Représentation à Buchenwald de détenus Juifs communistes avec le titre « Das war es, das einzig wollten wir nicht : uns ergeben. » C'était la seule chose que nous ne voulions pas : nous soumettre. Photo réalisée au camp de concentration de Buchenwald, l'été 1981 ou 1982. Copyright Michel Aymerich

Représentation à Buchenwald de détenus Juifs communistes avec le titre « Das war es, das einzig wollten wir nicht : uns ergeben. » C'était la seule chose que nous ne voulions pas : nous soumettre. Photo réalisée au camp de concentration de Buchenwald, l'été 1981 ou 1982. Copyright Michel Aymerich

(Encore une fois Roger Trugnan, Hermann Axen et leurs camarades)

Par Michel AYMERICH

Dans mon article précédent Roger Trugnan, Juif, communiste, résistant, français à Auschwitz... [1], je rappelais que Roger Trugnan avait été un rescapé du camp de Jawischowitz, une annexe d'Auschwitz. Comme le furent Henri Krasucki, futur secrétaire général de la CGT (Confédération générale du travail) et Hermann Axen, membre du Bureau politique du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands) de 1970 jusqu'en 1989 [2]...

Après Auschwitz, tous les trois furent envoyés vers le camp de Buchenwald. «Les fascistes», explique Hermann Axen, «voulaient employer dans la production d'armements une partie des détenus d'Auschwitz à Dora, un camp à côté de Buchenwald. [3]»

Axen raconte dans son livre que détenu employé comme aide-rédacteur («Hilfsschreiber»), il avait été en mesure d'exercer une certaine influence sur la composition des listes des détenus qui devaient être transportés par wagons à bestiaux de 150 à 200 personnes ! «Nous étions parvenus à former des groupes et à rassembler tous les camarades -au nombre de 37- dans mon wagon à bestiaux » explique t-il. [4]

Hermann Axen rapporte aussi que seulement 17 sur 37 camarades parvinrent à Dora. Les autres détenus, transis de froid, moururent. Ils avaient été transportés pendant trois jours et trois nuits en hiver dans des wagons à bestiaux non chauffés, sans alimentation autre qu'un petit sac de sucres qu'il était parvenu à subtiliser aux S.S., dont il distribuait parcimonieusement des morceaux.

Sans doute est-ce à une autre date que Roger Trugnan et Henri Krasucki participèrent à la marche de la mort [5]. Là aussi, beaucoup de détenus ne survécurent pas au transfert d'Auschwitz à Buchenwald...

Buchenwald, ce camp de concentration nazi situé près de la belle ville de Weimar.

Cette ville qui donna son nom à la République du même nom qui prit fin avec la nomination d'Hitler au poste de chancelier du Reich par le maréchal Hindenburg.

La ville où Wolfgang Goethe vécut une longue partie de sa vie. Là où il écrivit et acheva Faust II, son ultime chef-d'œuvre, avant de mourir quelques mois plus tard le 22 mars 1832 en prononçant, selon son médecin, ces dernières paroles : «Mehr Licht !» («Plus de lumière !»). Qu'il ait réellement ou non prononcé ces paroles, Goethe était loin d'imaginer que l'obscurité la plus complète s'abattrait sur sa ville d'adoption plus d'un siècle plus tard. L'un des premiers camps fut celui de Buchenwald.

Ce camp de Buchenwald, je le visitais en 1981 ou 1982. Ironiquement à peu près à la même époque à laquelle j'avais vu Roger Trugnan et observé son tatouage qui a laissé une trace indélébile dans ma mémoire, comme je le relatais dans mon article précédent Roger Trugnan, Juif, communiste, résistant, français à Auschwitz...

Bruno Apitz, ancien déporté qui partagea huit années durant le sort des détenus de Buchenwald, raconte dans son célèbre roman historique Nu parmi les loups l’authentique auto-libération des prisonniers réalisée grâce aux détenus communistes qui avaient organisé une structure de résistance au sein même du camp [6].

Photos réalisées au camp de concentration de Buchenwald, l'été 1981 ou 1982. Copyright Michel Aymerich. Et une photo de la première page de couverture de mon exemplaire de l'ouvrage mémorable de Bruno Apitz. PS: l'étoile jaune et rouge était portée par les détenus Juifs communistes... Plus de photos, ici: https://www.michel-aymerich.com/photos-de-la-rda-ddr/
Photos réalisées au camp de concentration de Buchenwald, l'été 1981 ou 1982. Copyright Michel Aymerich. Et une photo de la première page de couverture de mon exemplaire de l'ouvrage mémorable de Bruno Apitz. PS: l'étoile jaune et rouge était portée par les détenus Juifs communistes... Plus de photos, ici: https://www.michel-aymerich.com/photos-de-la-rda-ddr/Photos réalisées au camp de concentration de Buchenwald, l'été 1981 ou 1982. Copyright Michel Aymerich. Et une photo de la première page de couverture de mon exemplaire de l'ouvrage mémorable de Bruno Apitz. PS: l'étoile jaune et rouge était portée par les détenus Juifs communistes... Plus de photos, ici: https://www.michel-aymerich.com/photos-de-la-rda-ddr/
Photos réalisées au camp de concentration de Buchenwald, l'été 1981 ou 1982. Copyright Michel Aymerich. Et une photo de la première page de couverture de mon exemplaire de l'ouvrage mémorable de Bruno Apitz. PS: l'étoile jaune et rouge était portée par les détenus Juifs communistes... Plus de photos, ici: https://www.michel-aymerich.com/photos-de-la-rda-ddr/

Photos réalisées au camp de concentration de Buchenwald, l'été 1981 ou 1982. Copyright Michel Aymerich. Et une photo de la première page de couverture de mon exemplaire de l'ouvrage mémorable de Bruno Apitz. PS: l'étoile jaune et rouge était portée par les détenus Juifs communistes... Plus de photos, ici: https://www.michel-aymerich.com/photos-de-la-rda-ddr/

Bien que leurs noms ne soient pas signalés par Apitz, Roger Trugnan, Henri Krasucki et Herman Axen sont de ceux-là. Axen est membre de l'organisation clandestine du KPD (Kommunistische Partei Deutschlands), mais pas de la direction communiste de la résistance. Lors de l’auto-libération des prisonniers, il dirige un groupe de trois camarades, fait feu et fait même prisonniers deux SS…[7]

Comme leur camarade allemand, les deux Français Roger Trugnan et Henri Krasucki participent à l’insurrection du camp : «J’avais un vieux chassepot, raconte Roger, Henri avait un bazooka !» [8]

Si j’avais su tout cela plus tôt, j'aurais aimé poser des questions au camarade Roger sur l'histoire racontée par Bruno Apitz... Il est vrai toutefois que vraisemblablement je n'aurais-je pas osé poser ce genre de questions à cet authentique héros...

La RDA fut édifiée par des antifascistes de combat. Des non-Juifs et des Juifs communistes ...

Hermann Axen raconte à un moment qu'il se trouvait à Buchenwald avec un détenu qui s'appelait Heinz Gronau, membre de la direction de la KJVD (Kommunistischer Jugendverband Deutschlands. En français : Ligue des jeunes communistes d'Allemagne) de Leipzig avant son arrestation. Ce même Gronau fut en RDA général de la Staatsichercheit («Stasi» en langage courant) et le premier commandant d'un «Wachregiment» de cet organe d’État [9].

Ce genre de faits ne correspondent pas en RFA et en France dans les milieux réactionnaires de la droite et de la «gauche» suiviste à l'image que l'on cherche systématiquement à donner des cadres et dirigeants de la RDA. Ces derniers doivent être présentés comme équivalents à peu de chose près aux dirigeants et cadres nazis !

Hitler établissait un lien entre Juifs et bolchévisme au sens large. Il établissait un lien mécanique entre l'État soviétique, Staline, le bolchévisme et les Juifs [10]...

Quoi que l'on pense de Trotsky et de ses erreurs manifestes irresponsables après 1933 (alors que Hitler avait été nommé chancelier et que le parti nazi avait accédé au pouvoir, ce qui signifiait la guerre programmée contre l'URSS), il est tout de même intéressant de lire de quelle manière il répondait à l'amalgame entre «stalinisme» et bolchévisme dans son écrit Leur morale et la nôtre:

«On peut dresser la liste des caractères communs au catholicisme ou au jésuitisme et au communisme. De leur côté, Hitler et Mussolini, usant d'une méthode tout à fait semblable, démontrent que le libéralisme, la démocratie et le bolchevisme ne sont que les diverses manifestations d'un même mal. L'idée que le stalinisme et le trotskysme sont "au fond identiques" rencontre aujourd'hui la plus large audience. Elle réunit les libéraux, les démocrates, les pieux catholiques, les idéalistes, les pragmatistes, les anarchistes et les fascistes. Si les staliniens n'ont pas la possibilité de se joindre à ce "Front populaire"-là, c'est seulement par un effet du hasard : ils sont précisément absorbés par l'extermination des trotskystes.

«Ces rapprochements et ces identifications sont essentiellement caractérisés par l'ignorance complète des assises matérielles des diverses tendances, c'est-à-dire de leur nature sociale et, dès lors, de leur rôle historique objectif. On y apprécie et classe par contre les diverses tendances d'après des indices extérieurs et secondaires, le plus souvent d'après leur attitude envers tel ou tel principe abstrait auquel le classificateur attribue professionnellement une signification particulière. Pour le pape, les francs-maçons, les darwinistes, les marxistes et les anarchistes sont frères en le sacrilège puisqu'ils repoussent tous l'Immaculée Conception. Pour Hitler, le libéralisme et le marxisme, ignorant l'un et l'autre "le sang et l'honneur", sont des jumeaux. Jumeaux pour le démocrate, le fascisme et le bolchevisme puisqu'ils refusent de s'incliner devant le suffrage universel. Et cætera.» [11]

Je reprends la méthode de Trotsky. «Jumeaux pour le démocrate» [12], le troisième Reich et la RDA, puisque les dirigeants des deux États ont refusé de s'incliner devant le suffrage universel. Nonobstant l'existence de camps d'extermination planifiée dans le premier État. Un «détail», sans doute, pour tous ceux qui établissent un parallèle qualitatif entre les «deux régimes totalitaires en Allemagne».

L'élection de Beate Klarsfeld à la présidence de la République fédérale ne devait donc pas être possible. Connue en France pour avoir avec son mari Serge Klarsfeld fait arrêter Klaus Barbie, ancien SS chef de la Gestapo à Lyon, elle est, moins connue dans notre pays, mille fois hélas, pour avoir, le 7 novembre 1968, asséné une gifle mémorable au chancelier d'Allemagne fédérale Kurt Georg Kiesinger qui avait été membre du parti nazi de 1933 à 1945 [13]. Elle avait aussi dénoncé Ernst Achenbach (ancien adjoint d’Otto Abetz) qui avait été nommé pour représenter la RFA à la Commission européenne. Ernst Achenbach avait participé à la déportation de 2000 Juifs à Auschwitz, en représailles à un attentat commis contre deux officiers allemands...  Elle avait poursuivi son action en dénonçant Kurt Lischka, lequel avait dirigé en tant que SS la grande rafle des Juifs à Paris (la rafle du Vel' d'Hiv), ainsi que Herbert Hagen, également ancien SS et théoricien de l'antisémitisme, qui avait eu sous ses ordres Adolf Eichmann...

Le 27 février 2012, le parti Die Linke (issu du PDS) annonce soutenir la candidature, à la présidence de la République fédérale, de Beate Klarsfeld. «La militante antinazie présente [...] l'avantage d'être une «forte caution morale» et une héroïne de la «lutte antifasciste», qualités appréciables aux yeux de Die Linke pour la plus haute fonction de l'État, dénuée de pouvoir mais censée incarner l'autorité morale du pays.» écrit Patrick Saint-Paul pour le Figaro [14].

Mais Beate Klarsfeld qui voyait dans ce soutien la reconnaissance d'un «couronnement du travail» qu'elle conduisait «depuis des années» n'avait aucune chance de l'emporter face à Joachim Gauck, candidat anticommuniste, «soutenu par les conservateurs, les libéraux, les sociaux-démocrates et les écologistes.» [15]

Ma colère est grande, les mots se rétractent sous le clavier, tant ils pourraient être durs et exprimer une révolte contre la réécriture notamment cinématographique de l'histoire. Une réécriture subtile qui ne dit pas son nom. Une réécriture par omissions et par invention d'histoires fictives présentées comme des faits historiques. Une réécriture qui s'inscrit subrepticement par couches successives tant dans l'inconscient du Français moyen et du citoyen moyen allemand que de leurs « élites » réduites à s'efforcer de donner du sens au non-sens. Moins chez le citoyen russe, quelque peu mieux préservé, lorsqu'il s'agit de la mémoire relative à ce qui touche à la seconde guerre mondiale. Le rôle majeur de la victoire de l'Union soviétique face au fascisme en est un élément essentiel d'explication... 

Par exemple le film L'affaire Rachel Singer. Ce «film plus vrai que nature que programme France 2» peut-on lire dans une présentation du film dans TéléStar signée Elsa Minot qui précise toutefois :«S'il ne s'agit pas d'une histoire vraie, L'affaire Rachel Singer est tout de même inspirée de faits réels. "Le chirurgien de Birkenau" serait en réalité Josef Mengele. A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ce dernier s'est exilé en Argentine, puis au Paraguay et au Brésil pour tenter d'échapper aux enquêteurs allemands et israéliens. [16]» Mais Elsa Minot n'attire pas l'attention sur la dimension de révisionnisme historique honteux que représente « ce «film plus vrai que nature» qui raconte une histoire présentée frauduleusement comme ayant eu lieu en...RDA !

Ce film s'inscrit dans une réécriture pour le moins subreptice de l'histoire. Méthode dans le fond plus efficace que d'engager la responsabilité d'historiens achetés qui risqueraient de se voir confrontés à la critique par des historiens indépendants. Méthode qui vise à frapper l'inconscient du plus grand nombre, bien au-delà du cercle clairsemé des lecteurs de livres spécialisés [17]. Une image vaut plus que mille mots, dit-on. Nos propagandistes le savent. Leur méthode est celle de la diffusion de fictions à l'apparence «crédible» auprès d'un public progressivement vidé de sa mémoire historique et remplacé par un public plus jeune qui n'offrira guère de résistance mémorielle...

J'ai été témoin en 1990, alors que le SED avait perdu le pouvoir, de la mise à la poubelle de nombreux livres antifascistes présents dans les bibliothèques publiques ! Voilà un aspect de l'histoire de l'Anschluss de la RDA qui demeure fondamentalement méconnu des citoyens des pays « démocratiques » et des historiens peu empressés d'écrire à charge contre la politique de la République fédérale. Je publie ici deux photos relatives à un de ces ouvrages. Ici Der KZ-Staat (« L’État des camps de concentrations ») de Heinz Kühnrich, comportant en page 4 le tampon "Ungültig" (Invalidé). Je publie également une photo de la première page de couverture du Manifeste du parti communiste de Marx-Engels avec la mention tamponnée "Bitte sorgfältig aufbewahren ! 3 Oktober 1990", ce qui signifie : SVP, gardez le soigneusement ! En effet, face à la politique d'annexion en cours, des résistants distribuaient gratuitement par milliers des exemplaires du Manifeste... J'ai été témoin en 1990, alors que le SED avait perdu le pouvoir, de la mise à la poubelle de nombreux livres antifascistes présents dans les bibliothèques publiques ! Voilà un aspect de l'histoire de l'Anschluss de la RDA qui demeure fondamentalement méconnu des citoyens des pays « démocratiques » et des historiens peu empressés d'écrire à charge contre la politique de la République fédérale. Je publie ici deux photos relatives à un de ces ouvrages. Ici Der KZ-Staat (« L’État des camps de concentrations ») de Heinz Kühnrich, comportant en page 4 le tampon "Ungültig" (Invalidé). Je publie également une photo de la première page de couverture du Manifeste du parti communiste de Marx-Engels avec la mention tamponnée "Bitte sorgfältig aufbewahren ! 3 Oktober 1990", ce qui signifie : SVP, gardez le soigneusement ! En effet, face à la politique d'annexion en cours, des résistants distribuaient gratuitement par milliers des exemplaires du Manifeste... J'ai été témoin en 1990, alors que le SED avait perdu le pouvoir, de la mise à la poubelle de nombreux livres antifascistes présents dans les bibliothèques publiques ! Voilà un aspect de l'histoire de l'Anschluss de la RDA qui demeure fondamentalement méconnu des citoyens des pays « démocratiques » et des historiens peu empressés d'écrire à charge contre la politique de la République fédérale. Je publie ici deux photos relatives à un de ces ouvrages. Ici Der KZ-Staat (« L’État des camps de concentrations ») de Heinz Kühnrich, comportant en page 4 le tampon "Ungültig" (Invalidé). Je publie également une photo de la première page de couverture du Manifeste du parti communiste de Marx-Engels avec la mention tamponnée "Bitte sorgfältig aufbewahren ! 3 Oktober 1990", ce qui signifie : SVP, gardez le soigneusement ! En effet, face à la politique d'annexion en cours, des résistants distribuaient gratuitement par milliers des exemplaires du Manifeste...

J'ai été témoin en 1990, alors que le SED avait perdu le pouvoir, de la mise à la poubelle de nombreux livres antifascistes présents dans les bibliothèques publiques ! Voilà un aspect de l'histoire de l'Anschluss de la RDA qui demeure fondamentalement méconnu des citoyens des pays « démocratiques » et des historiens peu empressés d'écrire à charge contre la politique de la République fédérale. Je publie ici deux photos relatives à un de ces ouvrages. Ici Der KZ-Staat (« L’État des camps de concentrations ») de Heinz Kühnrich, comportant en page 4 le tampon "Ungültig" (Invalidé). Je publie également une photo de la première page de couverture du Manifeste du parti communiste de Marx-Engels avec la mention tamponnée "Bitte sorgfältig aufbewahren ! 3 Oktober 1990", ce qui signifie : SVP, gardez le soigneusement ! En effet, face à la politique d'annexion en cours, des résistants distribuaient gratuitement par milliers des exemplaires du Manifeste...

Cette réécriture poursuit au maximum le but de dédouaner les vrais responsables de la Shoah et d'inverser les responsabilités autant que faire se peut. Elle génère intentionnellement la confusion des genres, puis le glissement progressif vers la mise à égalité des systèmes antagonistes que représentaient les États socialistes, dont l'URSS au premier rang, et l'Allemagne nazie, ce régime au service des appétits de grands monopoles capitalistes... Sociétés antagonistes dans le réel, mais subsumées sous la catégorie commode du totalitarisme dans la propagande.

«Jumeaux pour le démocrate, le fascisme et le bolchevisme puisqu'ils refusent de s'incliner devant le suffrage universel» ironisait Trotsky en 1939 [18].

«Jumeaux pour le démocrate», le troisième Reich et la République démocratique allemande (RDA) puisque les dirigeants des deux États refusaient de s'incliner devant le suffrage universel. Et ce nonobstant la Shoah qui devient alors par le tour de passe-passe de la mise en avant de certains aspects (absence de «liberté» pour les adversaires du régime, excepté toutefois comme on l'a vu en RDA pour ce parti de fait que constituait l'église...) un «détail», dont seul l'emploi du mot est relevé chez Jean Marie Le Pen...

A l'anticommunisme sans fards d'hier sous l'aspect forcené de l'anti-judéo-bolchévisme des nazis et de larges cercles de la réaction en France, en Grande Bretagne, aux USA avant la victoire militaire sur le fascisme allemand (victoire essentiellement soviétique et non américaine...) a succédé l'anticommunisme fardé de la défense de la «démocratie» qui n'a dorénavant plus besoin d'associer systématiquement les Juifs et le communisme.

Entre temps, l'essentiel du sale boulot avait été accompli. La «Bolchevisation du monde, donc la victoire de la juiverie » avait été évitée par «l’anéantissement de la race juive en Europe» comme l'avait « prophétisé » Hitler le 30 janvier 1939 [19]. La Shoah était passée par là. Réalisée par les nazis, souhaitée par le Kaiser Wilhelm II qui écrivait dans son Tagebuch (journal) en décembre 1919 «Aucun Allemand ne peut avoir de tranquillité jusqu'à ce que ces parasites (les Juifs) soient supprimés et éradiqués de la Terre allemande» [20]

Si en URSS, le nombre de cadres Juifs avait relativement baissé, comparativement aux débuts de l’État soviétique, il demeurait élevé en République démocratique allemande (RDA), comme le précise Nathan Steinberger [21] (arrêté en 1937 en URSS pour « activités trotskystes contre-révolutionnaires », il passa 20 ans dans le système du GOULAG), dont j'ai eu la chance de participer à la présentation et l'honneur de recevoir la dédicace de son livre paru sous forme de conversation autobiographique avec Barbara Broggini.

Nathan Steinberger fut arrêté en 1937 en URSS pour « activités trotskystes contre-révolutionnaires » et passa 20 ans dans le système du GOULAG. J'ai eu la chance de participer à la présentation et l'honneur de recevoir la dédicace de son livre paru sous forme de conversation autobiographique avec Barbara Broggini. La troisième photo le représente en compagnie de son épouse...Nathan Steinberger fut arrêté en 1937 en URSS pour « activités trotskystes contre-révolutionnaires » et passa 20 ans dans le système du GOULAG. J'ai eu la chance de participer à la présentation et l'honneur de recevoir la dédicace de son livre paru sous forme de conversation autobiographique avec Barbara Broggini. La troisième photo le représente en compagnie de son épouse...Nathan Steinberger fut arrêté en 1937 en URSS pour « activités trotskystes contre-révolutionnaires » et passa 20 ans dans le système du GOULAG. J'ai eu la chance de participer à la présentation et l'honneur de recevoir la dédicace de son livre paru sous forme de conversation autobiographique avec Barbara Broggini. La troisième photo le représente en compagnie de son épouse...

Nathan Steinberger fut arrêté en 1937 en URSS pour « activités trotskystes contre-révolutionnaires » et passa 20 ans dans le système du GOULAG. J'ai eu la chance de participer à la présentation et l'honneur de recevoir la dédicace de son livre paru sous forme de conversation autobiographique avec Barbara Broggini. La troisième photo le représente en compagnie de son épouse...

Dans son livre, Nathan Steinberger, l'ancien détenu du Goulag resté fidèle à son engagement révolutionnaire, lequel avait occupé différents postes (professeur d'économie; membre de la commission de planification) en RDA, explique : «La direction du parti n'était pas antisémite, car à la différence de l'Union soviétique de l'époque il y avait en RDA, relativement parlant, énormément de Juifs dans les positions dirigeantes. Jusqu'au Bureau politique.»[22]

Vérités qui n'avaient pas échappé aux représentants de l’État de l'autodétermination hébraïque, notamment à Yaacov Peri, chef du Shin Bet.

Ainsi l'information suivante n'est-elle pas surprenante. Neues Deutschland , alors quotidien du Partei des Demokratischen Sozialismus (PDS), rapportait le 04.04.1996 :

CLIQUEZ SUR UNE IMAGE POUR LA VISUALISER  EN ENTIER. «Entre collègues  Tel Aviv (dpa / ND). Lors de son premier voyage en Israël, Markus Wolf, ex chef du service des renseignements extérieurs du MfS [Ministère de la sécurité d’État] de la RDA, a rencontré d'anciens collègues. Le journal «Maariv» qui a organisé le voyage, a cité l'ancien chef de l'agence de renseignement intérieur israélien Shin Bet, Yaacov Peri, avec les mots: «Markus, ... tu es une Légende." Wolf déclara, entre autres, le MfS n'a jamais directement agit contre Israël. «Nous ne t'avons jamais vu comme un ennemi, plutôt comme un collègue", répondit Peri. » [23] A droite, une photo de Markus Wolf.CLIQUEZ SUR UNE IMAGE POUR LA VISUALISER  EN ENTIER. «Entre collègues  Tel Aviv (dpa / ND). Lors de son premier voyage en Israël, Markus Wolf, ex chef du service des renseignements extérieurs du MfS [Ministère de la sécurité d’État] de la RDA, a rencontré d'anciens collègues. Le journal «Maariv» qui a organisé le voyage, a cité l'ancien chef de l'agence de renseignement intérieur israélien Shin Bet, Yaacov Peri, avec les mots: «Markus, ... tu es une Légende." Wolf déclara, entre autres, le MfS n'a jamais directement agit contre Israël. «Nous ne t'avons jamais vu comme un ennemi, plutôt comme un collègue", répondit Peri. » [23] A droite, une photo de Markus Wolf.

CLIQUEZ SUR UNE IMAGE POUR LA VISUALISER EN ENTIER. «Entre collègues Tel Aviv (dpa / ND). Lors de son premier voyage en Israël, Markus Wolf, ex chef du service des renseignements extérieurs du MfS [Ministère de la sécurité d’État] de la RDA, a rencontré d'anciens collègues. Le journal «Maariv» qui a organisé le voyage, a cité l'ancien chef de l'agence de renseignement intérieur israélien Shin Bet, Yaacov Peri, avec les mots: «Markus, ... tu es une Légende." Wolf déclara, entre autres, le MfS n'a jamais directement agit contre Israël. «Nous ne t'avons jamais vu comme un ennemi, plutôt comme un collègue", répondit Peri. » [23] A droite, une photo de Markus Wolf.

Il est, alors, logique que Gregor Gysi, personnalité la plus éminente du PDS, puisse déclarer en 2008 : «L’antisionisme ne peut, ou du moins ne peut plus, être une position défendable pour la gauche en général et pour le parti Die Linke en particulier» [24].

 Die Haltung der deutschen Linken zum Staat Israel  Vortrag von Dr. Gregor Gysi auf einer Veranstaltung "60 Jahre Israel" der Rosa-Luxemburg-Stiftung am 14. April 2008.  https://www.die-linke.de/die_linke/nachrichten/detail/zurueck/aktuell/artikel/die-haltung-der-deutschen-linken-zum-staat-israel/

Die Haltung der deutschen Linken zum Staat Israel Vortrag von Dr. Gregor Gysi auf einer Veranstaltung "60 Jahre Israel" der Rosa-Luxemburg-Stiftung am 14. April 2008. https://www.die-linke.de/die_linke/nachrichten/detail/zurueck/aktuell/artikel/die-haltung-der-deutschen-linken-zum-staat-israel/

En effet, à de nombreux égards, «l'antisionisme» moderne occupe depuis la fin de la seconde guerre mondiale et ce de manière croissante la place du combat forcené mené par l'ultra-réaction contre le «judéo-bolchévisme». L'ultra-réaction islamiste - encouragée par les USA... - et ses multiples organisations islamo-fascistes avec ses doriotistes modernes et autres idiots utiles ont remplacé l'ultra-réaction sous forme du fascisme allemand, ses alliés et collabos.

Une ultra-réaction islamiste exploitée systématiquement pour préserver le système mondial de l'exploitation capitaliste-impérialiste.

Cruelle dialectique que de voir de nombreux militants se réclamant absurdement du communisme ainsi sombrer dans la plus profonde compromission et se subordonner à la pire réaction sociale, économique, politique, culturelle de notre temps que représentent les organisations islamiques (et les États qui les financent abondamment), structurellement anticommunistes et antisémites...

NOTES :

[1] Roger Trugnan, Juif, communiste, résistant, français à Auschwitz...http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2017/02/roger-trugnan-juif-communiste-resistant-francais-a-auschwitz.html

[2] Hermann Axen « employé par les S.S. à tenir des listes de détenus dans le camp, parvint à sauver la vie de Henri Krasucki, le futur secrétaire général de la CGT! Krasucki qui n'avait que 18 ans était alors très malade et devait être gazé. Hermann Axen le raya de la liste et lui attribua le nom d'un détenu Serbe (ou Croate) qui s'était suicidé en se jetant sur les barbelés électrifiés ! Pour les S.S., Krasucki s'était suicidé... » bid.  

[3] Hermann Axen, Ich war ein Diener der Partei, p. 61.

[4] Ibid.

[5] Pierre Laurent, Décès de Roger Trugnan : "Une peine immense" http://www.humanite.fr/deces-de-roger-trugnan-une-peine-immense-599206

[6] Bruno Apitz, Nu parmi les loups, 1961.

[7] Ich war ein Diener der Partei, p . 63.

[8] Bernard Frederick, Henri Krasucki, passion simple.http://www.humanite.fr/node/278761

[9] Ich war ein Diener der Partei, p . 71.

[10] Mon article: Le 22 juin 1941, les fascistes allemands déclenchent la guerre totale contre le "judéo-bolchévisme"! http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2016/06/le-22-juin-1941-les-fascistes-allemands-declenchent-la-guerre-totale-contre-le-judeo-bolchevisme.html

[11] Léo Trotsky, Leur morale et la nôtre. https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/morale/morale1.htm

[12] je me permet d'ajouter des guillemets, tant aujourd'hui les exemples se sont accumulés qui démontrent que les «démocrates» sont les agents du système de la dictature d'un système...

[13] En 1933, à l'âge de vingt-neuf ans, Kurt Georg Kiesinger adhéra au NSDAP (le parti nazi) et en restera membre jusqu'en 1945. En 1940, pendant la guerre, il est affecté au département «radiodiffusion» du ministère des Affaires étrangères et en devient directeur adjoint.

[14]http://www.lefigaro.fr/international/2012/03/01/01003-20120301ARTFIG00630-beate-klarsfeld-de-l-extreme-gauche-allemande-a-sarkozy.php

[15] Ibid.

[16] http://www.telestar.fr/article/l-affaire-rachel-singer-est-ce-tire-d-une-vraie-histoire-photos-114691

[17] J'ai été témoin en 1990, alors que le SED avait perdu le pouvoir, de la mise à la poubelle de nombreux livres antifascistes présents dans les bibliothèques publiques ! Voilà un aspect de l'histoire de l'Anschluss de la RDA qui demeure fondamentalement méconnu des citoyens des pays «démocratiques» et des historiens peu empressés d'écrire à charge contre la politique de la République fédérale. Je publie ici deux photos relatives à un de ces ouvrages. Ici Der KZ-Staat (« L’État des camps de concentrations ») de Heinz Kühnrich, comportant en page 4 le tampon Ungültig (Invalidé). Je publie également une photo de la première page de couverture du Manifeste du parti communiste de Marx-Engels avec la mention tamponnée Bitte sorgfältig aufbewahren ! 3 Oktober 1990, ce qui signifie : SVP, gardez le soigneusement ! En effet, face à la politique d'annexion en cours, des résistants distribuaient gratuitement par milliers des exemplaires du Manifeste...

[18] Léo Trotsky, Leur morale et la nôtre. Ibid.

[19] Le 30 janvier 1939, Hitler déclare dans un discours au Reichstag: «Aujourd’hui, je serai encore un prophète : si la finance juive internationale en Europe et hors d’Europe devait parvenir encore une fois à précipiter les peuples dans une guerre mondiale, alors le résultat ne serait pas la Bolchevisation du monde, donc la victoire de la juiverie, au contraire, ce serait l’anéantissement de la race juive en Europe.» Source: http://www.phdn.org/histgen/hitler/declarations.html#note13

[20] « Kein Deutcher darf Ruhe geben, bis diese Parasiten (die Juden) von der deutschen Erde getilgt und ausgerottet sind. » in J.C.C. Röhl and N. Sombart (Hg.) Kaiser Wilhelm II: New Interpretations, Cambridge 1984. Cité in Ernest Mandel, Der Zweite Weltkrieg, Frankfurt 1991, p.92.

[21] https://www.wsws.org/francais/hiscul/2005/avril05/090305_Steinberger.shtml

[22] Nathan Steinberger, Berlin, Moskau, Kolyma und zuruck: Ein Gespräch über Stalinismus und Antisemitismus mit Barbara Broggini,1996, p. 104.

[23] «Unter Kollegen

Tel Aviv (dpa/ND). Auf seiner ersten Israel-Reise traf Markus Wolf, Ex-Aufklärungschef des MfS der DDR, mit ehemaligen Berufskollegen zusammen. Die Zeitung „Maariv“, die die Reise arrangierte, zitierte den ehemaligen Chef des israelischen Inlandsgeheimdienstes Shin Bet, Jaacov Peri, mit den Worten: „Markus,... du bist eine Legende.“ Wolf erklärte u.a., das MfS habe nie direkt gegen Israel agiert. „Wir haben dich nie als Feind gesehen, eher als Kollegen“, antwortete Peri.»https://www.neues-deutschland.de/artikel/603560.unter-kollegen.html?sstr=Markus|Wolf

[24] Die Haltung der deutschen Linken zum Staat Israel. Vortrag von Dr. Gregor Gysi auf einer Veranstaltung "60 Jahre Israel" der Rosa-Luxemburg-Stiftung am 14. April 2008. https://www.die-linke.de/die_linke/nachrichten/detail/zurueck/aktuell/artikel/die-haltung-der-deutschen-linken-zum-staat-israel/

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