Deux remarques concernant le texte porté à notre connaissance par Michel Garroté
Une première remarque concerne la phrase suivante mise par moi en gras (comme le sont toutes les phrases et mots mis en gras):
«L’achat de terres par des organisations ou des philanthropes juifs est assimilé par les Arabes à un “vol” de terres ou à l’expropriation des fellahs arabes. Pourtant, la carte jointe établit des localités juives depuis 1878.»
La date de 1878 pourrait laisser croire – ce qui n'est pas dans l'intention de l'auteur - aux lecteurs mal informés ou désinformés qu'il n'y avait auparavant pas de Juifs en «Palestine», plus exactement au pays de Qedem («Pays du Levant») [2], «Pays des Hébreux», «Pays de Canaan» et plus tard «Pays des Fils d'Israël» [3] violemment conquis et arabo-islamisé [4], puis sous domination coloniale islamo-ottomane pendant des siècles...
Rappelons que Karl Marx se rendit à Jérusalem en tant que correspondant du New York Daily Tribune. Il rapporta en 1854 ceci :
«Les Musulmans forment environ un quart de l'ensemble de la population composée de Turcs, d'Arabes et de Maures qui sont évidemment les maîtres à tous égards puisqu'ils ne sont aucunement affectés par la faiblesse de leur gouvernement situé à Constantinople. Rien n'égale la misère et les souffrances des Juifs de Jérusalem, qui résident dans le quartier le plus infect de la ville que l'on appelle le hareth-el-yahoud, ce quartier d'immondices compris entre les monts Sion et Moriah où sont situés leurs synagogues - objets constants de l'oppression et de l'intolérance des Musulmans, exposés aux insultes des Grecs, persécutés par les Latins, et ne vivant que des aumônes à peine suffisantes transmises par leurs frères d'Europe.» [5]
Nathan Weinstock qui le cite observe à propos du rapport:
«En passant Marx nous apprend que la ville de Jérusalem renfermait une population de 15 500 âmes dont 8 000 Juifs et 4 000 Musulmans (Arabes, Turcs et Maures).» [6]
En fait, des Juifs il y en eut continuellement en terre hébraïque (pays de Qedem), comme il continuait d'exister des Hébreux non-Juifs... Mais les uns et les autres étaient victimes de la terreur structurelle exercée par les «Musulmans» (pour ma part j'écris «Musulmans» comme d'autres écrivent les «Allemands», bien que dans un cas comme dans l'autre il ne peut être question d'oublier ceux qui savaient déroger à la règle imposée par les détenteurs du pouvoir...). Terreur, dont les moments que constituaient «l'oppression et [...] l'intolérance des Musulmans» visaient dans l'exemple de Marx les Juifs, ces rescapés des vagues d'islamisation forcée. Une oppression et une intolérance des «Musulmans» qui poursuivait à terme le but de les convaincre de rejoindre l'islam !
La seconde remarque porte sur un fait méconnu car jamais mis en exergue...
Ce fut Churchill qui porta la responsabilité en serviteur de l'impérialisme britannique du retrait arbitraire et illégal du territoire qui constitue l'actuelle Jordanie de ce qui devait devenir la «Palestine mandataire» :
«En 1921, avant la ratification du mandat, Churchill, ministre des colonies, ôte à la Palestine 90 650 km2 du territoire placé par la SDN sous mandat britannique, pour créer non pas un foyer national juif, mais un émirat arabe, la Transjordanie, consolation attribuée à la famille Saoud. Churchill installe Abdallah, fils d’Hussein, Chérif de la Mecque comme émir de Transjordanie et ainsi récompense son père pour sa participation à la guerre contre les Ottomans. Les Britanniques prouvent leur mauvaise foi en s’écartant de l’objectif désigné par le texte du Mandat qui leur avait été confié : établir un foyer pour les Juifs en Palestine. Ils imposent des restrictions sur les achats de terres par les Juifs dans ce qui restait de la Palestine, contrevenant à la clause de l’article 6 qui stipulait que « l’Administration de la Palestine encouragerait, en coopération avec l’Agence Juive » l’établissement de Juifs dans le pays, y compris sur des terres appartenant à l’État et sur des terres en friche. Dès 1949, les Britanniques, sur les 375’000 hectares de terre cultivable, avaient alloué 175’000 hectares aux Arabes et seulement 8’500 aux Juifs.»
On comprend mieux à la lecture de ce qui précède les réflexions suivantes de Trotsky : «La révolution socialiste représente la seule solution réaliste de la question juive. Si les ouvriers et paysans juifs réclamaient un État indépendant, très bien, mais je remarque qu’ils ne l’ont pas obtenu de la Grande-Bretagne. Cependant, s’ils le veulent, le prolétariat le leur donnera. Nous n’y sommes pas favorables, mais seule la classe ouvrière victorieuse peut le leur accorder. » [7]
Trotsky était pessimiste quant à la possibilité que la Grande-Bretagne puisse répondre favorablement à la lutte d'indépendance des Juifs au moment où il écrivait ce qui précède. C'était deux mois avant son assassinat par un agent de Staline en août 1940. Il ne pouvait deviner que l'histoire lui donnerait raison d'une façon aussi inattendue. Dans la mesure où l'URSS était politiquement un État socialiste (État ouvrier et paysan par sa nature de classe), plus précisément, selon son analyse (pertinente ou fausse comme je le pense, telle n'est pas ici la question traitée...), un «État ouvrier dégénéré» [8], ses représentants, en la personne de A. Gromyko, sur ordre de Staline, lesquels jouèrent un rôle décisif dans la naissance de l’État hébreu [9], représentèrent de façon inattendue «la classe ouvrière victorieuse»...
Cependant la nature contradictoire de la politique soviétique en la matière ne tarderait pas à relativiser l'aide décisive apportée en son temps à la naissance de l’État de l'indépendance hébraïque.
Il demeure que l’État hébreu («juif») ne naissait que sur une petite portion de la «Palestine mandataire» (78% ayant été déjà offerts par l'impérialisme britannique aux arabo-musulmans sous la forme de la Transjordanie!), ce pays de Qedem colonisé par les représentants de l'impérialisme religieux arabo-musulman qui ne régnaient que trop fréquemment par les méthodes dont aujourd'hui l’État islamique (« Daesh ») nous offre une version abondamment illustrée par les vidéos et la photo.
Quant à ce qu'il est convenu d'appeler « la gauche », qu'elle soit social-démocrate, socialiste, « stalinienne», post-stalinienne ou dite d'extrême-gauche (« trotskyste », etc.), ses organisations ne surent pas pour la plupart [10] s'émanciper du tournant «pro-arabe» (on ne parlait pas encore de «palestiniens» dans les 10 à 15 ans qui suivirent la fin de la seconde guerre mondiale) de la direction soviétique qui renouait avec sa politique pro-arabe (de facto pro-musulmane) commencée avant la grande guerre en 1929. Au contraire, elles épousèrent son « anti-impérialisme» quelque-peu unilatéral qui faisait une fixation, motivée par des raisons militaires, sur l'impérialisme nord-américain et l'impasse sur les impérialismes politico-religieux de type islamique partiellement concurrents et largement subordonnés à la stratégie de l'impérialisme principal, le capitalisme-impérialiste étasunien, taisant de façon opportuniste et cynique l'oppression musulmane terroriste (historiquement, à plusieurs reprises, de type génocidaire) à l'encontre des peuples juif et hébreu au sens large, mais aussi des peuples berbères d'Afrique du Nord, arménien, etc.
Ce faisant, en France, cette «gauche» quasi unanime sur la question, pratiquant sans réfléchir le palestinisme comme un ersatz de religion et ânonnant le bêlement «antisioniste» (en vérité anti droit à l'existence de l’État hébreu autodéterminé d'Israël), épousa la politique «arabophile» du Quai d'Orsay. Les noces durent jusqu'à aujourd'hui, scellant une union sacrée aussi factuellement «islamophile» que tendanciellement antisémite, antiisraélisme primaire oblige !
P.-S: Des guillemets à ces quatre mots dans le dernier paragraphe car chacun d'eux mériterait d'être déconstruit...
NOTES :
[3] Bien des Hébreux furent islamisés par la force la plus brutale. La pratique de l’État islamique (« Daesh ») portée à la connaissance de tout un chacun est l'illustration actuelle de cette application de la force dans la parfaite continuité de l'histoire de cette islamisation. Une fois islamisés, il fut interdit aux Hébreux de retourner à leur identité ethnique ou religieuse qu'elle apparaisse sous la forme juive mêlant dans un même ensemble Juifs croyants et incroyants ou sous celle d'Hébreux qui ne devinrent jamais juifs. Tout individu islamisé ou issu de parents islamisés ne peut quitter l'islam sous peine d'accusation d'apostasie punissable de la peine de mort ! En d'autres termes, un Juif islamisé ou un Hébreu islamisé ou toute personne islamisée (chrétiens, Yézidis, etc) est contraint de demeurer musulman...
[4] L'auteur d'origine judéo-tunisienne, David André Belhassen, écrit: « Les Juifs dans les pays sous le joug arabo-musulman subirent eux aussi un génocide. Certes moins rapide que dans le cadre de la barbarie nazie, mais sa lenteur n'enlève rien à son efficacité. La preuve est le nombre moindre, en dépit d'une natalité plus élevée, des Juifs issus du monde arabo-musulman par rapport à celui des Juifs d'Europe. Et ce malgré la Shoah dont leurs frères ashkénazes furent victimes, et nonobstant le fait que l'immense majorité des Juifs vivait, durant le premier millénaire de l'ère chrétienne, sur le pourtour de la Méditerranée.» [1] David André Belhassen, Israël. Amour et désamour, Paris 2013, p. 143-144.
[5] Karl Marx, The Outbreak of the Crimean War - Moslems, Christians and Jews in the Ottoman Empire, New York Daily Tribune, 15 avril 1854.
[7] Léon Trotsky, 15 juin 1940 (Writings, 1939-40, p. 287). Notons que Danièle Obomo et Patrick Silberstein ont présenté des textes de Trotsky expurgés de cet écrit dans l'ouvrage Question juive. Question noire, laissant entendre faussement que Trotsky s'opposait définitivement à la création de l’État juif ! Voilà une pratique inspirée des précédents staliniens qui – sans discussion aucune - n'a pas sa place dans une organisation se réclamant des analyses et de la méthode de Trotsky...
[8] « L'UNION SOVIÉTIQUE est sortie de la révolution d'Octobre comme un État ouvrier. L'étatisation des moyens de production, condition nécessaire du développement socialiste, a ouvert la possibilité d'une croissance rapide des forces productives. Mais l'appareil d'État ouvrier a subi entre-temps une dégénérescence complète, se transformant d'instrument de la classe ouvrière en instrument de violence bureaucratique contre la classe ouvrière et, de plus en plus, en instrument de sabotage de l'économie. La bureaucratisation d'un État ouvrier arriéré et isolé et la transformation de la bureaucratie en caste privilégiée toute-puissante sont la réfutation la plus convaincante - non seulement théorique, mais pratique - de la théorie du socialisme dans un seul pays.
Les passages en gras qui suivent sont soulignés par moi [M.A.].
Israël – Des droits historiques et géographiques
–Michel Garroté – Diaboliser, stigmatiser l’existence d’Israël en érigeant une liste de « victimisation » des Arabes palestiniens est depuis longtemps un sport international, notamment en France. Un processus, par lequel tout ce qui concerne réellement Israël est prohibé. Pour les leaders arabes, la diabolisation d’Israël est une conception sinueuse, pour détourner l’attention des foules de leur politique belliqueuse, avec, pour objectif, de désigner un coupable de tous les maux du monde. Claude Tencer, dont je publie ci-dessous une analyse sur ce sujet, est historien, Docteur en ‘Communication, Civilisations, Médias’, et, chercheur sur l’histoire du conflit Israélo-palestinien, à Paris.
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Claude Tencer (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Dans le monde des médias, rien n’est innocent, le silence encore moins. Une communication fictive peut aisément, si elle est invraisemblable, être crédible. Herbert Marcuse (1964) disait que « Les médias sont l’instrument d’une manipulation qui ambitionnerait de rendre les sociétés irrationnelles et passives ». Les techniques de communication standardisées sont selon lui, instrument de la démagogie favorisant ce qui unit aux dépens de ce qui divise. Les leaders arabes ont compris que les Israéliens ont négligé la communication et profitant de cette faiblesse propagent des rumeurs qui formatent l’esprit des faibles, des ignorants, et deviennent à la longue des faits historiques difficiles à déloger à présent.
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Claude Tencer : Le 16 mai 2011, dans le New York Times, Mahmoud Abbas évoque que : « La Palestine sera en mesure de négocier la reconnaissance de son statut à l’ONU dont le territoire est occupé militairement par un autre Etat ». Abbas use de la stratégie du “gros mensonge” pour tromper la communauté internationale en laissant croire que l’Etat palestinien existait et est désormais occupé par Israël. Les Palestiniens ont assimilé la stratégie par laquelle Israël peut militairement être un pays fort et perdre la bataille politique parce qu’il aura perdu la bataille médiatique. Les Palestiniens affirment que les Juifs sont arrivés en Palestine comme colonisateurs pour s’emparer des terres arabes. L’achat de terres par des organisations ou des philanthropes juifs est assimilé par les Arabes à un “vol” de terres ou à l’expropriation des fellahs arabes. Pourtant, la carte jointe établit des localités juives depuis 1878.
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Claude Tencer : Le Roi Abdallah de Transjordanie écrivit dans ses mémoires : « Il semble tout à fait clair à tous, à la fois d’après la carte tracée par la Commission Simpson et celle élaborée par la Commission Peel, que les Arabes sont aussi enclins à vendre leurs terres qu’à geindre inutilement » (1). Aujourd’hui encore, on qualifie les localités en Judée et Samarie de “colonies”, alors que les Arabes font l’impasse sur leur histoire de colonisation qui commence au VII siècle quand la nouvelle foi musulmane franchit les limites de la péninsule Arabique pour conduire à partir de 634 son expansion coloniale par la force et imposer son Empire au Proche et Moyen-Orient et autour de la Méditerranée.
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Claude Tencer : A la fin du règne du second calife, Omar ibn al-Khattab, (634-644), toute l’Arabie, une partie de l’Empire sassanide et les provinces syrienne et égyptienne de l’Empire byzantin avait été conquises par la colonisation arabe (2). Cette conquête se prolongera en Espagne jusqu’en 1280. A noter cependant que depuis la création de l’ONU, aucune condamnation n’a été prononcée contre la colonisation mondiale. L’ONU a adopté l’encouragement afin que les puissances coloniales optent pour une souveraineté et une indépendance des peuples. Logique, aucune puissance membre de l’ONU n’accepterait de s’auto-condamner.
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Claude Tencer : Après son échec en 2011 d’obtenir une reconnaissance à l’ONU comme Etat membre, l’Autorité palestinienne poursuit le processus de stigmatisation contre Israël. En 2012, l’Autorité palestinienne saisit le Conseil des droits de l’homme de l’ONU afin qu’il enquête sur les conséquences que peuvent engendrer les localités israéliennes en Cisjordanie sur les droits des Arabes palestiniens dans les “territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est”. Les 47 États membres du Conseil ont ainsi adopté par 36 voix pour, 1 contre et 10 absentions une résolution, décidant l’envoi d’une mission internationale indépendante pour enquêter sur “les restrictions aux droits des Palestiniens en raison des implantations juives en Cisjordanie”. Bien que cette mission n’apporterait aux Arabes palestiniens ni avantage territorial ni politique, leur objectif reste l’élaboration d’une image négative d’un État occupant des territoires palestiniens.
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Claude Tencer : Les États-Unis ont estimé que la résolution dont est saisi le Conseil préjuge du résultat de négociations directes, qui sont le moyen direct pour atteindre la paix. En tant que contributeur à l’aide à la Palestine, les États-Unis travaillent sans cesse à améliorer la situation économique des palestiniens. Cependant, ils restent préoccupés par le nombre de résolutions unilatérales et déséquilibrées qui critiquent Israël sans tenir compte que des mesures doivent être prises par les deux parties. L’initiative du Conseil ne tient pas compte du fait qu’il y a deux parties au conflit. Il faudrait adopter des résolutions favorisant une solution pacifique et qui ne compliquent pas un processus délicat.
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Claude Tencer : Israël a critiqué le fondement de cette démarche violant tous les principes, notamment celui de consulter le pays visé. En effet, Israël n’a pas été consulté. A noter que sur 91 décisions prises par le Conseil, 39 sont relatives à Israël, trois à la Syrie et une à l’Iran. Évoquer la création de l’Etat d’Israël en 1948, équivaut pour les Arabes d’évoquer la Nakbah (3), la catastrophe de 1948. Les Arabes et les antis-Israël estiment que la résolution 181, le plan de partage pour la Palestine voté par l’Assemblée de l’ONU en novembre 1947, n’est pas légitime selon le “droit international”. Sauf que la résolution 181 n’était jamais la base juridique selon lesquelles ont été cadrés les droits politiques du peuple juif en Palestine, ni les droits politiques des Arabes (4). La résolution 181 de l’Assemblée de l’ONU n’a pas créé l’État d’Israël comme certains l’évoquent pour le délégitimer.
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Claude Tencer : Lorsque la Grande Bretagne a annoncé que le mandat prendrait fin le 15 mai 1948, L’ONU vote la résolution 181 préconisant le partage de la Palestine en un État juif, un État arabe et une zone sous régime international particulier. Elle a proposé un cadre géopolitique et géographique nouveau pour deux États avec des frontières dessinées pour un État Arabe et un État Juif. Sachant que toute résolution votée par l’Assemblée générale de l’ONU a force d’une simple recommandation aux parties en conflit, la résolution 181 votée le 29 novembre 1947 n’était pas contraignante aux parties, elle ne s’applique que si les parties du conflit l’acceptent. Les Juifs acceptent la proposition de l’Assemblée, les Arabes la refusent.
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Claude Tencer : Les Arabes avaient le droit de refuser la résolution 181. Ce qu’ils n’avaient pas le droit de faire, était d’entamer une guerre contre les Juifs, pensant récupérer le territoire destiné aux Juifs par la force. Un choix qu’ils refusent d’assumer. Les Palestiniens, qui se substituent aux Arabes de Palestine se conduisent aujourd’hui comme une personne qui entre jouer au casino et perd son argent. Il regrette d’avoir perdu et demande à la direction de lui restituer son argent, car le casino n’a pas rassemblé les conditions requises pour lui permettre de gagner.
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Claude Tencer : Quelle est la base juridique de la légitimité de la création de l’Etat d’Israël ? C’est la Déclaration Balfour incluse dans l’acte du mandat pour la Palestine, voté par la SDN en 1920 qui forme la base juridique du rétablissement de l’Etat d’Israël. La Déclaration Balfour du 2 novembre 1917 va acquérir sa légitimité internationale par son inclusion dans le texte du mandat sur la Palestine. Ainsi, elle devient le premier document historique qui reconnaît les droits politiques aux Juifs à rétablir son foyer national et son indépendance en Palestine ; elle comporte la reconnaissance des liens historiques du peuple juif avec la Palestine et les raisons de la reconstitution de son foyer national en ce pays.
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Claude Tencer : Cette résolution fut adoptée par le vote de 51 pays, membres de la SDN (Société des nations) au sommet de San Remo le 25 avril 1920, attribuée par mandat à la Grande Bretagne. A cette conférence de San Remo, Grande Bretagne, France, Italie, Japon, Belgique, ont divisé les territoires perdus par l’Empire ottoman durant la 1ère guerre en 3 mandats : Palestine, Syrie, Irak. Le 24 juillet 1922, la SDN ratifie l’octroie à la Grande-Bretagne du mandat sur la Palestine. Le texte du mandat prévoit que la puissance mandataire sera « responsable de la mise à exécution de la déclaration faite le 2 novembre 1917 (Déclaration Balfour) par le gouvernement britannique en faveur de l’établissement d’un foyer national juif ».
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Claude Tencer : En juin 1922, Winston Churchill explique que les Juifs sont en Palestine en vertu du droit et non d’une tolérance : « Le développement d’un foyer national juif en Palestine ne consiste pas à imposer une nationalité juive aux habitants de la Palestine dans leur ensemble, mais désigne le développement en cours de la communauté juive existante, avec l’aide des Juifs du monde, pour en faire un centre dans lequel le peuple juif pourra trouver de l’intérêt et de la fierté, pour des motifs de religion et de race. Il est essentiel qu’ils sachent qu’ils sont en Palestine en vertu d’un droit et non d’une tolérance. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire que l’existence d’un foyer national juif en Palestine reçoive des garanties internationales et qu’il soit formellement reconnu qu’elles reposent sur un lien historique antique ».
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Claude Tencer : L’article 80 de la charte de l’ONU met en exergue le fait que les décisions adoptées par les membres de l’ONU ne peuvent être modifiées. Cet article rend la décision prise par la SDN à San Remo perpétuelle : Le paragraphe 1 du présent Article ne doit pas être interprété comme motivant un retard ou un ajournement de la négociation et de la conclusion d’accords destinés à placer sous le régime de tutelle des territoires sous mandat ou d’autres territoires ainsi qu’il est prévu à l’Article 77. L’article 6 du mandat confirme que les Juifs peuvent non seulement s’installer partout en Palestine, mais, le monde a l’obligation de les aider dans cette objectif de la construction.
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Claude Tencer : Peut-on considérer la création de la Transjordanie conforme au texte du mandat ? En 1921, avant la ratification du mandat, Churchill, ministre des colonies, ôte à la Palestine 90 650 km2 du territoire placé par la SDN sous mandat britannique, pour créer non pas un foyer national juif, mais un émirat arabe, la Transjordanie, consolation attribuée à la famille Saoud. Churchill installe Abdallah, fils d’Hussein, Chérif de la Mecque comme émir de Transjordanie et ainsi récompense son père pour sa participation à la guerre contre les Ottomans. Les Britanniques prouvent leur mauvaise foi en s’écartant de l’objectif désigné par le texte du Mandat qui leur avait été confié : établir un foyer pour les Juifs en Palestine. Ils imposent des restrictions sur les achats de terres par les Juifs dans ce qui restait de la Palestine, contrevenant à la clause de l’article 6 qui stipulait que « l’Administration de la Palestine encouragerait, en coopération avec l’Agence Juive » l’établissement de Juifs dans le pays, y compris sur des terres appartenant à l’État et sur des terres en friche. Dès 1949, les Britanniques, sur les 375’000 hectares de terre cultivable, avaient alloué 175’000 hectares aux Arabes et seulement 8’500 aux Juifs.
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Claude Tencer : Pour “plaire” et céder aux pressions, des Etats font l’impasse sur l’honnêteté intellectuelle, modifient des décisions collégiales internationales pour en prendre d’autres, contradictoires. La campagne de diabolisation et de stigmatisation d’Israël d’orientation arabe et de gauche se fixe un objectif qui s’écarte de toute réalité et faits historiques. « Parler des frontières avec les Arabes n’est qu’illusion, disait Yitzhak Rabin, notre présence n’a jamais été acceptée sur cette terre. L’existence d’Israël est considérée comme une substance étrangère, un envahisseur ». En effet, pour les Arabes, il est plus important de haïr les Juifs et leur existence plutôt que de haïr ceux qui empêchent leur prospérité existentielle. Israël ne peut accepter de faire la paix qu’avec un partenaire prêt à reconnaître son existence et à lui reconnaître des frontières sûres.
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Claude Tencer : L’ex-président soudanais Jaafar Nimeiri a bien compris la faiblesse des pays arabes face à la supériorité militaire d’Israël. Il déclara en 1984 « compte tenu de la difficulté à vaincre Israël sur le champ de bataille, il est préférable pour les pays arabes de le vaincre sur le champ de paix », conclut Claude Tencer (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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1/ Le Roi Abdallah, Mes Mémoires complètes, (Londres Longman Group, Ltd, 1978), pp. 88-8
2/ Albert Hourani, ‘Histoire des peuples arabes’, Edition du Seuil, Paris, 1993.
3/ Terme attribué à Constantin Zureik mentionné dans son ouvrage ‘Ma’na al-nakba’ (Le sens de la Nakbah), 1948.
4/ Le nom ‘Palestinien’ n’apparaît nullement dans les résolutions, ni la 181, ni la 194, seuls les termes ‘Arabes’ et ‘Juifs’ sont utilisés.
Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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