Il y a quatre ans la petite Myriam Monsonego était assassinée par Mohammed Merah...
Par Michel AYMERICH
Trois militaires à Montauban, puis quatre français juifs, dont trois enfants et un enseignant à Toulouse, sont massacrés en mars 2012. Ces drames indignèrent beaucoup, quoique pas à la mesure de leur signification profonde. En moi, ils suscitèrent une révolte qui demeure inextinguible. Ces enfants et leur enseignant ont été les victimes d'une haine qui relève de l'antisémitisme exterminateur. Un projet qui s'apparente à celui des nazis. La différence, ici, est dans l'accès aux moyens. Pas dans une intention moindre.
L'image lancinante reconstituée mentalement de la petite Myriam Monsonego abattue sauvagement au nom de la haine absolue du Juif me poursuit particulièrement. Cet assassinat particulièrement abominable, parce-que parfaitement intentionnel, demeure inoubliable par son caractère d'abomination absolue. La petite Myriam ne devait pas pouvoir s'échapper, comme l'avait pu la jeune Shosanna dans le film Inglourious Basterds de Quentin Tarantino... Shosanna devait être assassinée parce-que Juive, mais elle a fuit et s'est vengée. Au cinéma...
La petite Myriam, elle, a été réellement exterminée et son assassin n'avait pas l'apparence « aryenne » de l'acteur Christoph Waltz.
Planifier de massacrer des enfants juifs parce-que Juifs relève d'une volonté d'extermination transfrontalière, internationale. Les Juifs où qu'ils soient et quels que soient leur sexe et leur âge doivent être anéantis selon l'idéologie qui présida à cette action. C'est ce qui se dégage de la tuerie de l'école juive Ozar Hatorah du 19 mars 2012, particulièrement à la lumière de l'acte d'une sauvagerie inouïe à l'encontre de la petite Myriam.
Rappelons-le, la fillette de 8 ans, témoin de l'assassinat des frères Arieh (3 ans) et Gabriel (6 ans), ainsi que de leur père Jonathan (30 ans) qui essayait de les protéger, avait essayé, consciente du danger, d'échapper au massacre. Mais son bourreau l'avait poursuivie jusque dans la cour de l'école, l'avait attrapée par les cheveux et l'avait assassinée d'une balle dans la tête ! Le tueur avait reproduit à l'échelle artisanale le mécanisme de la Shoah par balles !
Lors d'un discours, Robert Badinter le reconnut :
« Ainsi, survivants des années noires de l’Occupation, nous avons vu réapparaître avec horreur en France le visage sanglant de l’antisémitisme. Car quand Mohammed Merah, dans le lycée juif de Toulouse, poursuit une petite fille de 7 ans qui tente de s’enfuir, l’empoigne par les cheveux et lui loge à bout portant une balle dans la tête, il réitère les gestes des SS des « Einsatzgruppen » liquidant les juifs dans les ghettos de l’Europe occupée. Quand on tue ainsi un enfant, parce qu’il est né juif, qu’est-ce donc, sinon le pire des crimes antisémites ? En réalisant leurs forfaits, ces assassins commettent aussi la pire offense à la religion musulmane dont ils osent se réclamer et qui est selon les théologiens musulmans source de paix.
« La vérité est simple : ce sont des barbares comme leurs prédécesseurs nazis qui opéraient ici il y a soixante-douze ans, animés de la même haine antisémite, et qui ont assassiné des millions de juifs [...] » [1]
Le nom de Mohammed Merah est dorénavant associé à ce qu'on appelle le nouvel antisémitisme. « Nouveau » en France pour le différencier du « classique ». Celui de l'extrême-droite fasciste, européenne ou occidentale. Merah, lui, a massacré au nom de l'antisionisme et... du djihad.
Vladimir Jankélévitch écrivait « L’antisionisme est actuellement l’alibi [de l’antisémitisme] le plus redoutable, son camouflage le plus dangereux. C’est l’aubaine inespérée, l’introuvable prétexte, la motivation providentielle ! Avoir le droit et même le devoir d’haïr les Juifs dans l’incarnation que représente et résume Israël, il fallait y penser : il permet de rassembler, de justifier tous les instincts nazis, et (ce qui est un comble) leur donne une légitimation « démocratique ». Persécuter les Juifs au nom des peuples opprimés : qui dit mieux ? »[2]
Vladimir Jankélévitch aurait dû écrire : au nom d'un « peuple opprimé », mais aborder ce sujet maintenant de la double fiction d'un « peuple » qui plus est « opprimé » par les « sionistes » nous écarterait du sujet [3].
L'islam radical, dit islamisme ou islam politique, précède de plusieurs siècles « l'antisionisme ». L'antisémitisme musulman ou plus exactement l'anti-hébraisme et sa haine du Juif sont à la racine de l'antisionisme et non l'inverse. Il a 1400 ans d'âge !
Dans sa charte, le Hamas ne s'en cache pas :
« Si les maillons ont été éloignés les uns des autres et les obstacles mis par les valets du sionisme sur la route des combattants, le Mouvement de la Résistance Islamique aspire à la réalisation de la promesse d'Allah, quelque que soit le temps que cela prendra. Le Prophète, qu'Allah le bénisse, a dit: " Le Jour du Jugement dernier ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les juifs, quand les juifs se cacheront derrière les rochers et les arbres. Les rochers et les arbres diront, O Musulmans, O Abdallah, il y a un juif derrière moi, vient le tuer. Seul l'arbre du Gharkad ne le dira pas, parce que c'est un arbre des juifs [Souligné par moi, M. A.] " (rapporté par Boukhari et Moslem). »[4]
On avait oublié et volontairement « ignoré » dans les hautes sphères qu'il existe une hostilité bien réelle, une hostilité fondamentale aux Juifs en « terre d'islam ». Et ce depuis l'imposition de cette religion qui est à bien des égards une idéologie politique de conquête du pouvoir par des moyens religieux. En ce sens, l'islam ne se laisse pas résumer à une religion égale aux autres et encore moins au judaïsme non prosélyte.
L'islam est un programme, un ordre indiscutable donné aux vrais croyants d’œuvrer à sa victoire partout dans le monde. Il n'accorde pas de place à durée indéterminée aux autres religions « du livre ». Son rapport à ces religions est souvent une question d'opportunité, plus précisément de rapports de forces. Juifs et Chrétiens quand ils n'étaient pas massivement massacrés ne devaient au mieux être tolérés que pour une période transitoire. En tant que dhimmis... Donc, pas de place pour les apostats ! Pas de place pour les athées ! Pas de place pour les polythéistes ! Pas de place pour les animistes ! Les Papous, les Indiens d'Amazonie, les Bushmen, les Andamais et tant d'autres sont voués à disparaître biologiquement ou contraints à se convertir. En fait de conversions, l'histoire démontre que les hommes qui ne peuvent devenir des dhimmis sont massacrés, les femmes et les enfants kidnappés et mis en esclavage. Leurs enfants ensuite éduqués dans la religion islamique.
Nous avons fermé les yeux sur le tragique sort des Noubas de Kau, victimes de l'islamisation au Soudan. Nous continuons de les fermer sur le sort actuel des Papous, victimes du régime indonésien. Nombreux sont ceux qui fermant les yeux sur le sort moderne de ces peuples appelleront à signer telle ou telle pétition demandant à ce que l'on reconnaisse le génocide des Amérindiens...

Nous avons oublié ou volontairement ignoré que le nazisme ne fut pas et n'est pas uniquement germanique. Il y a eu des SS français. Leur existence est mal connue par le plus grand nombre. Mais ce dernier ignore plus encore qu'il y eut aussi des SS musulmans ! Ceux par exemple de la 13e division de montagne de la Waffen-SS Handschar, presque entièrement composée de Bosniaques. Amin al-Husseini, le Grand Mufti de Jérusalem, était l'allié de Hitler et de Himmler. Il aida à mettre sur pieds les divisions SS musulmanes.
La philosophe Hannah Arendt releva au cours du procès Eichmann que « les connexions du Grand Mufti avec les nazis étaient de notoriété publique, parce qu'il espérait qu’elles l’aideraient à exécuter une variante de la Solution Finale au Proche-Orient » [5]. Ce criminel de guerre échappera pourtant au procès de Nuremberg et la France où il avait été transféré refusera d'accéder aux demandes d’extradition de la Grande-Bretagne et de la Yougoslavie.
Dans le passé, tous les chasseurs de Shosanna n'avaient donc déjà pas la seule apparence « aryenne » de Christoph Waltz. En France, au plus tard depuis le 19 mars 2012, tout un chacun peut constater que les tueurs des Shosanna ressemblent dorénavant dans leur écrasante majorité à des Mohamed Merah. Ils ne ressemblent plus à des « aryens » blonds aux yeux bleus, sauf au cinéma!
Le « 19 mars 2012, au plus tard », car il a fallu une amnésie volontaire pour taire l'existence en France de la Légion nord-africaine, appelée également Brigade nord-africaine qui s’était illustrée par ses innombrables exactions et massacres pendant la seconde guerre mondiale, aux côtés des SS. En août 1944, son co-fondateur Mohamed El Maadi, d'origine algérienne comme Mohammed Merah, ira se réfugier avec son épouse en Allemagne et sera accueilli par le Grand Mufti.
Les intérêts économiques et diplomatiques « français » dans les pays à majorité musulmane expliquent que dans les films et la littérature l'antisémite est -et doit l'être- toujours blond aux yeux bleus. Comme l'esclave d'ailleurs doit toujours être d'origine noire africaine et objet du seul trafic transatlantique. Il ne doit pas être blanc ou noir et victime de l'esclavage arabo-musulman. Pour combien de temps encore?
Maintenant, nous nous éveillons. Réveil tardif. Réveil douloureux. Réveil de visions sanglantes que l'actualité ne permet plus d'ignorer...
Notes
[1] Robert Badinter : « Ne tolérons plus l’antisémitisme, 72 ans après l’occupation»: http://www.lemondejuif.info/2015/02/robert-badinter-ne-tolerons-plus-lantisemitisme-72-ans-apres-loccupation/
[2]Vladimir Jankélévitch, L’esprit de résistance, Textes inédits, 1943-1983, Albin Michel, p. 153.
[3] Il s'agit plutôt d'arabo-musulmans dits de « Palestine » qui peuvent en fait être originaires de descendants d'immigrants de Syrie, d’Égypte ou de tout autre pays islamisé. Des arabo-musulmans instrumentalisés (comme l'ont été les masses allemandes) par des partis plus ou moins ouvertement islamo-fascistes...Qui plus est des descendants d'immigrés qui n'avaient pu passer que 2 ans (deux ans!!!) en Palestine avant d'avoir dans leur grande majorité choisi de partir pour laisser le champ libre aux armées arabo-musulmanes qui avaient promis de détruire l’État hébreu ! Selon l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East), agence créée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1949: « Un réfugié palestinien est une personne dont le lieu de résidence normal était la Palestine, pendant au moins deux ans avant le conflit de 1948 et qui, en conséquence de ce conflit, a perdu à la fois son foyer et ses moyens d’existence et a trouvé refuge dans l’un des pays où l’UNRWA apporte de l’assistance. Les réfugiés répondant à cette définition et leurs descendants directs ont droit à une aide de l’Agence s’ils sont enregistrés auprès de l’UNRWA, vivent dans la zone d’activités de l’UNRWA, et sont dans le besoin. » Voir : https://www.cairn.info/revue-pardes-2003-1-page-343.htm
[4] Charte du Hamas
[5] Netanyahu et le Grand Mufti: https://blogs.mediapart.fr/daniel-horowitz/blog/251015/netanyahu-et-le-grand-mufti