« La nécessité de lutter contre le panislamisme et autres courants analogues, qui tentent de conjuguer le mouvement de libération contre l'impérialisme européen et américain avec le renforcement des positions des khans, des propriétaires fonciers, des mollahs, etc. » (Lénine)

Le piège de la « lutte contre l’islamophobie », une contribution nécessaire de l'organisation Lutte ouvrière...
Actualisé le 07/05/2019
Par Michel Aymerich
L'Université de Lille vient d'annuler une lecture publique de Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes, texte de Charb, dont il termina la rédaction quelques jours avant son assassinat et celui de la majorité de la rédaction de Charlie Hebdo. Dans son texte, le rédacteur en chef et dessinateur dénonçait le recours à l'accusation d'islamophobie...
A Avignon également, deux théâtres ont renoncé à accueillir la lecture du texte posthume de Charb.
Ces quelques épisodes, sous forme de censure, viennent compléter de nombreux autres qui témoignent d'un air du temps caractérisé par des phénomènes conjoints, reliés par des rapports de cause à effet :
  1. Une offensive mondiale de réislamisation des « musulmans » de naissance (il est formellement interdit aux hommes et aux femmes « nés musulmans » de quitter l'islam pour une autre religion ou aucune, sous peine des pires représailles, dont la mort !) et une stratégie d'islamisation des pays non encore islamisés de la part de grands pôles islamiques alliés ou concurrents (Arabie saoudite ; Qatar et Koweit ; Turquie néo-ottomane ; pôle indo-pakistanais ; Organisation de la coopération islamique ; Frères musulmans ; République islamique d'Iran ; Hezbollah...) dont les tactiques varient en fonction des rapports de force et d'autres critères sur lesquels je ne m'étendrai pas dans cet article.
  2. Une alliance de longue date de la part des grands pays capitalistes - impérialismes secondaires-  d'Europe (RFA, France, Grande-Bretagne) et des USA sous la forme de l'impérialisme dominant avec nombre de ces pôles islamiques qui peuvent être subsumés par le concept d'impérialismes politico-religieux de type islamique...
  3. En politique extérieure, un soutien tendanciel plus ou moins ouvertement et activement (conjoncture oblige) assumé aux islamistes sécessionnistes, voire revanchistes - courroies de transmission des différents impérialismes politico-religieux de type islamique concurrents - de la part de ces mêmes pays impérialistes dirigé hier contre l'URSS. Contre la Fédération de Russie et la République populaire de Chine aujourd’hui;  et hier comme aujourd'hui, de manière variable et insidieuse contre la pérennité de l’État hébreu [http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2018/06/1948-les-juifs-en-grave-danger-dans-tous-les-pays-musulmans.html] de la part, des impérialismes britannique et français...
    En politique intérieure, une stratégie de division des travailleurs par le moyen de l'immigration privilégiée de travailleurs essentiellement de culture musulmane aux fortes traditions de soumission à l'autorité religieuse et livrés aux kapos locaux de l'Islam interprété par les intégristes de type salafiste...
  4. Une capitulation de fait face à cette entreprise multiforme de la part d'organisations qui n'ont de gauche que le nom, du fait même de la forme de cette capitulation : des compromis, voire une alliance contre nature qui procède de l'abandon de piliers constitutifs de toute gauche1. Ces organisations épousent largement les contours de la « diplomatie » de leur pays et de sa politique intérieure. En d'autres termes, elles se font doublement les idiotes utiles de la politique de réislamisation et du Capital qui a besoin d'une main d’œuvre plus aisée à exploiter que ne le sont des travailleurs syndiqués à la CGT et militants au PCF, fut-il largement apprivoisé...
En 1920, Lénine dans son écrit Première ébauche des thèses sur les questions nationale et coloniale (Pour le IIe Congrès Congrès de l'Internationale communiste) insistait dans la onzième thèse aux points 2 et 3 sur la nécessité dans les « États et nations plus arriérés, où prédominent des rapports de caractère féodal, patriarcal ou patriarcal-paysans » de lutter contre les forces religieuses, dont «le panislamisme».
Voici ces deux points sur lesquels il insistait :
«2° La nécessité de lutter contre le clergé et les autres éléments réactionnaires et moyenâgeux qui ont de l'influence dans les pays arriérés ;
3° La nécessité de lutter contre le panislamisme et autres courants analogues, qui tentent de conjuguer le mouvement de libération contre l'impérialisme européen et américain avec le renforcement des positions des khans, des propriétaires fonciers, des mollahs, etc. »2
Dans un article ultérieur, je reviendrai sur les positions historiques des communistes révolutionnaires face à l'islam, positions antagoniques avec celles défendues par une « gauche » qui a trahi en s'alliant avec les pires ennemis des conquêtes et acquis démocratiques de base, substrat de toutes les conquêtes ultérieures. Trotsky (quoi que l'on pense de son évolution selon moi négative après 1933 envers le pouvoir soviétique encerclé d'ennemis mortels) avait prévenu : «Ceux qui ne peuvent défendre les anciennes positions n'en conquerront jamais de nouvelles.3»
Le 15 janvier 2017, l'organisation «communiste» (de type semi-utopique relativement aux bolchéviks historiques)  Lutte ouvrière se réclamant du «trotskysme» publiait dans son mensuel Lutte de classe : Le piège de la «lutte contre l’islamophobie». Ce faisant, bien que pour ma part j'ai quelques divergences, sommes toutes secondaires, avec cette contribution4, Lutte ouvrière fait de nouveau la démonstration qu'elle se démarque positivement et clairement de plusieurs autres organisations se réclamant frauduleusement du communisme et plus précisément du dit «trotskysme».
Je partage, donc, ci-dessous de larges passages de cet article qui peut et doit être consulté en entier sous le lien suivant5.

NOTES:

1 Une gauche qui ne défend pas pour le moins, bec et ongles, les droits suivants n'est pas et ne peut pas être de gauche : droits des femmes à l'égalité; droit de quitter « sa » religion ; droit à l'athéisme ; droit de blasphème et de critique de toute religion, et PARTICULIÈREMENT de celle -l'Islam- qui utilise la forme apparente de la religion pour masquer son entreprise totalement liberticide de conquête du monde (toute "théologie de la libération" d'inspiration islamique est pour cela totalement à exclure!); droit inaliénable d'autodétermination des Kabyles et des autres Berbères, des Kurdes, des Yézidis, des Hébreux et un long etc., FACE A L’OUMMA...
2 Première ébauche des thèses sur les questions nationale et coloniale (Pour le IIe Congrès Congrès de l'Internationale communiste): https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1920/07/vil19200714.htm
3 Voici le passage dans lequel apparaît cette phrase souvent citée hors contexte par des « trotskystes », passage tronqué dans la version en ligne... : « L’ouvrier conscient sait qu’une lutte victorieuse pour une émancipation totale est inconcevable si l'on ne défend pas les conquêtes déjà acquises, si modestes qu'elles puissent être. Il n'en faut que d'autant plus défendre cette colossale conquête qu'est l’économie planifiée contre la restauration des rapports capitalistes. Ceux qui ne peuvent pas défendre les anciennes positions n’en conquerront jamais de nouvelles. » La guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale. Manifeste (26 mai 1940) in Léon Trotsky, Sur la deuxième guerre mondiale, Paris 1974, p. 162.
4 Mes divergences sont bien plus profondes sur d'autres questions...
5 Le piège de la « lutte contre l’islamophobie », Lutte de Classe n°181 - février 2017 : https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2017/01/22/le-piege-de-la-lutte-contre-lislamophobie_75202.html
La première photo de la femme avec une muselière a été prise par Philippe Karsenty à Abou Dhabi en août 2016. La quatrième représente un homosexuel (ou perçu comme tel) jeté du haut d'un immeuble...
La première photo de la femme avec une muselière a été prise par Philippe Karsenty à Abou Dhabi en août 2016. La quatrième représente un homosexuel (ou perçu comme tel) jeté du haut d'un immeuble...La première photo de la femme avec une muselière a été prise par Philippe Karsenty à Abou Dhabi en août 2016. La quatrième représente un homosexuel (ou perçu comme tel) jeté du haut d'un immeuble...La première photo de la femme avec une muselière a été prise par Philippe Karsenty à Abou Dhabi en août 2016. La quatrième représente un homosexuel (ou perçu comme tel) jeté du haut d'un immeuble...

La première photo de la femme avec une muselière a été prise par Philippe Karsenty à Abou Dhabi en août 2016. La quatrième représente un homosexuel (ou perçu comme tel) jeté du haut d'un immeuble...

Le piège de la « lutte contre l’islamophobie »

Lutte de Classe n°181 - février 2017

«Une politique de construction de fronts pour « lutter contre l’islamophobie» est de plus en plus défendue par une partie de l’extrême gauche. Au point de perdre tout repère de classe, et d’user de démagogie vis-à-vis de l’islam politique. [...]
Pour autant, en tant que militants communistes, nous sommes aussi des adversaires résolus de toutes les religions et de toute oppression, et l’actuelle campagne ne doit pas faire perdre aux révolutionnaires toute boussole.
La galaxie de l’anti-islamophobie
Depuis plusieurs années, une galaxie de groupes se donnant pour objectif la « lutte contre l’islamophobie » se développent et prennent diverses initiatives. Certains, comme l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) ou PSM (Participation et spiritualité musulmanes), sont ouvertement des associations de prosélytisme religieux. D’autres se défendent d’être des organisations religieuses et se cachent derrière des revendications d’égalité, de lutte contre le racisme et contre l’islamophobie. C’est le cas du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), de Mamans toutes égales, du Collectif une école pour toutes, Féministes pour l’égalité, et plus récemment d’Alcir (Association de lutte contre l’islamophobie et les racismes). Le Parti des indigènes de la République (PIR) est aussi à ranger dans cette galaxie. [...]
Et organiser des réunions contre l’état d’urgence ou marcher contre le racisme peut sembler juste. La question est de savoir qui organise ces initiatives, quelles idées s’y expriment, et ce que des militants qui se disent d’extrême gauche y font et y disent.
Ces rassemblements ont tous été en réalité des tribunes pour des organisations islamistes et communautaristes.
Lors du rassemblement du 18 janvier 2015, des jeunes brandissent des drapeaux algériens, turcs, marocains, des panneaux portant des sourates du Coran, et une grande banderole : « Touche pas à mon prophète ». [...]
Ces différentes initiatives se sont faites avec la participation ou le soutien de groupes ou partis de gauche (Attac, Ensemble, EELV) ou d’extrême gauche (anarchistes libertaires, antifas, NPA). Et le 18 décembre 2016 encore, a eu lieu une conférence internationale contre l’islamophobie et la xénophobie, à Saint-Denis, à laquelle appelaient conjointement le Parti des indigènes de la République et le NPA, et dont l’appel était signé par Olivier Besancenot et Tariq Ramadan.
Des organisations obscurantistes et réactionnaires
Il est vrai que le NPA reconnaît des désaccords politiques avec certaines de ces organisations. Certes ! Quand on sait qui sont ces porte-parole de l’anti-islamophobie à côté desquels une partie du NPA juge bon de s’afficher, on est même en droit de juger que le mot est faible.
L’UOIF ? Elle a participé, en toute logique, aux défilés contre le mariage homosexuel. Elle a notamment accueilli dans ses congrès Christine Boutin, Dieudonné, Alain Soral, et les deux égéries de la Manif pour tous, Frigide Barjot et Ludovine de La Rochère. Réactionnaires de toutes religions, unissez-vous ! [...]
Le CCIF est représenté par Marwan Muhammad. Cet ancien trader donne aujourd’hui des conférences en compagnie d’Abou Houdeyfa, l’imam de Brest qui explique dans ses prêches que ceux qui écoutent de la musique « seront transformés en singes ou en porcs ».[...]
Le retour des « races »
Le Parti des indigènes de la République (PIR) est lui aussi présent à tous ces rassemblements, quand il n’en est pas l’organisateur.
Le PIR ne se place, lui, pas seulement sur le terrain de la lutte contre l’islamophobie, mais plus généralement sur celui de la défense politique de tous ceux qu’il appelle les indigènes, c’est-à-dire des victimes du colonialisme. Enfin, pas toutes : le PIR, peut-on lire sur la page de présentation de son site, « constitue un espace d’organisation autonome de tous ceux qui veulent s’engager dans le combat contre les inégalités raciales qui cantonnent les Noirs, les Arabes et les musulmans à un statut analogue à celui des indigènes dans les anciennes colonies ». Il semble que les Asiatiques, pourtant tout autant victimes des horreurs de la colonisation et de l’impérialisme, n’intéressent pas particulièrement le PIR. [...]
Le PIR se veut le porte-parole de cette évolution. Il étudie toute la société sous le prisme de la couleur de la peau, jamais sous celui des classes sociales ni des rapports économiques. Il assume totalement cette vision racialiste, fondée sur l’idée que les Blancs sont tous coupables de l’oppression des peuples coloniaux hier, et des immigrés aujourd’hui. Dans son dernier livre, Les Blancs, les Juifs et nous, la porte-parole du parti, Houria Bouteldja, écrit : « Au-dessus de moi, il y a les profiteurs blancs. Le peuple blanc, propriétaire de la France : prolétaires, fonctionnaires, classes moyennes. Mes oppresseurs. Petits actionnaires de la vaste entreprise de spoliation du monde. » Puis : « Le Français, dans son bureau, ça roule pour lui. L’Arabe, lui, est balayeur. »
Ce livre abject défend les idées les plus réactionnaires, à commencer par un antisémitisme nauséeux (« Vous les Juifs […] je vous reconnaîtrais entre mille, votre zèle est trahison. »), une homophobie assumée, une exaltation de « la redoutable et insolente virilité islamique » (sic), et une prise de position contre le féminisme, dénoncé comme une exportation blanche : « Mon corps ne m’appartient pas. Aucun magistère moral ne me fera endosser un mot d’ordre conçu par et pour des féministes blanches. […] J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam. »
Ces propos devraient suffire, lorsque l’on est communiste révolutionnaire, à s’interdire de faire tribune commune avec ceux qui les profèrent et qui sont pour nous ni plus ni moins que des ennemis politiques.
Le « féminisme blanc »
Une partie de l’extrême gauche, dans la foulée de la mouvance islamiste et du PIR, se débarrasse donc du féminisme d’un revers de la main en introduisant la notion, relativement nouvelle, de « féminisme blanc ». [...]
C’est une nouvelle variante du relativisme culturel, qui affirme depuis bien longtemps déjà que, européens et impérialistes que nous sommes, nous n’aurions pas à juger des pratiques « culturelles » des autres pays, en particulier ceux qui ont été colonisés.
Nous nous sommes déjà exprimés sur le paternalisme que sous-tend cette pseudo-théorie, lorsqu’elle est défendue par des militants de gauche ou d’extrême gauche européens : le port du voile, par exemple, leur serait insupportable, à eux. Mais ils l’estiment assez bon pour des femmes musulmanes. Pourquoi ? Parce qu’ils les estiment moins évoluées qu’eux?
Non, le fait d’exciser les femmes ou de les inciter ou les forcer à vivre toute leur vie cachées aux yeux des hommes, dans une forme d’apartheid sexuel permanent, n’est pas une « pratique culturelle » au même titre qu’une danse folklorique. C’est une attaque sauvage contre la moitié de l’humanité.
Bouteldja, qui dit préférer appartenir « à [sa] race et à l’islam » plutôt que de dire que son corps lui appartient, va même plus loin : « Un féminisme décolonial doit avoir comme impératif de refuser radicalement les discours et pratiques qui stigmatisent nos frères. » Elle absout ainsi d’avance les lapideurs de femmes et les exciseurs, au nom du féminisme décolonial. [...]
La complaisance de l’extrême gauche
Une partie de la « gauche de la gauche » organise avec ce milieu réactionnaire toutes sortes d’initiatives, leur ouvre ses colonnes ou discute doctement avec eux de leurs positions.
Ce n’est pas par accident. Il y a longtemps que la LCR, et plus encore le NPA, se refusent à critiquer clairement le voile, et font preuve vis-à-vis de l’islam d’une bonne dose de démagogie. On se souvient de l’affaire de la candidate voilée du NPA dans le Vaucluse, en 2011. Se refusant à affirmer sans ambages le caractère oppressif du voile et de ses divers avatars vestimentaires, des membres de ce parti sont allés par exemple, en août dernier, jusqu’à organiser dans le cadre de leur université d’été une manifestation pour défendre le droit des femmes à porter le burkini, aux cris de « Trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes de décider ». On n’est, on le voit, pas très loin du féminisme décolonial. [...]
Cet opportunisme est une vieille tradition d’une partie du mouvement trotskyste, la même qui l’a conduite, dans le passé, à soutenir sans s’en démarquer les nationalistes des pays colonisés, comme le FLN algérien, ou certains courants staliniens, à trouver des vertus aux associations les plus réformistes, comme Attac, ou à faire les yeux doux aux décroissants.
Communisme et religion
[...]
Que l’islam soit en France en religion majoritairement pratiquée par des opprimés, c’est-à-dire des prolétaires, c’est une certitude. Mais faire ce constat doit-il mener à se montrer conciliant avec cette religion ? Bien au contraire ! Davantage encore, justement parce que ceux qui sont touchés par cette religion sont les nôtres, nous devons la combattre ! La classe ouvrière, précisément parce qu’elle est la classe opprimée de la société, a moins accès au savoir, à la culture que d’autres couches de la société, ce qui la rend plus perméable à tous les préjugés. Et si ceux-ci prennent la forme de préjugés religieux parmi les travailleurs d’origine maghrébine ou africaine, ils en prennent d’autres, dans d’autres couches du prolétariat. À commencer par le racisme, hélas bien présent dans la classe ouvrière française. Et pourtant, aucun militant n’imagine ne pas le combattre sous prétexte qu’il s’agit de préjugés d’opprimés. Pourquoi en serait-il autrement avec la religion ? [...]
Que le marxisme ne se soit jamais donné comme objectif prioritaire de faire de la propagande antireligieuse, certes. Les communistes ne sont pas des laïcards, du nom de ce courant de bourgeois radicaux au tournant des 19e et 20e siècles qui considéraient que la lutte contre la religion était plus importante que la lutte des classes, ou plutôt qui préféraient largement que les ouvriers se battent pour la laïcité plutôt que pour remettre en cause l’ordre social.
Marx savait que les préjugés religieux étaient les conséquences de l’oppression, et qu’ils ne disparaîtraient pas avant une transformation profonde de la société, en d’autres termes, avant que la société communiste, en supprimant l’exploitation et l’oppression, supprime du même coup les causes de la religion. Et la ligne de démarcation que tracent les communistes, dans la société actuelle, n’est pas entre les laïcs et les religieux, mais entre les prolétaires et les bourgeois.
Pour autant, les marxistes ont toujours considéré la propagande antireligieuse comme indispensable. Être communiste, c’est être matérialiste, et être matérialiste, c’est être athée. On peut être athée et se battre, dans une grève, aux côtés d’un travailleur croyant. Mais cela n’empêche pas qu’il est du devoir de n’importe quel révolutionnaire communiste d’essayer d’arracher non seulement les militants qu’il veut gagner à sa cause, mais même ses camarades de travail et de lutte, à l’emprise de la religion. Trotsky l’expliquait, en 1923 : « Nous adoptons une attitude tout à fait irréconciliable vis-à-vis de tous ceux qui prononcent un seul mot sur la possibilité de combiner le mysticisme et la sentimentalité religieuse avec le communisme. La religion est irréconciliable avec le point de vue marxiste. Celui qui croit à un autre monde ne peut concentrer toute sa passion sur la transformation de celui-ci. » Et à la fin des années 1930 il écrivait encore, dans Défense du marxisme : « Nous, les révolutionnaires, nous n’en avons jamais fini avec les problèmes de la religion, car nos tâches consistent à émanciper non seulement nous-mêmes mais aussi les masses de l’influence de la religion. Celui qui oublie de lutter contre la religion est indigne du nom de révolutionnaire. »
Le piège de « l’islamophobie »
[…]
Nous rejetons et combattons les discriminations qui peuvent s’exercer à l’encontre des musulmans, parce que nous sommes pour la liberté de culte. Mais nous sommes athées, opposés à toutes les religions. Et l’équation, imposée par les islamistes et leurs amis, selon laquelle lutter contre la religion musulmane signifierait être raciste, est une escroquerie.
Une partie de la classe politique française actuelle rejette et discrimine les musulmans, en tout cas les pauvres, ceux des cités et des usines, car elle ne rejette certainement pas les milliardaires des théocraties du Golfe. Et il est compréhensible que nombre de jeunes se sentent victimes d’une oppression spécifique, qui existe bel et bien. [...]
Défendre le communisme
[...]
Notre tâche de révolutionnaires n’est pas de conforter les travailleurs dans leurs préjugés religieux, mais de les combattre. D’expliquer que l’islam politique, fût-il radical, n’a jamais combattu l’oppression sociale ; que c’est un courant profondément anticommuniste ; que là où il est au pouvoir, il l’est aux côtés de la bourgeoisie, réprime les grèves et assassine les militants ouvriers ; que l’islam, comme toutes les religions, prône la soumission et la résignation face à l’ordre social, en un mot que les partis politiques islamistes sont des partis bourgeois. De reprendre à l’identique, en ajoutant simplement au mot christianisme ceux de judaïsme et d’islamisme, les paroles de Marx : « Les principes sociaux du christianisme prêchent la lâcheté, le mépris de soi, l’avilissement, la servilité, l’humilité, bref toutes les qualités de la canaille ; le prolétariat, qui ne veut pas se laisser traiter en canaille, a besoin de son courage, du sentiment de sa dignité, de sa fierté et de son esprit d’indépendance beaucoup plus encore que de son pain. » [...]
Les travailleurs musulmans, en France, sont les secondes victimes des attentats, après les morts et les blessés. Il s’agit d’une politique consciente des dirigeants de l’islam politique, qui raisonnent de la même façon que les dirigeants impérialistes, et sont tout autant des ennemis des opprimés. [...]
Aujourd’hui, 170 ans après le Manifeste communiste, il faut apparemment encore rappeler que le communisme n’est pas compatible avec la religion.
Il est affligeant de voir des prétendus révolutionnaires se solidariser avec des rebuts d’idées que l’on trouve dans des livres comme ceux de Houria Bouteldja. Ces idées sont la négation même des idées communistes.
Cette évolution est un symptôme du recul réactionnaire qui touche la société. Le seul remède contre ce délitement, c’est de défendre sans relâche les perspectives communistes, l’idée qu’on ne peut pas combattre l’oppression en défendant une autre forme d’oppression. »

LIRE tout l'article: Le piège de la « lutte contre l’islamophobie », Lutte de Classe n°181 - février 2017 : https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2017/01/22/le-piege-de-la-lutte-contre-lislamophobie_75202.html

Le piège de la « lutte contre l’islamophobie », une contribution nécessaire de l'organisation Lutte ouvrière...
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