Peinture de Marc Chagall en 1932

Peinture de Marc Chagall en 1932

Par Michel AYMERICH

Bernard Hadjadj, directeur de l'UNESCO à la retraite, écrivait dans le Figaro du 02/05/2016 :

« L'UNESCO est atteinte de deux maux qui risquent de la perdre: le reniement et le déni. Reniement de sa raison d'être en fermant les yeux sur l'éducation à la haine de certains de ses États membres, déni de l'histoire en amputant le peuple juif de son identité historique et culturelle. [...]

L'Organisation se renie, se fait parjure lorsqu'elle ferme les yeux sur la propagation de la haine dans les manuels scolaires de la plupart des pays arabo-musulmans et de la Palestine.[...]

« Reniement de ses valeurs lorsqu'il s'agit des pays arabo-musulmans, mais intransigeance lorsque Israël censure des contenus éducatifs qui appellent à sa destruction. [...]

« Maison des cultures du monde, de la pensée critique, du dialogue, l'UNESCO, dont un des grands programmes est consacré aux sciences sociales et humaines, joue dangereusement à réviser l'histoire, à se complaire dans un déni de réalité.

« Dans la pure tradition des révisionnistes, elle a fini par dénier tout lien entre le peuple juif et Jérusalem. Fin octobre 2015, par la décision 185 EX/15, elle a classé le caveau des Patriarches et la tombe de Rachel comme sites musulmans et palestiniens, et exigé qu'Israël les retire de son patrimoine national. Mais elle vient de franchir un pas supplémentaire dans le négationnisme. Le mois d'avril 2016 pourra être retenu dans son histoire comme le jour où le Conseil Exécutif, en grand falsificateur, a dénié tout lien entre les juifs, le Mont du Temple et le mur Occidental. Cette résolution 199 EX/19 a été adoptée par 33 pays, et parmi eux la France (mais pas l'Allemagne, l'Angleterre, l'Irlande du Nord ni les États-Unis, qui ont voté contre). Ainsi nos «Lumières» s'estompent sous un épais voile de fumée. Et l'on se demande s'il ne faudrait pas recommander aux États-membres de l'UNESCO de promouvoir maintenant une résolution visant carrément à supprimer dans l'Histoire de l'humanité (éditions Unesco) tous les passages relatifs à la présence juive à Jérusalem et dans le royaume de Judée. » [1]

Le représentant de la France, le 16 avril dernier, n'aurait jamais dû emboîter le pas de pays tels que l’Algérie, l’Égypte, le Liban, le Maroc, le royaume d’Oman, le Qatar et le Soudan en votant une résolution proposée par ces pays niant tout lien historique entre le peuple hébreu de religion juive et les deux sites les plus sacrés du judaïsme à Jérusalem : le Mur occidental (ou Kotel) et le mont du Temple. [2]

Ce faisant, la France officielle a commis un acte très grave. Une France officielle, éloignée du peuple qui n'en a pas été informé ni surtout sensibilisé sur la signification à portée sociétale de ce vote de dhimmitude volontaire. Une soumission qui aurait pu s'inscrire dans un moment du roman prémonitoire de Houellebecq.

Alors comment, non-Juifs athées ou non, Juifs croyants ou non, ne pas donner raison au Dr Francis Weill, lorsqu'il écrit :

« Un événement très grave est survenu [...] : le vote de la France en faveur d’une résolution de l’Unesco faisant du "Mur occidental", dit "des Lamentations", à Jérusalem, un monument exclusivement musulman, alors qu’il est l’épicentre matériel de la foi juive.

« Ce vote est insensé : le temple juif de Jérusalem, dont ce mur est un vestige, a été édifié environ mille ans avant notre ère. Le mur a été bâti au plus tard au -1er siècle par Hérode le Grand.

« L’islam est apparu en l’an 622 de notre ère : sept siècles plus tard. Cette résolution est donc scientifiquement stupide et moralement malveillante. Elle reprend une thèse négationniste constante de l’islam, qui, pour de raisons de politique actuelle, nie toute présence juive (et donc primo-chrétienne) antique en Israël. […]

« Ainsi, même si la science a prouvé qu’un objet est noir, il suffit que l’islam désire qu’il soit qualifié de blanc pour que le gouvernement français accepte de se plier à sa volonté. A cet égard la plasticité de notre gouvernement n’est pas sans rappeler celle qu’affichait le gouvernement de Vichy face aux thèses totalitaires de l’époque. Ce faisant, nos gouvernants ont installé tous les Français dans un statut de dhimmis. Ce fait est lourd de danger pour l’avenir. Ce vote n'est pas seulement insensé ; il est indigne.

« Nos forces de défense se battent contre l’islamisme conquérant. Et voilà qu’à l’Unesco notre pays à concédé à l’État islamique une immense victoire culturelle. Notre gouvernement a toujours proclamé sa détermination à lutter contre l’antisémitisme ; mais en l’occurrence il a apporté, sur la scène internationale, son soutien à un certain antisémitisme.» [3]

J'invite chaque lecteur à méditer et tirer les conclusions qui s'imposent après avoir lu ces lignes du Professeur émérite des Universités, spécialiste de la tradition hébraïque et du judaïsme contemporain, Shmuel Trigano :

« Il est intéressant de noter que la résolution a été proposée par des États arabes réputés «modérés», si l'on excepte l'Algérie, (un pays dont le code de la nationalité a décrété au lendemain de l'indépendance que pour être citoyen algérien il fallait être musulman): le Maroc, l’Égypte, les Émirats Arabes Unis, le Koweït, et la Tunisie (si «démocratique» selon la presse française!). C'est qu'il y a là une dimension théologique propre à l'islam dans son ensemble qui voit dans le Coran le livre originel de la révélation de sorte que les livres judéo-chrétiens ne peuvent être que sa falsification. Le récit de la Bible hébraïque qui nous rapporte l'histoire d'Israël en Terre d'Israël, la royauté et les temples de Salomon et de Néhémie à Jérusalem (autant pour les chrétiens: les pérégrinations de Jésus durant l'époque du Deuxième Temple) serait entièrement faux et biaisé. Et Jésus n'était-il pas un «Palestinien»? C'est toute une réécriture de l'histoire selon l'islam qui se joue aujourd'hui sous la dictée de l'Organisation de la Conférence Islamique, un imposant bloc d'une soixantaine d’États, aux directives de laquelle les puissances occidentales, parties prenantes de son programme «alliance des civilisations», se sont honteusement soumises sous le couvert du mythe de l'»âge d'or» andalou: une réécriture que l'Union Européenne met en œuvre jusque dans les manuels d'histoire de ses pays membres. » [4]

La « Tunisie (si «démocratique» selon la presse française!) », mais aussi le Maroc qui se donne volontiers l'apparence d'être « tolérant » envers les Juifs !!! Mais dans le fonds, qu'est-ce que la tolérance sans son pendant l'intolérance ? N'y a t-il pas un mouvement de balancier entre les deux pôles, passant d'un état à l'autre jusqu'à ce qu'à la fin la société entière soit islamisée ? Le moment de la tolérance remplissant une fonction économique transitoire permettant de renforcer les finances d'une société en ayant conjoncturellement besoin dans la marche vers l'islamisation totale du monde. Prosélytisme inhérent à l'obligation islamique et répression de l'apostasie obligent...

Quant au Liban, également à l'origine de cette résolution de la honte, la démarche de son représentant apparaît comme le franchissement d'un pas supplémentaire vers un État-dhimmi trahissant à terme ses chrétiens pour mieux se soumettre à son environnement : une emprise musulmane croissante dans la diversité de ses manifestations ! A un pôle l’État islamique (Daesh), à l'autre la Tunisie et le Maroc. La portée de cette trahison est d'autant plus grande en ces temps d'épuration ethnique à travers l'exode massif des non-musulmans de leurs terres en proie à une nouvelle vague d'islamisation...

Les Libanais, comme l'ensemble des peuples, nations, ethnies voulant résister à un titre ou à un autre au rouleau compresseur de la réécriture révisionniste de l'histoire du pays des Hébreux devrait relire la lettre de Ignace Mobarat [lire : Mubarak], Archevêque Maronite de Beyrouth, adressée le 3 Août 1947 à Monsieur le Juge Sandstrom, Président de la Commission d’Enquête de l’U.N.S.C.O.P. (United Nations Special Committee On Palestine ) :

« La Palestine par contre, centre idéologique de toute la propagation du vieux et du nouveau testament, a été l’objet de toutes les vexations et de toutes les persécutions. De tout temps, tout ce qui peut rappeler un souvenir tant soit peu historique à été saccagé, pillé et mutilé. Des Temples et des Églises ont été transformés en Mosquées et le rôle de cette partie Orientale de la Méditerranée a été réduit à néant, et pour cause.

« Historiquement il est indéniable que la Palestine a été la patrie des Juifs et des premiers chrétiens. Aucun d’eux n’était d’origine arabe, La force brutale de la conquête les a réduits et astreints à se convertir à la religion musulmane. Voilà l’origine des arabes dans ce pays. Peut-on déduire de là que la Palestine est arabe où quelle fut toujours arabe? […]

« Les vestiges historiques, les monuments, les souvenirs sacrés des deux religions demeurent là vivants pour attester que ce pays a vécu en dehors des guerres intestines arabes que se livraient les princes et monarques d’Irak et d’Arabie. Les lieux saints, les Temples, le mur de lamentation, les Églises et les tombes des Prophètes et des Saints, en un mot, tous les souvenirs des deux religions sont des symboles vivants qui infirment à eux seuls les assertions présentes de ceux qui sont intéressés à faire de la Palestine un pays arabe. Englober la Palestine et le Liban dans la cadre des pays arabes, c’est renier l’histoire et détruire l’équilibre social dans le Proche Orient.

« Ces deux pays, ces deux foyers prouvent jusqu’à aujourd’hui l’utilité et la nécessité de leur existence, comme entité séparée et indépendante.» [5]

NOTES:

[1] http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/05/02/31002-20160502ARTFIG00155-resolution-de-l-unesco-sur-le-mont-du-temple-la-france-complice-d-un-mensonge.php

[2] http://www.lemondejuif.info/2016/05/meyer-habib-franeuce-sest-deshonoree-votant-resolution-de-lunesco/

[3] http://www.crif.org/fr/actualites/r%C3%A9solution-unesco-du-16-avril-le-dr-francis-weill-%C3%A9crit-au-pr%C3%A9fet-du-doubs-repr%C3%A9sentant-du-gouvernement/60500

[4] http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/05/02/31002-20160502ARTFIG00135-quand-une-resolution-de-l-unesco-reecrit-l-histoire-de-jerusalem.php

[5] http://www.dreuz.info/2015/12/01/quand-le-liban-chretien-aimait-israel/

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