israël par le rappel de nombreux faits méconnus ou intentionnellement oubliés, Tilman Tarach rappelle que Paul Merker dans un article publié en février 1948 dans Neues Deutschland écrivait que «l'édification d'un État juif dans une partie de la Palestine avec ses idées progressistes et les efforts socialistes de son mouvement ouvrier ne restera pas sans conséquences sur la réaction féodale des rois, princes et muftis arabes. C'est la raison pour laquelle ces tenants du pouvoir absolutiste [...] excitent à la guerre réactionnaire contre le nouvel État juif. Une guerre des pays arabes contre le nouvel État juif profiterait seulement aux chefs féodaux et à certains groupes d'intérêts impérialistes.»[5]
Paul Merker, libéré de prison, écrivit une longue lettre adressée à la commission centrale de contrôle du CC du SED, le 1 juin 1956: «Je ne suis ni Juif ni sioniste -bien que dans un cas comme dans l'autre, ce ne serait pas criminel - je n'ai jamais eu l'intention de fuir vers la Palestine […].
« Je suis d'avis que ce point de vue que je représentais également était juste, même si – relativement à la construction d'un État-nation juif – il ne correspond pas à une déclaration de Lénine d'avant la première guerre mondiale. Mais le léninisme n'est pas un dogme et je suis fermement convaincu que Lénine aurait été le premier, compte tenu des crimes commis par le fascisme nazi contre les juifs, à respecter leur sentiment de profonde solidarité entre eux et leur aspiration à avoir leur propre pays.» [6]
Paul Merker fut de ces communistes volontiers oubliés, alors qu'ils s'efforçaient d'aborder la «question juive» dans une démarche authentiquement marxiste et communiste. Force est de constater que ceux à gauche, notamment parmi ceux qui se réclament subjectivement du communisme, mais demeurent activement «antisionistes», ne font que perpétuer l'abandon de l'analyse marxiste de la question nationale en l'adaptant au discours et à la pratique factuellement islamistes.
Abandon aux conséquences anticommunistes devenu sur cette question d'importance cruciale pour libérer les travailleurs. Au premier rang desquels, cette fraction importante de la classe ouvrière de France que sont les travailleurs arabisés et islamisés à qui la dictature religieuse a volé leur identité historique (hébraïque (eh oui!), berbère ou autre) et les maintient dans une aliénation lourde de conséquences. L'une d'elle étant l'inoculation du poison antisémite (anti-Juif émancipé) sous sa forme masquée d'«antisionisme», laquelle provoque littéralement des hallucinations et détourne l'énergie de la colère contre ceux-là même qui devraient être pris pour alliés principaux. Les Juifs ayant été en proportion parmi les premiers à s'engager pour l'émancipation internationale des travailleurs et des peuples.
Il est remarquable de constater sur cette question la capitulation «trotskyste» consistant à épouser la pratique adoptée par la fraction «stalinienne» lors de son tournant «pro-arabe» (plus exactement pro-«musulman» ) de 1929 et à faire sienne sa rhétorique travestissant la réalité. Une position prétendument anti-impérialiste qui ignore le caractère de libération nationale (et ethnique) du peuple hébreu [7]. Position reprise par la même fraction «stalinienne» dans les années 50 après une courte, bien que décisive, parenthèse historique, pendant laquelle elle avait renoué – tel que l'exemple de Paul Merker le démontre - avec l'esprit de la politique nationale bolchevique qui l'avait conduite à soutenir la naissance de l’État des Juifs...
Dans le cadre de l'argumentation nécessaire, je reproduis ci-dessous de larges extraits d'une contribution remarquable de Sean Matgamma qui s'inscrit à contre-courant de la capitulation de la majorité des courants se réclamant de la pensée et des analyses de Trotsky quant à la question juive et celle qui en découle : la question de l'autodétermination nationale du peuple hébreu. Je dois préciser, ici, que rappeler la position et l'analyse de Trotsky sur cette question n'implique pas de ma part que j'épouse la totalité de ses analyses sur d'autres questions. Notamment son analyse du rôle prétendument contre-révolutionnaire de Staline et de la nature d'alors de l'URSS, réduite selon des critères essentielllement petits bourgeois à une dégénérescence bureaucratique...
Concernant l'analyse de Matgamma je partage la majeure partie de son approche que je considère comme une contribution marxiste et dialectique (mais que serait un « marxisme » sans dialectique?) qui éclaire plutôt bien la question.
Toutefois, je le précise d'emblée, je suis opposé au renvoi dos à dos des «nationalismes». Ceci dans la mesure où la dite «question juive» revêt une dimension cachée et largement ignorée. Celle, plus large, de la question des Hébreux non-juifs et des Hébreux arabisés et islamisés, de force bien entendu !
En ce sens le programme à mettre en œuvre demeure inaccompli. Il est celui de la libération de toutes les composantes du peuple hébreu à travers la poursuite de l'entreprise historique de renaissance nationale qui doit pouvoir -si nécessaire- s'étendre à ceux des Hébreux oubliés, abandonnés, sacrifiés sur l'autel du réalisme géopolitique à court terme. Renaissance nationale qui est un moment dialectique nécessaire sur la voie de l'union des peuples du monde entier au sein du communisme futur...
Trotsky et la question de l’État juif (hébreu)
En octobre 1933, Trotsky ne croyait pas à la possibilité qu'un État juif puisse être créé tant que le capitalisme demeurait le mode de production dominant dans le monde et déterminant les destinées de celui-ci. Pour autant, il ne s'opposait pas systématiquement à l'autodétermination des Juifs. Il écrivait: «Le sionisme détourne les travailleurs de la lutte des classes en faisant miroiter l'espoir irréalisable de fonder un état juif sous le régime capitaliste. Mais un gouvernement des travailleurs est lié par l'obligation d'assurer aux juifs, comme à toute autre nation, les meilleures conditions pour leur développement culturel; ce qui implique, entre autres, d'offrir aux juifs qui le désirent leurs propres écoles, leur propre presse, leur propre théâtre, etc. et leur propre territoire avec une administration autonome pour leur développement. Le prolétariat international n'agira pas autrement une fois qu'il se sera rendu maître de la terre entière. Dans le domaine de la question nationale, on ne doit souffrir aucune restriction; au contraire il faut pourvoir aux besoins culturels de toutes les nationalités et de tous les groupes ethniques. Si tel ou tel regroupement national est condamné à dépérir (d'un point de vue national), alors, que ce soit le résultat d'un processus naturel, mais jamais la conséquence de quelconques difficultés d'ordre territorial, économique ou administratif [8]»
En décembre 1938, Trotsky réaffirmait sa conviction que seul le combat révolutionnaire offrait une solution face à ce qui était devenue sa «certitude [de] l'extermination des juifs» qui s'annonçait:
«La victoire du fascisme dans ce pays [la France, M.A.] signifierait un grand renforcement de la réaction et une monstrueuse croissance d'un violent antisémitisme dans le monde entier, surtout aux États Unis. Le nombre de pays qui expulsent les Juifs ne cesse de croître. Le nombre de pays capables de les accueillir diminue. En même temps la lutte ne fait que s'exacerber. Il est possible d'imaginer sans difficulté ce qui attend les Juifs dès le début de la future guerre mondiale. Mais, même sans guerre, le prochain développement de la réaction mondiale signifie presque avec certitude l'extermination physique des Juifs. »
Il avait écrit ces lignes avant la signature nécessaire du Pacte de non-agression [9] des représentants de l'URSS avec l'Allemagne nazie, lesquels espéraient repousser le plus longtemps possible l'inévitable [10] guerre totale des fascistes contre la matérialisation étatique du « judéo-bolchévisme », l’État soviétique [11].
Il ajoutait :
« La Palestine s'est révélée un tragique mirage, le Birobidjan une farce bureaucratique.[...] Maintenant plus que jamais le destin du peuple juif — pas seulement leur destin politique, mais leur destin physique — est lié indissolublement à la lutte émancipatrice du prolétariat international.
[...]
La IV° Internationale a été la première à proclamer le danger de fascisme et indiquer la voie du salut. La IV° Internationale appelle les masses populaires juives à ne pas se faire d'illusions et à affronter ouvertement la réalité menaçante. Il n'est de salut que dans la lutte révolutionnaire. [...] Le temps presse. Un jour, aujourd'hui, équivaut à un mois ou même à une année. [12]»
Donc, si Trotsky, dans la logique de ce raisonnement, rejetait la solution sioniste (« Il n'est de salut que dans la lutte révolutionnaire»), c'est parce qu'il était à juste titre préoccupé par la menace imminente d'extermination des Juifs.
Le 15 juin 1940, soit deux mois avant son assassinat [pour des raisons liées à la guerre qui s'annonçait inévitable avec l'impérialisme germano-fasciste...] par un agent de Staline, il revenait sur cette question:
«Trotsky. - Avant d'oublier - le parti devrait élaborer une sorte de plate-forme pour la question juive, un bilan de toute l’expérience du sionisme, avec la simple conclusion que le peuple juif ne peut se sauver que par la révolution socialiste. Je crois que nous pouvons avoir une importante influence à New York parmi les ouvriers de la confection.
Gordon. - Qu'est-ce que vous proposeriez comme approche tactique ?
Trotsky. - C'est autre chose. Je n'ai pas assez d'informations sur cette étape. D'abord il faut leur donner une perspective, critiquer tout leur passé, la tendance démocratique, etc. Établir pour eux que la révolution socialiste est l'unique solution de la question juive. Si les ouvriers et paysans juifs revendiquaient un État indépendant, bien, mais ils ne l'ont pas obtenu sous la Grande-Bretagne. Mais, s'ils le veulent, le prolétariat peut le leur donner. Nous ne sommes pas pour, mais seule la classe ouvrière victorieuse peut le leur donner [13].»
Le verdict de l'histoire a confirmé en grande partie les pronostics de Trotsky, bien que selon des modalités, pour partie, imprévues:
1) Le Yiddishland a été anéanti. Six millions de Juifs ont été systématiquement exterminés, dont un grand nombre l'a été au moyen d'une planification industrielle !
2) L’État juif (hébreu est plus approprié...) s'est imposé contre l'impérialisme britannique à l'issue de la seconde guerre mondiale, gagnée contre l'impérialisme allemand, essentiellement grâce à l'Armée rouge, dont ses 500.000 militaires juifs...[14]
3) Le jeune État hébreu n'a pu survivre à l'agression réactionnaire de la coalition «arabo»-musulmane de plusieurs États [15] que grâce à l'envoi par la Tchécoslovaquie d'armes soviétiques!
4) Dans la mesure où l'URSS était demeurée un État socialiste (selon l'analyse faussée de Léon Trotsky, un «État ouvrier dégénéré» [16]), ses représentants, en la personne de A. Gromyko et son donneur d'ordre Staline, lesquels jouèrent un rôle incontestablement décisif dans la naissance de l’État hébreu [17], représentèrent de façon inattendue la classe ouvrière victorieuse...
Arlene Clemesha, dans Trotsky et la question juive écrit :
«Selon Harari, si Trotski considérait les Juifs comme «une nation sans territoire» mais condamnait le sionisme comme une «utopie irréalisable», c’était parce qu’il ignorait l’étendue de la colonisation juive en Palestine : « On ne peut le lui reprocher. Manquant en effet d’informations sur ce qui se passait en Eretz Israël, il ignorait la lutte continuelle menée, principalement par les ouvriers juifs de Palestine, contre l’impérialisme britannique mais aussi contre "la force réactionnaire des musulmans" (selon l’expression de Trotski). Pour lui, les multiples efforts pour mettre en œuvre la "alya" se résumaient à une simple "immigration". Trotski ne connaissait pas l’ampleur de la "alya" vers Eretz Israël (63).» (Alya a plusieurs sens en hébreu mais il s’agit ici de l’immigration des Juifs vers Israël, NdT.) [18]»
L'évolution de la pensée de type marxiste et dialectique de Trotsky sur la question nationale relative à la question de la nation juive (il faudrait dire aujourd'hui hébraïque) et de son droit à s'autodéterminer et à avoir son État en «Palestine» (terminologie inadéquate, car il est plus exact d'écrire Pays de Qedem («Pays du Levant») ou encore «Pays des Hébreux» [19]) a été stoppée le 20 août 1940 par son assassinat.
Ceux qui se sont réclamés de son programme et de son analyse de l'URSS (erronée selon moi), les «trotskystes», n'ont - excepté Sean Matgamma dans la contribution, dont je reproduis ci-dessous des extraits importants – pas poursuivi sa réflexion.
Dans «Le partage de la Palestine (1946)», éditorial de la IVème Internationale paru en novembre-décembre 1947, on peut lire ceci: «Sans le renversement radical de la situation mondiale et de la tendance sioniste du mouvement ouvrier juif en Palestine, l'extermination complète des Juifs, lors de l'éclatement de la révolution arabe, sera le prix payé par le peuple juif pour la triste victoire remportée à Lake Success.»
L'historien Nathan Weinstock, après s'être libéré de l'antisionisme qu'il avait largement théorisé, explique: «Le «refus arabe» opposé au fait israélien et à la légitimité même d'un État juif en Palestine traverse l'histoire du conflit comme un fil rouge. Or cette haine viscérale d'Israël, le sentiment insupportable d'humiliation que cet État suscite ne s'explique pas, comme on l'affirme souvent, par le drame des réfugiés palestiniens, elle lui est bien antérieure : le 15 mai 1948, au moment même où les armées régulières des États arabes franchissent le Jourdain, - et avant donc qu'il n'y eût un seul réfugié palestinien - le secrétaire général de la Ligue arabe, Azzam Pacha, s'exclamait déjà : «Ce sera une guerre d'extermination et un massacre mémorable dont on se souviendra comme des massacres mongols et des Croisades.» [20]
Avant de laisser ci-dessous la parole au marxiste (toutefois hélas «trotskyste») Sean Matgamma qui remet quelques pendules à l'heure, j'attire l'attention du lecteur. Comment pouvait-on évoquer une «révolution» arabe et non une contre-révolution? Quels marxistes ont parlé de «révolution allemande» en lieu et place du concept de contre-révolution pour désigner n'importe quel moment de la pratique nazie?
Faut-il ressasser que la Shoah, quels que soient les prétextes avancés par Hitler, ne contenait pas le moindre aspect progressiste. Comment une nouvelle Shoah («l'extermination complète des Juifs», dont parle l'éditorial de la IVème Internationale paru en novembre-décembre 1947), parce-que commise par des «Arabes» (en vérité des «arabo-musulmans» du type ISLAMISTES, dont un grand nombre de descendants d'arabisés et islamisés sous la terreur) aurait pu -ou pourrait- revêtir la moindre parcelle révolutionnaire? [21]
Anne Franck aimait la vie, elle rêvait de devenir écrivain... Plus JAMAIS (et un plus jamais armé!) des déportations et massacres de Juives et Juifs où que ce soit!
Les peuples, ethnies, nations opprimés par l'islam (de type rétrograde) sous sa forme dominante, étatisée, avec le soutien des impérialismes occidentaux [22] doivent apprendre à s'inspirer des réalisations du peuple hébreu sur la voie de sa renaissance. Les peuples berbères, entre autres, peuvent trouver là des exemples de solution pour la renaissance nationale de leur langue. Et qu'elle autre classe que la classe des travailleurs des villes et des champs peut elle mieux incarner ces besoins? Pas leur bourgeoise compradore qui encourage la haine envers un ennemi fantasmé (le «sionisme») et l'instrumentalise afin de canaliser et dévier l'énergie des masses populaires...
Il est temps de réfléchir à la nécessité de créer une cinquième (?) Internationale délivrée de l'abandon de l'approche marxiste de la question nationale. Une cinquième (?) Internationale qui renouera avec le meilleur de la Troisième Internationale. Du premier au septième congrès!
Une cinquième (?) Internationale qui n’oubliera pas d' inscrire sur son fronton, aux côtés de la lutte pour la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme et des animaux non-humains par les animaux humains, la lutte pour la libération des nations, ethnies, femmes et hommes de l'oppression par l'islamisme [23] (et en général de toute pratique religieuse autre que librement consentie...), cet instrument de choix du capitalisme-impérialiste...étasunien!
NOTES:
[1]Michel Aymerich, Quelques réflexions sur le candidat de la France insoumise φ aux élections!http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2017/04/quelques-reflexions-sur-le-candidat-de-la-france-insoumise-aux-elections.html
[2] «Die Zukunft ist immer auch ein Stück Vergangenheit. Die Zukunft kann sich nur dann besser und glücklicher gestalten, wenn die Fehler der Vergangenheit rücksichtlos aufgedeckt werden... Aussprechen was ist und was war, ist von jeher das beste Heilmittel gewesen.» Neues Deutschland, "Ich werde mich nicht selbst bezichtigen", 30/11/1993.
[3] Paul Merker fut condamné en 1955 à 8 ans de prison, puis libéré et réhabilité une année plus tard...
[4] Dokument 3. Paul Merker, An die Zentrale Kontrollkommission der SED, am 1. Juni 1956, S. 663: http://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/1994_4_5_herf.pdf Voir également :
http://www.bstu.bund.de/DE/Presse/Themen/Hintergrund/20150325_paul_merker.html
[5] Tilman Tarach, Der ewige Sündenbock, Freiburg-Zürich, 2010, p. 106.
[6] «Ich bin weder Jude noch Zionist -ein Verbrecher wäre wohl keines von beiden- ich hatte nie die Absicht nach Palästina zu fliehen […] Ich bin der Ansicht, daß auch diese von mir vertretene Auffassung richtig war, obwohl sie - was die Errichtung eines eigenen jüdischen Nationalstaates betrifft - mit einer Stellungnahme Lenins aus der Zeit vor dem ersten Weltkrieg nicht übereinstimmt. Doch, der Leninismus ist kein Dogma und ich bin fest überzeugt, daß Lenin der erste gewesen wäre, der angesichts der von dem Nazifaschismus gegen die Juden verübten Verbrechen deren Gefühl tiefer Verbundenheit untereinander und deren Sehnen nach einem eigenen Lande respektiert hätte.» http://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/1994_4_5_herf.pdf
[7] Michel Aymerich, Les « Palestiniens », un peuple inventé par anti-hébraïsme ! http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2016/11/les-palestiniens-un-peuple-invente-par-anti-hebraisme.html
[9] « 43. Dans la situation existante, une alliance de l’U.R.S.S. avec un Etat impérialiste ou un bloc impérialiste contre un autre, en cas de guerre, ne doit pas être considérée comme exclue. Sous la pression des circonstances, une alliance temporaire de ce type peut devenir une nécessité de fer, sans cesser pour autant, cependant, de constituer un danger grave, tant pour l’ U.R.S.S. que pour la révolution mondiale. Le prolétariat international ne refusera pas de défendre l’U.R.S.S. si cette dernière se trouve obligée de s’allier militairement à des impérialismes contre d’autres. Mais, dans ce cas, plus encore, le prolétariat international doit sauvegarder son indépendance politique totale vis-à-vis de la diplomatie soviétique, et ainsi, de même, vis-à-vis de la bureaucratie de la IIIe Internationale. » Léon Trotsky, La guerre et la IVe Internationale (10 juin 1934) https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1934/06/34061000.htm
[10] En 1932, donc avant la nomination d'Hitler au poste de chancelier par le Feldmaréchal Von Hindenburg, Trotsky prévoyait: «Peu importe de savoir qui, des deux adversaires, prendra formellement l'initiative ; une guerre entre l'Etat hitlérien et l'Union soviétique serait inévitable, et cela à brève échéance. Les conséquences de cette guerre seraient incalculables.», La victoire d'Hitler signifierait la guerre contre l'U.R.S.S., https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/00/320000a.htm
[11] Michel Aymerich, Le 22 juin 1941, les fascistes allemands déclenchent la guerre totale contre le "judéo-bolchévisme"! http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2016/06/le-22-juin-1941-les-fascistes-allemands-declenchent-la-guerre-totale-contre-le-judeo-bolchevisme.html
[12] La bourgeoisie juive et la lutte révolutionnaire, 22 décembre 1938, https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1938/12/lt19381222a.htm
[13] Léon Trotsky, Discussion avec les visiteurs américains du S.W.P., 15 juin 1940, Oeuvres, T. 24, p.171. https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1940/06/lt19400615.htm
[14] «Sans la victoire de l'Armée rouge, ses ouvriers et ses paysans, mais aussi ses intellectuels, ses cadres et ses 500.000 Juifs, le Grand Mufti aurait pu mener à bien son plan d'extermination des Juifs de Palestine et de tous les pays islamisés. Israël, l’État de l'autodétermination des Hébreux n'aurait pas pu voir le jour.» Michel Aymerich, Le 22 juin 1941, les fascistes allemands déclenchent la guerre totale contre le "judéo-bolchévisme"! Ibid.
[15] Le PCF écrivait en 1948 (donc avant son tournant antisoniste contraint par les besoins de la diplomatie stalinienne): « Dès la proclamation de l’État d'Israël, cinq États arabes, placés sous le contrôle britannique et agissant sur les ordres du gouvernement britannique : l’Égypte, la Syrie, la Transjordanie, l'Irak et le Liban lui déclaraient la guerre. […] La lutte que mène le peuple juif sur le territoire de la Palestine est liée à la lutte qui se déroule sur d'autres points du globe. Le partisan grec, le soldat de l'armée populaire chinoise, le combattant espagnol, les démocrates du Vietnam, les patriotes indonésiens, les résistants hindous sont les compagnons de lutte des soldats de la Haganna.» Cahiers du communisme, juillet 1948.
[16] « L'UNION SOVIÉTIQUE est sortie de la révolution d'Octobre comme un État ouvrier. L'étatisation des moyens de production, condition nécessaire du développement socialiste, a ouvert la possibilité d'une croissance rapide des forces productives. Mais l'appareil d'État ouvrier a subi entre-temps une dégénérescence complète, se transformant d'instrument de la classe ouvrière en instrument de violence bureaucratique contre la classe ouvrière et, de plus en plus, en instrument de sabotage de l'économie. La bureaucratisation d'un État ouvrier arriéré et isolé et la transformation de la bureaucratie en caste privilégiée toute-puissante sont la réfutation la plus convaincante - non seulement théorique, mais pratique - de la théorie du socialisme dans un seul pays.
Ainsi, le régime de URSS renferme en soi des contradictions menaçantes. Mais il continue à rester un ÉTAT OUVRIER DÉGÉNÉRÉ. Tel est le diagnostic social. » in Programme de transition.
https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/trans/tran17.html2%80%99israel-1947-1948/#_ftn1
[17] Le 14 mai 1947, Andrei Gromyko déclare à l’ONU. « Pendant la dernière guerre, le peuple juif a subi des peines et des souffrances exceptionnelles… Un grand nombre des Juifs survivants en Europe ont été privés de leur pays, de leur foyer et de leurs moyens d’existence… Le fait qu’aucun pays occidental n’ait été en mesure de défendre les droits les plus élémentaires du peuple juif… explique l’aspiration des Juifs à établir leur propre État. Il serait injuste de ne pas le prendre en considération et de refuser ce droit au peuple juif…»*
Ce faisant, bien que animé par des considérations opportunistes parfaitement circonstancielles, les dirigeants de l'URSS adoptaient partiellement une politique qui renouait avec l'esprit de la politique des Bolchéviks en matière de lutte pour la résolution de la question nationale que les staliniens avaient trahie depuis de nombreuses années.
* Marc-André Chargueraud, Staline au secours de l’Etat d’Israël. 1947-1948 : http://www.europe-israel.org/2012/10/staline-au-secours-de-l%E2%80%99etat-d%E
Voir également: http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2018/06/1948-les-juifs-en-grave-danger-dans-tous-les-pays-musulmans.html
[18] Arlene Clemesha, Trotsky et la question juive (Traduit de l'espagnol par Ana Laval-Munoz, ce texte, dont cet extrait est issu, a été publié en juin 2000 dans le numéro 27 de En defensa del marxismo, revue théorique du Partido obrero d'Argentine.)
[19] Michel Aymerich, A propos de « Israël – Des droits historiques et géographiques » : http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2016/09/a-propos-de-israel-des-droits-historiques-et-geographiques.html
[20] Nathan WEINSTOCK, HISTOIRES DE CHIENS... dans le monde arabo-musulman le sous-homme, le « chien », c'est d'abord le Juif, http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2016/06/histoires-de-chiens.html
[21] Je renvoie le lecteur abusé à mon article: «Tel était, en effet, le projet du Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini. Tel est le projet de ses héritiers... Un Grand Mufti, ne l'oublions pas, qui fut loin d'être le seul à représenter la réaction musulmane face aux Juifs. Ainsi Sheikh Hassan Salameh, pro-nazi et proche du Grand Mufti, fut parachuté par les nazis en Palestine pendant l'été 1944. Son fils Ali Hassan Salameh est considéré comme l'instigateur principal de la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich en 1972 où onze athlètes israéliens ont été pris en otage et assassinés par des terroristes membres de l'organisation arabo-palestinienne Septembre noir. Il deviendra par la suite chef des services de renseignement et de contre-espionnage en Jordanie ! L'un des organisateurs de ce massacre serait Mahmoud Abbas [8]...» Michel Aymerich, Quelques réflexions sur le parti pris anti-israélien, forme moderne de l'antisémitisme: http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2016/03/quelques-reflexions-sur-le-parti-pris-anti-israelien-forme-moderne-de-l-antisemitisme.html
[22] Michel AYMERICH, Mohamed Ben Salmame révèle l'utilisation de la réislamisation pour contrer l'URSS..., http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2018/04/mohamed-ben-salmame-revele-l-utilisation-de-la-reislamisation-pour-contrer-l-urss.html
[23] L'islam -sous sa forme dominante- qu'il soit sunnite ou chiite est la seule «religion» qui exerce une terreur sur ses membres obligés de l'être et interdit, fréquemment sous peine de mort, aux prétendus musulmans de naissance de quitter leur religion pour en choisir une autre ou aucune. Un mot d'ordre élémentaire que tout révolutionnaire, tout progressiste, tout humaniste devrait soutenir est: liberté inconditionnelle pour tout «musulman(ne)» de quitter «sa» religion!
A propos de la question juive : de Trotsky au « trotskysme des imbéciles » (Sean Matgamma)
Extraits :
(Tous les passages suivants soulignés le sont par moi, M.A.).
« La révolution socialiste représente la seule solution réaliste de la question juive. Si les ouvriers et paysans juifs réclamaient un État indépendant, très bien, mais je remarque qu’ils ne l’ont pas obtenu de la Grande-Bretagne. Cependant, s’ils le veulent, le prolétariat le leur donnera. Nous n’y sommes pas favorables, mais seule la classe ouvrière victorieuse peut le leur accorder. » Léon Trotsky, 15 juin 1940 (Writings, 1939-40, p. 287)
Les rapports entre les Juifs et le trotskysme ne manquent pas d’une certaine ironie. Le trotskysme, du moins la plupart de ses mutations post-trotskystes, défend un « antisionisme » qui en pratique se traduit par une hostilité générale à l’égard de la plupart des Juifs vivant sur cette terre. Or, les militants d’origine juive ont joué un rôle très important, qualitatif et quantitatif, dans le mouvement trotskyste, à l’époque de Trotsky mais aussi par la suite.
Il ne s’agit pas d’un mythe inventé par la droite, mais de l’absolue vérité : les Juifs ont tenu une place importante dans les mouvements socialiste et communiste. Lénine a évoqué la splendide fonction d’avant-garde qu’ont assumée les Juifs dans notre mouvement. Au début du XXe siècle, Karl Kautsky s’est un jour cérémonieusement adressé à un petit journal socialiste paraissant en yiddish en Grande-Bretagne. Il voulait encourager les Juifs socialistes de ce pays à apporter la théorie socialiste, la détermination révolutionnaire et une perspective internationaliste au mouvement ouvrier britannique - à être le levain du mouvement ouvrier, rôle qu’ils ont effectivement souvent tenu. Cette situation particulière ne provenait d’aucune caractéristique génétique spéciale chez les Juifs mais de leurs expériences historiques et sociales.
[…]
Pendant des décennies, harcèlement et persécutions se poursuivirent, tantôt diminuant, tantôt s’intensifiant, jusqu’à atteindre la folie paroxystique de l’Holocauste, au cours duquel six millions de Juifs (les deux tiers des Juifs d’Europe) furent systématiquement massacrés dans des usines spécialement conçues pour l’extermination massive d’êtres humains.
De nombreux Juifs eurent alors le privilège - qu’ils payèrent très cher - de voir la totalité des facettes du capitalisme. Ils découvrirent sa sauvagerie, sa brutalité, son cannibalisme, une fois que le capitalisme eût ôté les masques successifs de civilisation recouvrant habituellement son visage. Les Juifs constituèrent donc naturellement une partie significative de l’armée socialiste lorsque la classe ouvrière rassembla ses forces pour tenter de refaire le monde et de créer une civilisation qui ne connaîtrait plus d’oppression fondée sur la domination d’une classe, d’une race ou d’une nation.
Si certains Juifs devinrent des révolutionnaires, d’autres prirent le chemin du nationalisme et tentèrent de reconstruire une nation juive en Palestine, région où, au début du XXe siècle, les Juifs autochtones ne constituaient alors qu’une petite communauté. Certains nationalistes - les plus efficaces, en fait - étaient aussi des révolutionnaires socialistes. La rivalité entre les socialistes juifs « assimilationnistes » et les sionistes était souvent aiguë, mais la diabolisation du sionisme qui caractérise la plupart des courants trotskystes actuels n’avait pas cours à cette époque. Les sionistes combattirent aux côtés de l’Armée rouge pour défendre la république ouvrière après la révolution russe de 1917.
En Palestine, le minuscule Parti communiste émergea d’un groupe sioniste de gauche : le Poale Sion. Le PC prônait la révolution socialiste internationale comme seul moyen de sauver les Juifs et combattait le projet sioniste. Néanmoins, les communistes de Palestine avaient une approche très différente de la diabolisation du sionisme qui caractérisera plus tard la gauche radicale. Les Juifs, quel que soit leur nombre, avaient-ils le droit de venir s’installer en Palestine ? Bien sûr, répondaient l’Internationale communiste et le Parti communiste de Palestine qui prônaient l’unité judéo-arabe et la lutte contre l’impérialisme britannique.
Le virage vers «l’antisionisme» de la gauche radicale moderne a accompagné la stalinisation de l’Internationale communiste. Lorsque, en 1929, les chauvinistes arabes palestiniens s’attaquèrent massivement aux Juifs - massacrant, par exemple, tous les professeurs et les élèves d’un collège religieux juif à Hébron - le Parti communiste de Palestine dénonça d’abord ces crimes comme des pogromes, comme le firent la presse russe et celle du Comintern. Puis les dirigeants staliniens de l’Internationale communiste décidèrent qu’il s’agissait d’un « soulèvement anti-impérialiste » et telle devint la «ligne» du Comintern.
[…]
Du vivant de Trotsky, ses partisans refusèrent toujours de suivre la politique des staliniens sur cette question. Ils rejetèrent les analyses fantaisistes et malsaines de 1929 (par exemple, dans un article de Max Schachtman, The Militant, octobre 1929). A propos des événements de 1936, les trotskystes ne prétendirent pas qu’il s’agissait d’un mouvement purement anti-impérialiste, ni que le chauvinisme arabo-musulman contre les Juifs palestiniens contenait le moindre élément «progressiste». Lorsque Epstein rompit avec le PC américain, The Militant raconta ce qu’il avait vu en Palestine et notamment comment le Parti communiste coopérait avec les nationalistes arabes pour préparer des attentats terroristes contre des Juifs - preuve de la dégénérescence du stalinisme.
La position des trotskystes américains convergeait avec celle de Trotsky lui-même. Durant les années 30, Trotsky défendit la position initiale de l’Internationale communiste : soutien aux droits des Juifs, y compris le droit d’immigrer en Palestine, et rejet du projet sioniste. D’autre part, il était parfaitement conscient que le monde s’avérait de plus en plus meurtrier pour les Juifs et cela ne le laissait pas indifférent.
[…]
Juif ukrainien, Trotsky assista à la migration de millions de Juifs, poussés vers l’ouest par les pogromes russes, à travers l’Europe, en direction des États-Unis. Il assista aussi à l’éveil de la conscience juive en Europe à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
Toujours opposé au sionisme, il affirma, dès les années 30, que la Palestine pourrait devenir un gigantesque ghetto dans lequel les Juifs qui s’y réfugieraient risqueraient d’être piégés et massacrés.
Cependant il est évident, si l’on consulte ses écrits des années 30, que l’expérience de l’antisémitisme au XXe siècle, non seulement dans l’Allemagne nazie et en Pologne, mais aussi en URSS sous Staline, changea radicalement ses conceptions.
A la fin de sa vie, Trotsky en était venu à penser que les persécutions contre les Juifs et leurs effets sur la conscience du peuple juif rendaient inévitable la création d’une sorte d’Etat juif. Il rejetait avec raison l’idée que le programme des sionistes en Palestine puisse fournir un refuge immédiat aux Juifs fuyant l’hitlérisme. Pour lui, il n’y avait qu’une seule solution immédiate : la révolution socialiste. Mais il considérait avec une sympathie croissante la revendication d’un État juif séparé. Il déclara à plusieurs reprises que, après la révolution socialiste, les Juifs devraient avoir un État à eux - s’ils le souhaitaient encore. Et il est évident qu’il pensait que les Juifs le voudraient.
II
[…]
Dans une interview de 1937, Trotsky expliqua : «Durant ma jeunesse, j’inclinais plutôt à penser que les Juifs de différents pays seraient assimilés et que la question juive disparaîtrait d’une façon quasi automatique.
L’évolution historique durant le dernier quart de siècle n’a pas confirmé cette perspective. La décadence du capitalisme a partout accru et exacerbé le nationalisme, dont l’antisémitisme est l’un des éléments. La question juive a pris sa dimension la plus aiguë dans le pays capitaliste le plus développé d’Europe : l’Allemagne.»
[...]
Dans un article du 22 février 1937 sur l’antisémitisme dans l’URSS de Staline, Trotsky développa sa nouvelle analyse de la question juive à la lumière des événements du premier tiers du XXe siècle. Il y évoque une future version socialiste des «méthodes sionistes pour résoudre la question juive», «méthodes qui sous le capitalisme décadent ont un caractère utopique et réactionnaire».
« N’avons-nous pas raison de dire qu’une fédération socialiste mondiale devrait rendre possible la création d’un "Birobidjan" (l’équivalent d’une république autonome juive officielle, mais fantoche, en URSS, S.M.) pour les Juifs qui souhaiteraient avoir leur propre république autonome afin d’y développer leur culture ? »
Les staliniens (puis les « trotskystes » après la mort de Trotsky) ont inventé l’un des raisonnements les plus stupides et les plus néfastes à propos du sionisme : puisque celui-ci se proposait de créer un Etat-nation juif, il aurait donc « capitulé » devant les nazis et l’antisémitisme. Si c’est le cas, alors Trotsky lui-même fut coupable d’une telle « capitulation ».
Bien sûr, il est impossible de savoir en détail ce qu’aurait dit Trotsky en 1948 face à la création de l’Etat juif. Il est clair cependant que, dans son esprit, il n’y aurait eu aucune place pour la démonologie antisioniste et les pseudo-théories d’un complot international, thèses si répandues dans la gauche révolutionnaire aujourd’hui.
[…]
Trotsky termine son article de février 1937 par cette phrase : « Comment un marxiste, ou même un démocrate conséquent, pourrait-il s’y opposer ?»
A gauche, ce ne sont pas des marxistes ni des démocrates conséquents qui s’y opposèrent mais les staliniens et, après la mort de Trotsky, des « trotskystes ». Inspirés par leur zèle anti-impérialiste incohérent, ces derniers développèrent une argumentation idéologique inspirée par la politique stalinienne sur cette question.
III
[…]
Si Trotsky finit par reconnaître, avec réticence, que les Juifs avaient besoin d’un territoire national pour tenter de résoudre la question juive, l’immense majorité des Juifs ressentirent désormais ce besoin comme une nécessité vitale. Et cette solution ne fut pas adoptée après une révolution ouvrière mondiale, dans le cadre d’un monde socialiste bienveillant, mais dans un monde dominé par l’impérialisme et le stalinisme, dans le cadre d’un conflit communautaire et national très violent, d’une alliance des sionistes avec le Kremlin d’abord, les Etats-Unis ensuite. L’État juif naquit dans un monde capitaliste sans pitié. Et en Palestine les Juifs de Palestine ne furent pas les principaux responsables de cette situation. En 1948, le territoire alloué aux Juifs par les Nations unies fut attaqué par les armées des États arabes environnants, forces militaires placées sous le contrôle d’officiers détachés de l’armée impérialiste britannique. Si les Juifs avaient perdu cette guerre, ils auraient été massacrés, expulsés, ou placés sous la protection d’une Grande-Bretagne revenue « garantir la paix ». Ils la gagnèrent et 750 000 Arabes Palestiniens s’enfuirent ou furent expulsés. Environ 600 000 Juifs furent chassés des pays arabes dans les années suivantes et ils purent s’intégrer en Israël, contrairement aux Arabes palestiniens qui, eux, durent végéter dans des camps de réfugiés. Certains États arabes leur interdirent même de travailler. Tel fut le déroulement des faits dans un monde dominé par le capitalisme et le stalinisme.
IV
Sur cette question, comme sur beaucoup d’autres, les prétendus disciples de Trotsky ne poursuivirent pas le cours de ses réflexions après sa mort. Dans les années 40, ils s’enfermèrent dans une vision du monde fort semblable à celle de la «troisième période» (1929-1933) stalinienne: la révolution socialiste mondiale était imminente, et tout événement devait être interprété dans le cadre de ce schéma. Et l’essor du nationalisme arabe, de la « révolution arabe », faisait partie de cette grande vague révolutionnaire et anti-impérialiste.
[…]
Certains trotskystes français soutinrent les guérillas sionistes contre la Grande-Bretagne. Le groupe de Schachtman (le Workers Party des États-unis) résista aux illusions type « troisième période » ; il refusa de croire que l’expansion du stalinisme constituait une variante « déformée » de la révolution socialiste et il rejeta le chauvinisme arabe par procuration des «trotskystes orthodoxes». Le noyau groupé autour d’Ernest Mandel et de Michel Pablo, à la tête des trotskystes orthodoxes, prit position pour que les Juifs trouvent leur place à l’intérieur d’une fédération du Moyen-Orient. Mais globalement les trotskystes se montrèrent de plus en plus partiaux en faveur des Arabes et contre les Juifs, diabolisant complètement Israël et le sionisme. Ils adoptèrent par procuration le nationalisme arabe (1).
[…]
A cette époque il existait un grand mouvement anti-impérialiste, notamment contre la guerre du Vietnam. La plupart des « trotskystes orthodoxes » dérivèrent vers un «antisionisme» viscéral - revenant à la politique stalinienne adoptée sur cette question après 1929.
Et ils firent même pire. Le sens même de leur antisionisme changea: auparavant ils prônaient l’unité entre les classes ouvrières juive et arabe tout en s’opposant au projet sioniste d’un État juif ; désormais ils souhaitèrent la destruction de l’État juif existant au nom de la «libération» arabe ou palestinienne. L’antisionisme soutint les régimes meurtriers et répressifs des États arabes contre Israël. Le mouvement «trotskyste» dériva vers des positions très éloignées même de celles qu’il défendait durant les années 40. Comme l’a dit quelqu’un à propos des étiquettes religieuses : les sectes changent plus volontiers de doctrine que de nom.
Le «sionisme» - ce terme désigne aujourd’hui toute position politique hostile à la destruction d’Israël - en est venu à susciter la même haine que le «racisme» et le «fascisme». Israël (le «sionisme») est devenu l’incarnation parfaite de l’impérialisme. On ne tient plus compte de la réalité historique. Tel un gourdin, l’ «antisionisme» sert à intimider et stigmatiser ses interlocuteurs, à empêcher toute réflexion sur cette question.
V.
[…]
Le dirigeant socialiste allemand August Bebel a un jour comparé l’antisémitisme de gauche à un «socialisme des imbéciles». Une grande partie du mouvement trotskyste est tombée dans un antisionisme qui s’assimile à un «anti-impérialisme des imbéciles» et à l’antisémitisme. Bien sûr, le mouvement trotskyste n’est pas raciste, mais il exprime une hostilité systématique vis-à-vis de la plupart des Juifs vivant sur cette planète et pour lesquels l’Etat d’Israël joue un rôle central dans leur identité juive depuis l’Holocauste.
Tout cela n’a rien à voir avec la réflexion politique de Trotsky, ni avec l’évolution de ses positions sur la question. Nous avons affaire à un «trotskysme des imbéciles». De petits morceaux isolés de la théorie politique trotskyste sont utilisés de façon unilatérale au service d’un chauvinisme arabe par procuration.
VI
L’internationalisme est un élément essentiel du socialisme. Il est évident que les révolutionnaires sont hostiles au nationalisme israélien, et que nous condamnons le chauvinisme juif dans toutes ses manifestations. Mais le nationalisme israélien et le chauvinisme juif n’existent pas dans le vide. Ils font partie d’un réseau de nationalismes, de chauvinismes et d’antagonismes nationaux entremêlés. Ils s’opposent à des chauvinismes arabes et musulmans qui prônent la destruction de la nation et de l’État israéliens. Toute analyse objective du nationalisme israélien doit donc intégrer le contexte régional. Les critiques et condamnations du nationalisme israélien doivent tenir compte des nationalismes arabes, et les condamner tout aussi fermement.
Cependant les trotskystes actuels ne se contentent généralement pas de critiquer, parfois à juste titre, le nationalisme et le chauvinisme israéliens ; ils prétendent que la nation juive israélienne n’aurait pas le droit d’exister, mais n’émettent aucune conclusion de ce type à propos des nationalismes et chauvinismes arabes ou palestinien.
Leur « internationalisme » fonctionne donc à deux vitesses : leur condamnation d’Israël est absolue et mortelle, tandis que leur condamnation du chauvinisme arabe (les rares fois où il se manifeste timidement) se réduit à des restrictions morales, à une série de réprimandes. Leur soutien aux droits des Arabes ou des Palestiniens, aussi nationalistes ou chauvins soient-ils, est inconditionnel. Arabes et Palestiniens constitueraient des nations légitimes alors que la nation juive serait illégitime. Au Proche et au Moyen-Orient, une fraction des nationalistes auraient des droits, tandis que l’autre fraction devrait se rendre et se soumettre devant leur nationalisme et leur chauvinisme religieux.
Pendant longtemps, l’OLP réclamait une «Palestine laïque et démocratique» : cette position a permis à l’OLP d’avoir un double langage et aux trotskystes d’accepter le programme mystificateur de l’un des nationalismes en présence. Car le projet d’une «Palestine laïque et démocratique» n’est qu’une façon camouflée d’exiger une Palestine arabe - un État arabe dans lequel les Juifs auraient des droits religieux mais non nationaux ; et la condition d’existence d’un tel État était que la nation israélienne et l’État israélien acceptent de se rendre, désarmés, à leurs ennemis.
[...] L’internationalisme des marxistes qui raisonnent de cette façon se réduit en fait à un ultimatum arabo-nationaliste aux Juifs israéliens : «Soyez internationalistes, acceptez d’être une minorité religieuse dans une Palestine arabe, démantelez votre État national, sinon vous serez conquis!»
[...] Ce programme politique mystificateur implique la soumission sanglante ou la destruction d’une nation entière, et se présente sous un déguisement antinationaliste et antiraciste. Voilà à quel stade de dégénérescence politique en sont arrivés les disciples de Trotsky. Et pour quelle raison, selon eux, les Juifs israéliens n’auraient-ils pas le droit d’être une nation ? Parce que, en tant que minorité nationale dans les années 40, ils ont combattu et gagné la guerre, plutôt que de s’incliner devant le nationalisme arabe qui les aurait soumis à son joug et chassés s’il avait pu ? Pourtant, aucun trotskyste ne soutient le droit au «retour» des treize millions d’Allemands expulsés d’Europe orientale après la Seconde Guerre mondiale.
Il n’existe qu’un seul programme trotskyste pour le conflit en Israël/Palestine : l’unité des classes ouvrières juive et arabe, le droit à l’existence d’Israël, et le droit pour les Arabes palestiniens d’avoir un État indépendant là où ils constituent la majorité - en clair deux États pour deux peuples [Cet Etat existe déjà sur 78% de la Palestine mandataire : la Jordanie ! M.A.]. Les écrits de Trotsky sur la question juive nous offrent une bouffée d’air frais au milieu de l’hystérie, des fantasmes ultragauches, du chauvinisme arabe par procuration et des éléments d’antisémitisme recyclés sous la forme de l’ «antisionisme», miasmes putrides que dégagent la plupart des analyses trotskystes sur cette question.»
(Ce texte a été publié dans Workers Liberty n° 31, puis un peu étoffé en 2002 sous le titre «Le marxisme et la question juive » dans une brochure de l'AWL : «Deux nations, deux États. Les révolutionnaires et Israël/Palestine».
Nous avons choisi de donner à cet article un titre légèrement provocateur, mais qui ne trahit pas, à notre avis, la pensée de l'auteur. Y.C.)
SOURCE: http://www.mondialisme.org/spip.php?article147
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Par Michel AYMERICH Je reproduis ci-dessous l'article de Michel Garroté paru sur le site Europe-Israël [1]. Je le reproduis parce-qu'il permet d'enrichir l'argumentaire d'ensemble constitué par mes